Le besoin de justice n'exprime-t-il que la jalousie des déshérités ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
BESOIN: Ce qui est nécessaire à l'existence, à la conservation ou au développement d'un être vivant.
En dehors des besoins strictement vitaux (boire, manger, dormir), on peut identifier chez l'homme des besoins
spirituels et moraux (aimer, être aimé, être reconnu, etc.) dont semble dépendre son épanouissement.
JUSTICE:
a) Juste reconnaissance du mérite et des droits de chacun.
b) Caractère de ce qui est conforme au droit positif (légal) ou au droit naturel (légitime).
ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION
• Méditer ce texte de Platon (qui ne représente d'ailleurs pas sa position, mais peu importe ici).
« La loi est faite par les faibles et par le grand nombre.
C'est donc par rapport à eux-mêmes et en vue de leur
intérêt personnel qu'ils font la loi et qu'ils décident de l'éloge et du blâme.
Pour effrayer les plus farts, les plus
capables de l'emporter sur eux, et pour les empêcher de l'emporter en effet, ils racontent que toute supériorité est
laide et injuste, et que l'injustice consiste essentiellement à vouloir s'élever au-dessus des autres : quant à eux, il
leur suffit, j'imagine, d'être au niveau des autres, sans les valoir.
Voilà pourquoi la loi déclare injuste et laide toute tentative pour dépasser le niveau commun, et c'est cela qu'on
appelle l'injustice.
Mais la nature elle-même, selon moi, nous prouve qu'en bonne justice celui qui vaut plus doit
l'emporter sur celui qui vaut moins, le capable sur l'incapable.
Elle nous montre partout, chez les animaux, et chez
l'homme, dans les cités et les familles, qu'il en est bien ainsi,que la marque du juste, c'est la domination du puissant
sur le faible et sa supériorité admise.
»
• Méditer ce texte de Freud: « La vie en commun ne devient possible que lorsqu'une pluralité parvient à former un
groupement plus puissant que ne l'est lui-même chacun de ses membres, et à maintenir une forte cohésion en face
de tout individu pris en particulier.
La puissance de cette communauté en tant que « Droit » s'oppose alors à celle
de l'individu, flétrie du nom de force brutale.
En opérant cette substitution de la puissance collective à la force
individuelle, la civilisation fait un pas décisif.
Son caractère essentiel réside en ceci que les membres de la
communauté limitent leurs possibilités de plaisir alors que l'individu isolé ignorait toute restriction de se genre.
Ainsi
donc la première exigence culturelle est celle de la « justice », c'est-à-dire l'assurance que l'ordre légal désormais
établi ne sera jamais violé au profit d'un seul.
»
• Consulter la « Généalogie de la morale » de Nietzsche.
• Ne pas oublier que le libellé exact du sujet est :
« Le besoin de justice n'exprime-t-il que la jalousie des déshérités ? »
• Qu'entendre par « déshérités » ?
— « Pauvres » ?
— « Misérables » ?
— « Faibles » ?
— « Exploités» ?
Introduction.
• La question de l'origine et du fondement du besoin de justice est rarement abordée de façon neutre.
• Qui parle? Qui a intérêt à disqualifier la justice ? Quelle idée de la société( est à l'oeuvre dans telle ou telle
conception de la justice?
• Que certains réduisent le besoin de justice à l'expression d'une sorte de ressentiment, que d'autres y voient le
fondement d'une revendication légitime intéressant tout homme, est très significatif.
Quels ressorts sont en jeu dans
les positions des uns et des autres ?
« Le besoin de justice n'exprime-t-il que la jalousie des déshérités ? »
Première partie : analyse du sujet et mise en place du problème.
• Implications et présupposés de l'énoncé : il s'agit de se prononcer sur l'origine du besoin de justice mais aussi sur
son fondement.
La question propose de mettre à l'épreuve une opinion qui, sous prétexte d'une explication
génétique du besoin de justice, le réduit à une réaction psychologique de compensation ou de désir de vengeance.
Le désir de vengeance et le ressentiment
Cette tension de la vie pour se surmonter elle-même sous la forme de la volonté de puissance peut-elle aller à l'infini
? Une ascension infinie n'est pas possible parce que la volonté vient se heurter au temps : la volonté de puissance
vient achopper sur l'essence du temps comme sur sa limite.
Elle peut bien vouloir l'avenir mais non pas le passé.
Si
l'avenir est le domaine qui lui est ouvert, le passé semble lui échapper pour toujours : « En arrière ne peut vouloir la
volonté.
»
La volonté ne peut vouloir en arrière que sous les formes morbides du désir de vengeance et du ressentiment.
Cette
volonté réactive ne veut pas simplement abolir ou annuler ceci ou cela, c'est contre le devenir lui-même dans ce.
»
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