L'ascétisme libère-t-il l'homme ?
Extrait du document
«
[L'ascétisme permet de s'affranchir de la douleur.
Or, la douleur, qu'elle soit physique ou morale, limite la liberté.
En tant qu'exercice de la raison, l'ascétisme conduit
à surmonter les désirs et les passions.]
La libération de soi passe par une ascèse
Diogène le Cynique a professé une philosophie pratique dont le but est de trouver satisfaction dans les seuls
plaisirs naturels.
Pour cela, la raison doit contraindre le corps à retourner à l'état de nature.
Il doit être
capable de parvenir à une complète autonomie, supporter les plus grandes douleurs.
Il faut l'entraîner.
Diogène se roulait dans le sable brûlant ou bien encore embrassait des statues couvertes de neige...
L'ascétisme permet de ne pas être l'esclave du destin
Grâce à l'ascèse, au contrôle de soi, l'on parvient à accepter les événements tels qu'ils arrivent, et non
comme l'on voudrait qu'ils arrivent.
Cette idée est défendue par Épictète.
Esclave d'un maître brutal qui, un
jour, soumit sa jambe à la torture, il lui dit en souriant: «Tu vas la casser.» La jambe une fois brisée, Épictète
déclara simplement: «Je te l'avais bien dit!»
La source de tout bien et de tout mal que nous pouvons éprouver réside strictement dans notre propre
volonté.
Nul autre que soi n'est maître de ce qui nous importe réellement, et nous n'avons pas à nous soucier
des choses sur lesquelles nous n'avons aucune prise et où d'autres sont les maîtres.
Les obstacles ou les
contraintes que nous rencontrons sont hors de nous, tandis qu'en nous résident certaines choses, qui nous
sont absolument propres, libres de toute contrainte et de tout obstacle, et sur lesquelles nul ne peut agir.
Il
s'agit dès lors de veiller sur ce bien propre, et de ne pas désirer celui des autres ; d'être fidèle et constant à
soi-même, ce que nul ne peut nous empêcher de faire.
Si chacun est ainsi l'artisan de son propre bonheur,
chacun est aussi l'artisan de son propre malheur en s'échappant de soi-même et en abandonnant son bien
propre, pour tenter de posséder le bien d'autrui.
Le malheur réside donc dans l'hétéronomie : lorsque nous
recevons de l'extérieur une loi à laquelle nous obéissons et nous soumettons.
Nul ne nous oblige à croire ce
que
l'on peut dire de nous, en bien ou en mal : car dans un cas nous devenons dépendants de la versatilité du
jugement d'autrui, dans l'autre nous finissons par donner plus de raison à autrui qu'à nous-mêmes.
Enfin, à
l'égard des opinions communes comme des théories des philosophes, ou même de nos propres opinions, il faut
savoir garder une distance identique à celle qui est requise dans l'habileté du jeu, c'est-à-dire qu'il faut savoir
cesser de jouer en temps voulu.
Dans toutes les affaires importantes de la vie, nul ne nous oblige en effet que
notre propre volonté.
La volonté doit dominer le corps
Le plus grand malheur de la conscience, c'est le corps.
Sans lui, l'homme serait parfaitement libre C'est
pourquoi, toute pratique ascétique, non seulement libère l'homme de ses besoins et de ses désirs, mais, en
plus, le conduit au bonheur, à la sérénité.
L'homme, par sa seule volonté, peut ignorer tous les maux qui
émanent de son corps.
LATON: [...] Le corps, qui gît dans un lieu visible et que nous appelons cadavre, bien qu'il soit
naturellement sujet à se dissoudre, à se désagréger et à s'évaporer, n'éprouve d'abord rien de tout cela et
reste comme il est assez longtemps, très longtemps même, si l'on meurt avec un corps en bon état et dans
une saison également favorable ; car, quand le corps est décharné et embaumé, comme on tait en Égypte, il
demeure presque entier durant un temps infini, et même quand il est pourri, certaines de ses parties, les os,
les tendons et tout ce qui est du même genre, sont néanmoins presque immortels.
N'est-ce pas vrai ?
- Si.
- Peut-on dès lors soutenir que l'âme, qui s'en va dans un lieu qui est, comme elle, noble, pur, invisible, chez
celui qui est vraiment l'Invisible, auprès d'un dieu sage et bon, lieu où tout à l'heure, s'il plaît à Dieu, mon âme
doit se rendre aussi, que l'âme, dis-je, pourvue de telles qualités et d'une telle nature, se dissipe à tous les
vents et périsse en sortant du corps, comme le disent la plupart des hommes ? Il s'en faut de beaucoup,
chers Cébés et Simmias ; voici plutôt ce qui arrive.
Si, en quittant le corps, elle est pure et n'entraîne rien du
corps avec elle, parce que pendant la vie elle n'avait avec lui aucune communication volontaire et qu'au
contraire elle le fuyait et se recueillait en elle-même, par un continuel exercice ; et l'âme qui s'exerce ainsi ne
fait pas autre chose que philosopher au vrai sens du mot et s'entraîner réellement à mourir aisément, ou bien.
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