Le beau conduit-il au bien ?
Extrait du document
«
[Pour Platon, il n'y a pas de différence entre
le beau et le bien.
Le beau est l'une des formes du bien.
La vue de la beauté fait naître le désir de contempler le beau
en soi et de se tourner vers le monde des Idées.]
Les Grecs ne distinguait pas le beau du bien
Les Grecs utilisent un seul terme pour désigner ces deux notions: la kalokagathia, la «bonté beauté».
Pour ce
peuple d'esthètes, le beau est l'une des formes sensibles du bien.
La beauté du corps humain reflète la Beauté
idéale qui «séjourne» dans le monde des Idées.
D'où l'importance du corps idéalisé dans leurs oeuvres
artistiques, et notamment dans leur statuaire.
Le beau permet d'accéder à l'intelligible
Dans l'Hippias majeur, Socrate pose à Hippias la question : Qu'est-ce que le beau ? » Hippias confond la
question avec : « Qu'est-ce qui est beau ? », répondant que le beau, c'est une belle fille, un beau cheval...
Tout ce qui est beau a en soi le même beau ; c'est cette idée du beau, du pieux, de la vertu, etc., que
Socrate recherche, afin de s'en servir comme critère de tout ce qui est beau, pieux, vertueux, et de ne pas
qualifier de tel ce qui ne l'est pas.
Ainsi, pour Platon, la beauté constitue-t-elle comme la «porte d'entrée» du
monde intelligible, où le philosophe pourra contempler, en s'élevant par degrés, le beau, le bien et le vrai.
La beauté est un attribut de Dieu
Plotin a fait la synthèse de la philosophie grecque et de la mystique chrétienne.
Pour lui, la source de toute
bonté et de toute beauté est Dieu.
Beauté, bonté, vérité sont donc des attributs divins.
Les trois Idées
platoniciennes se fondent en une seule entité.
Pour le mystique, la beauté permet d'accéder à Dieu, et donc
aussi au bien.
« Comment les beautés de là-haut et celles d'ici sont-elles les unes et les autres des beautés ? C'est
disons-nous parce qu'elles participent à une idée.
Car toute chose privée de forme et destinée à
recevoir une forme et une idée reste laide et étrangère à la raison divine tant qu'elle n'a part ni à une
raison ni à une forme ; et c'est là l'absolue laideur.
L'idée ordonne en les combinant les parties
multiples dont un être est fait ; elle les réduit en un tout convergent et crée l'unité en les accordant
entre elles, parce qu'elle même est une et parce que l'être informé par elle doit être un autant qu'une
chose composée de plusieurs parties peut l'être.
» (Plotin, Ennéades I, 6, § 2, Du Beau.)
a) Présentation du texte
L'oeuvre de Plotin (ses cours pris à la dictée par son disciple Porphyre et publiés) comprend 54 traités qui sont
réunis en six Ennéades, c'est-à-dire groupes de neuf traités.
Notre texte, extrait du sixième traité de la
première Ennéade, Du Beau, nous donne le thème essentiel de l'esthétique plotinienne.
Il ne peut se
comprendre pleinement qu'à partir de l'oeuvre de Platon, d'Aristote, des stoïciens dont Plotin fait une synthèse
personnelle.
(N'oubliez pas que Plotin, 204-269, enseigne au troisième siècle après Jésus-Christ.)
b) Commentaire détaillé
...
Les beautés de là-haut et celles d'ici...
L'opposition de l'ici et du là-haut est un thème fondamental de la
philosophie plotinienne.
Pour Plotin la source suprême de l'Être, l'un ineffable, se répand de lui-même,
engendre d'autres êtres, se dégrade finalement dans les ténèbres de la matière, du multiple.
Pourtant, lorsque
l'un s'est dispersé, obscurci, abîmé dans le multiple, le multiple aspire à reconquérir l'unité, à s'éclairer et se
reposer en sa source sublime.
Au mouvement de procession (de là-haut jusqu'ici bas) répond l'élan de
conversion (d'ici-bas vers là-haut) par lequel l'âme, tombée dans le corps, obscurcie dans le mal va se
reprendre et tenter de s'élever jusqu'au principe originel.
Le monde d'ici-bas n'est pas totalement coupé des
principes du monde supérieur.
Il y a des beautés sensibles comme il y a des beautés intelligibles.
Les beautés
sensibles sont le reflet des beautés intelligibles.
Le monde supérieur est encore présent et déchiffrable dans la
beauté sensible d'un corps mortel.
...
Les beautés sont telles parce qu'elles participent à une idée.
L'architecture, dira magnifiquement Plotin au
paragraphe 3 de ce même traité, c'est ce qui reste de l'édifice, la pierre ôtée.
Si la maison est belle, « c'est.
»
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