Le beau peut-il ne pas plaire ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
BEAU - BEAUTÉ (adj.
et n.
m.) 1.
— Norme permettant le jugement esthétique ; cf.
valeur.
2.
— Sens concret :
objet du jugement esthétique ; ce qui provoque une émotion esthétique par l'harmonie des formes, l'équilibre des
proportions.
3.
— (Par ext.) Ce qui suscite une idée de noblesse, de supériorité morale (un beau geste).
4.
— Pour
KANT, le jugement de goût ne détermine pas son objet en le pensant sous un concept universel, puisqu'il porte
toujours sur un cas particulier ; c'est un jugement réfléchissant dont l'universalité réside dans l'accord des sujets ;
c'est pourquoi le beau est défini comme « ce qui plaît universellement sans concept » ; « la beauté est la forme de
la finalité d'un objet en tant qu'elle est perçue en lui sans représentation d'une fin.
»
Introduction & Problématique
On présente souvent l'expérience de la beauté comme le plus universel des sentiments humains, transcendant les
frontières culturels, géographiques, historiques.
Un tableau de Léonard de Vinci n'est-il pas beau toutes époques
confondues ? N'appartient-il pas à ces chef-d'oeuvres universels ? Mais cette universalité, qu'on présente en
général comme ancrée dans la nature même de l'homme, peut-elle connaître des failles ? Le beau peut-il ne pas
plaire ?
Nous rappellerons tout d'abord les raisons qui plaident en faveur de l'universalité totale de l'expérience de la beauté;
puis nous examinerons la dimension temporelle de cette expérience, avant de réfléchir sur le cas plus particulier de
beau transmis par l'art, qui influe beaucoup sur la représentation qu'on peut avoir de l'universalité du goût.
Première partie: le beau plaît universellement.
Dans la "Critique de la faculté de juger", Kant donne une définition du beau
qui en fait un sentiment universel: par nature, le beau plaît à tous.
Le beau est tout d'abord distinct de l'agréable qui est un pur contentement
des sens et dépend donc de chaque individu.
Le beau, au contraire,
n'accompagne pas la consommation mais résulte de la contemplation.
Le
jugement de goût est "désintéressé".
Le jugement de goût ne dépend pas de la connaissance préalable de règles,
comme le jugement sur la vérité.
Notre expérience de la beauté n'est pas la
conclusion d'un raisonnement qui demanderait une intelligence particulière.
Si le beau ne peut pas ne pas plaire, selon Kant, c'est qu'il résulte du libre
jeu de nos facultés, émues par le spectacle de l'harmonie et de la régularité.
L'imagination joue à l'infini entre la sensibilité et l'intelligence: c'est pourquoi
nous ne nous lassons pas du beau comme nous nous lassons de l'agréable.
Un cours sur l'ART pour approfondir ces premières remarques.
Au début de la " Critique du jugement " Kant propose quatre définitions du
beau qui définissent le plaisir éprouvé et partent donc du sujet et non de
l'objet.
· Première définition : " Est beau l'objet d'une satisfaction désintéressée ".
La satisfaction est désintéressée, ce qui signifie que nous ne pouvons l'éprouver que si nous sommes dans un
certain état d'esprit par rapport à l'objet.
Kant ne veut pas dire que la beauté ne nous intéresse pas, que nous
sommes indifférents mais que le plaisir esthétique naît lorsque nous n'avons pas le souci de l'utilité (celui qui va en
mer dans le seul but de pêcher, qui porte sur elle un regard de technicien, n'éprouvera pas de plaisir esthétique), de
l'agréable ( celui qui porte un regard lubrique sur un Nu, éprouve une satisfaction charnelle qui est d'un autre ordre
que la satisfaction esthétique), du bien ( celui qui apprécie une oeuvre engagée en raison de son caractère moral,
éprouve une satisfaction morale qui n'est pas esthétique).
Le beau n'est ni l'agréable ni le Bien.
Certes une
satisfaction peut être morale et esthétique, les deux ne s'excluent pas mais en tant qu'esthétique, elle n'est pas
morale.
A l'encontre de Platon, Boileau, Hegel, Kant affirme que le beau n'est pas le vrai.
Mais il n'est pas non plus le
pur sensible puisque le beau ne se réduit pas à l'agréable bien que satisfaction esthétique et sensuelle ne s'excluent
pas.
Et de cela Hume ne peut rendre compte.
De même qu'une oeuvre d'art immorale peut être belle, de même, peut
l'être une oeuvre désagréable, qui nous déchire et bouleverse.
Et inversement, une musique agréable (par les
sonorités, le passé qu'elle évoque) n'est pas belle pour autant bien que nous ayons tendance à confondre beauté et
agrément.
Par conséquent, le plaisir esthétique est le seul plaisir libre.
Il n'est pas l'effet de la satisfaction de
quelque chose, du besoin du corps ou d'une impératif de la raison.
Libre parce que désintéressé.
· Deuxième définition : " Est beau ce qui plaît universellement sans concept ".
RAPPEL: JUGEMENT RÉFLÉCHISSANT ET JUGEMENT DÉTERMINANT
Le jugement déterminant part de l'universel pour l'appliquer au particulier.
A l'inverse du jugement réfléchissant qui.
»
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