L'autorité politique peut-elle limiter la liberté de pensée?
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«
Si la liberté de parler ou d'écrire peut nous être retirée par un pouvoir supérieur, nous avons communément
l'impression que la liberté de penser nous appartient, comme un socle indestructible, une expérience cruciale.
Pourtant c'est en communauté que nous pensons : d'autres nous communiquent leur pensée et nous leur
communiquons les nôtres.
La liberté de penser semble, en effet, avoir besoin d'une extériorisation ce qui laisse une
place à l'intervention de l'autorité politique.
L'autorité politique peut –elle limiter la liberté de penser ? Le statut de la liberté de penser est-il celui d'une
construction à partir de l'expérience ce qui laisserait un espace à l'autorité politique pour limiter la liberté de
penser ? Ou bien au contraire la liberté de penser est-elle une pure intellection, une expérience du vrai sur laquelle
seule les idées ont une influence ? La limitation de la liberté de penser est-elle davantage le fait d'une autorité
politique où des idéologies qui fondent les groupes socio politiques ?
I- Avec Kant, la liberté de penser apparaît menacer par des contraintes
externes : les tutelles religieuses et la censure politique.
Dans que signifie s'orienter dans la pensée Kant montre que la liberté de
penser est mise en danger par la contrainte civile.
En effet, penser c'est
chercher la vérité à partir de l'expérience.
Dès lors, la recherche de la vérité
ne s'élabore que dans une communication qu'elle soit entre deux personnes
vivantes ou entre un auteur par l'intermédiaire de son livre et son lecteur.
C'est Hume qui a sortit Kant de son « sommeil dogmatique », par exemple.
La
censure est ainsi un moyen pour l'autorité politique de limiter la liberté de
penser.
Cette limitation est possible par diverses moyens dès lors que la
pensée est considérer comme ce qui se construit dans une intersubjectivité
et la liberté de penser ce qui existe dans une intercommunicabilité.
II- Penser la liberté comme une indépendance du corps avec
l'idéalisme platonicien
Pour Socrate (Théétète 175 c-e) la liberté n'est pas politique.
Il opère une
analogie : le citoyen est à l'esclave ce que le philosophe est au citoyen.
La
seule liberté est celle de la pensée qui est une rupture avec toute contrainte
matérielle.
Il s'agit, par la réminiscence, de parvenir au désoubli et d'accéder
au monde intelligible, au monde des idées.
Aucune contrainte ne peut
empêcher à l'homme de savoir.
Cependant la difficulté est de parvenir à se libérer du despotisme des désirs et de
l'injustice de la cité.
La cité contraint l'individu notamment par son éducation juridico-politique, ce qui n'est pas en
soi un obstacle insurmontable.
III- Les idéologies sont des limitations de la liberté de penser
Si l'autorité politique peut être une contrainte notamment par la censure, elle
n'est donc pas un obstacle majeur à la liberté de penser ou même d'agir.
Ainsi
pour Marx, l'autorité politique comprise comme une domination socio
économique de fait et non uniquement comme une autorité de droit, est le
fruit de la domination d'une classe sociale.
Les rapports socio économiques
qui constituent les classes sociales déterminent également les idéologies.
Une
idéologie est une conception du monde généralement inconsciente véhiculée
dans une classe.
Ce sont véritablement les idéologies qui limitent la liberté de
penser, bien plus que l'autorité politique légitime.
L'homme, selon Marx (Contribution à la critique de l'économie politique), se
distingue des autres animaux par la production de ses propres moyens de
subsistance.
À la base de l'existence concrète de l'homme, il y a donc la
production.
C'est pourquoi l'homme en général, séparé, isolé, n'existe pas.
Il
n'existe que socialement, c'est-à-dire dans une société donnée, à un moment
de l'histoire, et entretenant avec les autres hommes des rapports qui sont le
résultat de la place qu'il occupe dans la production.
C'est dire du même coup que sa conscience, c'est-à-dire ses idées, les
représentations qu'il se fait du monde et de lui-même, ne sont pas
indépendantes de cette place qu'il occupe.
Elles sont, à leur tour, le produit des conditions d'existence de l'homme.
Ce que Marx appelle idéologie (Idéologie allemande) désigne alors la relation des idées et de la situation concrète de
l'homme.
Ce qui apparaît comme l'oeuvre libre de l'esprit, des systèmes philosophiques et religieux aux institutions
politiques et juridiques, est en fait déterminé par l'organisation sociale..
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