L'autorité en Éducation permet-elle l'acquisition des savoirs ?
Extrait du document
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Le terme éducation vient du latin educatio qui signifie formation de l'esprit.
Comme le dit Kant l'homme est "la seule
créature qui doive être éduquée", parce que justement son esprit et sa personne ne sont pas formés dès le départ,
modelés par l'instinct.
Il doit acquérir par la culture, ce que la nature ne lui a pas donné, ce qui lui manque pour
s'adapter au monde.
L'éducation vise donc à l'apprentissage d'un certain nombre de savoirs, de connaissances qui
s'opposent à la croyance et aux opinions et ont pour but de les faire disparaître.
L'autorité, en tant que pouvoir
d'une personne sur une autre, permet d'aiguiller l'enfant et de lui montrer la voie à suivre sur la route du savoir.
Pourtant l'autorité seule ne peut permettre à l'individu d'avancer dans la compréhension du monde.
Pour que les
connaissances ne soient pas lettres mortes, ne doit-on pas apprendre à l'enfant à penser par lui-même, à se faire
ses propres connaissances? Comment est-ce possible si son éducation est réglée par l'autorité et par des règles de
conduite imposées?
I.
L'autorité est nécessaire à tout savoir, elle arrache l'homme à ses opinions
Comme le dit le mythe de la caverne de Platon, les hommes ont besoin d'être éduquer et toute éducation demande
une sorte de violence.
Les opinions sont en effet rassurantes et souvent vécues comme la seule vérité.
Platon
montre que l'individu ne veut et ne peut pas par lui-même voir la vérité et exercer sa raison.
Il faut donc forcer les
individus à accomplir cette conversion qu'est l'éducation .
Pour Hegel, ce qui caractérise la pensée de la jeunesse est qu'elle n'est faite
que d'opinions : "La représentation originelle, propre, que la jeunesse a des
objets essentiels, est, pour une part, encore tout à fait indigente et vide, et,
pour une autre part, en son infiniment plus grande partie, elle n'est qu'opinion,
illusion, demi-pensée, pensée boiteuse et indéterminée."
Il faut donc détruire ses illusions, ses opinions et seul un individu extérieur,
ayant un pouvoir, peut amener à cette destruction.
Pour Kant, l'homme est entraîné par ses passions et doit se débarrasser de sa
sauvagerie pour ensuite apprendre des connaissances.
L'autorité est donc
nécessaire à l'éducation et en est le pendant négatif.
L'autorité donc permet à celui qui la détient de montrer à l'enfant le chemin à
suivre, lui apprend à bien se servir de sa raison au lieu de suivre ses passions.
II.
L'autorité empêche l'enfant de penser par lui-même et de
comprendre réellement le sens des savoirs
Pourtant, si l'autorité permet d'apprendre à l'enfant des savoirs, en le
contraignant à une discipline, cela n'assure pas que celui-ci intégrera ses
connaissances à son système de pensée.
Il y a une différence entre
connaître par coeur et savoir se servir de ses savoirs.
Le but de l'éducation est de favoriser l'épanouissement personnel de l'enfant,
lui donner envie de développer ses propres capacités et ses propres pensées.
Kant insiste bien dans Qu'est ce que les lumières, sur le fait qu'un homme dont la vie est prise en charge par
quelqu'un n'est pas un homme responsable et mature.
Si donc la liberté est la capacité de se déterminer, cela veut dire que l'éducation doit comporter le «faire soimême».
Pour Rousseau dans Émile, toute éducation doit être une auto-éducation et donc nécessairement indéfinie.
Dès lors que le sujet traverse une épreuve, c'est à lui de faire le travail d'appropriation et d'intégration du message.
III L'autorité doit viser à la liberté et à l'apprentissage de la raison
L'autorité ne pourra donc se justifier que si elle vise la liberté elle-même, si elle promeut son exercice, vise sa
réalisation.
Or, être libre, c'est être indépendant par rapport à ses penchants et être capable de se donner sa loi :
ne pas subordonner sa volonté à des conditions préalables auxquelles je m'ajuste.
Pour Hegel, l'éducation doit
apprendre à se défaire de la volonté immédiate.
Par l'apport de l'homme, par l'apprentissage de certaines règles, l'individu discipline ses penchants, maîtrise ses
pulsions donc se détache de ses déterminations.
Il y a un apprentissage de la maîtrise de soi qui nécessite certaines
contraintes et une autorité extérieure.
Mais celles-ci ne sont efficaces que si l'enfant les comprend et les assimile.
Une autorité, si elle veut fonctionner, doit se fonder sur une compétence précise et sur le respect.
Elle ne doit donc
pas être imposée sans raisons, mais bien plutôt faire l'objet d'une explication.
"Il faut lui prouver que la contrainte qu'on lui impose a pour but de lui apprendre à faire usage de sa propre liberté,
qu'on le cultive afin qu'il puisse un jour être libre, c'est à dire se passer du secours d'autrui." Kant.
L'autorité se définit donc par un pouvoir, par lequel on force l'enfant à se tourner vers l'éducation, l'apprentissage.
Parce qu'un individu ne peut lui-même apprendre à faire usage de sa raison.
Mais l'éducation doit laisser la place à
l'enfant d'éprouver soi-même le monde, de faire ses propres expériences.
pour bien assimiler les savoirs et les lier au
monde extérieure.
En lui évitant les erreurs, en lui dictant sa conduite dans les moindres détails, on l'empêche de se
faire ses propres jugements sur l'existence, de comprendre le réel sens des connaissances transmises.
L'éducation
doit donc apporter un minimum de discipline et d'autorité qui vise à apprendre à l'enfant à être libre, à se détacher
de ses passions premières et à se servir de sa raison pour juger lui-même des règles qu'on lui imposent.
Mais comme
pour tout autre domaine, si l'autorité est vécue comme illégitime et despotique, l'enfant se révoltera et n'acceptera.
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