Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. Descartes
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«
Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée.
Descartes
Par cette phrase débute la première partie du Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la
vérité dans les sciences (1637) du philosophe français René Descartes (1596-1650).
Ce que Descartes entend entreprendre dans son Discours de la méthode, il en donne le sens dans la première
partie de son ouvrage.
Comme il l'écrit, il s'agit pour lui de représenter sa vie « comme en un tableau afin que
chacun en puisse juger ».
Histoire d'une vie ou plutôt histoire d'un esprit, car l'ambition véritable de Descartes est
de témoigner de la manière qu'il a choisie de conduire sa raison, sans proposer celle-ci comme un modèle absolu.
Il
l'explique de manière claire dans ces lignes :
« Ainsi mon dessein n'est pas d'enseigner ici la méthode que chacun doit suivre pour bien conduire sa raison, mais
seulement de faire voir en quelle sorte j'ai tâché de conduire la mienne.
Ceux qui se mêlent de donner des préceptes
se doivent estimer plus habiles que ceux auxquels ils les donnent; et s'ils manquent en la moindre chose, ils en sont
blâmables.
Mais ne proposant cet écrit que comme une histoire, ou, si vous l'aimez mieux, que comme une fable, en
laquelle parmi quelques exemples qu'on peut imiter, on en trouvera peut-être aussi plusieurs autres qu'on aura raison
de ne pas suivre, j'espère qu'il sera utile à quelques-uns, sans être nuisible à personne, et que tous me sauront gré
de ma franchise.
»
Le ton, s'il est ferme, on le voit, est modeste.
Descartes se défend de se proposer comme un modèle absolu.
Il cherche simplement à faire partager ce qui est sa méthode.
Cette modestie et cette ambition à la fois, les toutes
premières lignes de la première partie permettent d'en saisir le sens.
Descartes y écrit :
«Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux mêmes
qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils n'en ont.
En
quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger, et
distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement
égale en tous les hommes; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus
raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne
considérons pas les mêmes choses.
Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer
bien.
»
Qu'est-ce tout d'abord que le « bon sens »? Il convient de ne pas se méprendre sur ce point.
Il ne s'agit pas de
l'opinion courante, de la « doxa » contre laquelle la philosophie doit combattre.
Descartes nous donne lui-même de
ce « bon sens » la définition.
Il est la capacité de «distinguer le vrai d'avec le faux».
Il est ce que d'ordinaire on
nomme la raison.
Ce qu'affirme donc Descartes, c'est que la raison appartient à tous les hommes; elle est égale chez tous.
Et
d'ailleurs, fait remarquer avec ironie Descartes, il n'est personne qui s'en reconnaisse privé.
D'où vient alors cette
différence entre les hommes qu'on ne peut que constater et qui se marque dans la diversité de leurs opinions? Non
pas d'une quelconque inégalité de leur esprit, mais de ce que cet esprit, les hommes l'utilisent de manière plus ou
moins adaptée.
D'où l'utilité de la méthode que Descartes vient leur proposer..
»
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