Le beau est-il seulement l'objet d'une perception ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
SEULEMENT:
* Sans rien ou personne de plus que ceux qui sont indiqués : Il est resté deux jours seulement.
* À l'exclusion de toute autre chose : J'ai fait cela seulement pour lui rendre service.
* Marque l'opposition, la restriction : Je voudrais bien y aller, seulement je n'ai pas le temps.
OBJET (n.
m., étym.
: latin ob-jectum : ce qui est placé devant ; chose).
1.
— Tout ce qui est présenté par la
perception, avec un caractère stable et indépendant du sujet (objet externe) ; pour la phénoménologie, l'objet est
déterminé par la visée de la conscience (cf.
sens 3).
2.
— Tout ce qui se présente à un sujet, s'offre à la pensée,
et qui est distinct de l'acte de représentation ou du sentiment (donc du sujet), c.-à-d.
aussi bien le percept,
l'image, l'idée, que l'objet externe ou la personne aimée.
3.
— Le but qu'on se propose d'atteindre (cf.
un objectif).
BEAU - BEAUTÉ (adj.
et n.
m.) 1.
— Norme permettant le jugement esthétique ; cf.
valeur.
2.
— Sens concret :
objet du jugement esthétique ; ce qui provoque une émotion esthétique par l'harmonie des formes, l'équilibre des
proportions.
3.
— (Par ext.) Ce qui suscite une idée de noblesse, de supériorité morale (un beau geste).
4.
— Pour
KANT, le jugement de goût ne détermine pas son objet en le pensant sous un concept universel, puisqu'il porte
toujours sur un cas particulier ; c'est un jugement réfléchissant dont l'universalité réside dans l'accord des sujets ;
c'est pourquoi le beau est défini comme « ce qui plaît universellement sans concept » ; « la beauté est la forme de
la finalité d'un objet en tant qu'elle est perçue en lui sans représentation d'une fin.
»
Perception: Du latin percipere, saisir par les sens, recueillir, comprendre.
Faculté par laquelle le moi se forme, à
partir de ses sensations, une représentation unifiée des objets extérieurs à lui.
On parle couramment de beaux tableaux ou de belles mélodies ; il paraît évident que c'est pour les avoir vues ou
entendues que nous pouvons en juger.
Pourtant, le beau n'est pas objectivement perceptible comme le sont les
lignes et les couleurs, les timbres et les tempi.
C'est en quelque sorte à travers la perception de l'objet que nous
atteignons sa beauté : nous nous attardons auprès de lui non pour le connaître, mais pour nous laisser pénétrer
d'une sorte de tonalité globale d'où ressort finalement une impression de beauté.
Est-elle « dans » l'objet comme
une qualité perceptible ? De quelle forme de présence nous entretient-elle ? Que nous apprend-elle sur notre
participation au monde ?
La recherche objective du beau.
La satisfaction qui est attachée au sentiment de beauté est indissociable de l'acte du percevoir sensible : les
activités de l'intellect abstrait (les mathématiques) ou la consommation (qui détruit son objet) s'en approchent
parfois, et pourtant ne sauraient offrir qu'une expérience tronquée de la beauté.
La perception se tient à distance
de son objet, et pourtant elle le fait sien, elle le juge et peut s'y complaire.
Il y a un ajustement et une justesse
propre à la perception qui fait apparaître l'objet comme tel, en dessine les contours et en synthétise les propriétés.
Aristote la définit comme faculté de recevoir les formes sensibles sans la matière (De l'âme, 424 a 18) : « percevoir
» n'est pas « se remplir de », comme dans un vulgaire processus physique, percevoir la chaleur est autre chose que
subir un échauffement.
Le « percevoir » est un acte sans genèse, qui forme un tout instantané (en grec, soulignet-il, on peut dire, de manière interchangeable « il perçoit » ou « il a perçu » ; en français aussi, d'ailleurs, « j'ai vu »
peut remplacer « je vois »).
« L'acte de la vision est parfait à n'importe quel moment de sa durée (car il n'a besoin
d'aucun complément qui surviendrait plus tard et achèverait sa forme).
» La perception comporte en elle-même sa
finition.
Cependant, les objets beaux semblent avoir des qualités qui les distinguent : une sorte de vigueur qui ne saurait
manquer d'apparaître au regard (ou à l'écoute), une sorte de complétude qui les signale à l'attention, et qui nous
saisit en leur faveur.
Ce qui importe, c'est la réalisation d'un objet dont l'unicité soit irrécusable et qui soit ordonné
d'une manière qui convienne, non pour des raisons qui lui sont extérieures, mais en fonction de son harmonie propre.
Ainsi, saint Augustin définit-il le beau (pulchrum) comme « ce qui convient par soi-même », et l'adapté (aptum)
comme « ce qui convient par son ajustement à quelque chose » (Confessions, 4, 15, 24).
Mais la simple symétrie, la
géométrisation, les contrastes, etc., ne séduisent vraiment qu'aussi longtemps qu'on ne les a pas remarqués, et ne
participent à une véritable harmonie que si se mêle à l'ordre qu'ils établissent une certaine forme de désordre, un jene-sais-quoi qui rend leur présence non moins perceptible, mais moins identifiable.
La beauté de l'objet est sans
mesure : lutte du matériel et du formel qui, en musique ou en peinture, s'essaye aux dissonances.
C'est pourquoi le travail d'un artiste ne peut jamais consister purement et simplement en la mise en oeuvre d'un
programme fixé au départ, ni en l'exécution d'une idée venue par inspiration.
Si ce devait être le cas, l'idée plairait
beaucoup plus en elle-même que la chose qui serait faite sur son modèle et en qui l'on apercevrait plutôt les défauts
! Au contraire, il n'y a vraiment de beauté que si l'on a besoin de voir la chose non seulement pour s'en aviser, mais
aussi pour continuer d'en jouir.
Cette aventure est premièrement l'affaire de l'artiste.
Pensons « au travail du peintre
de portrait ; il est clair qu'il ne peut avoir le projet de toutes les couleurs qu'il exploitera à l'oeuvre qu'il commence ;
l'idée lui vient à mesure qu'il fait ; il serait même plus rigoureux de dire que l'idée lui vient ensuite, comme au
spectateur, et qu'il est spectateur aussi de son oeuvre en train de naître » (Alain, Système des beaux-arts).
Il y a
donc une passivité de l'artiste et réciproquement une activité du spectateur qui entrent en conjonction dans le
mystère de l'oeuvre..
»
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