L'artiste se situe-t-il nécessairement en marge de la société ?
Extrait du document
«
L'artiste par son statut particulier dans la société, son génie, son pouvoir créatif et d'autre part son statut
professionnel incertain qui l'oblige à vivre de commande, d'être protégé par un mécène peut le mettre en marge de
la société et du quotidien.
Aussi, ce statut, l'artiste ne l'a pas choisi, c'est la société qui l'a obligé à rester en
marge.
Il ne faut pas y voir une nécessité pour créer comme si de ce même statut pouvait naître un esprit créatif.
Il
n'y aurait pas de nécessité à ce que l'artiste reste dans un état proche de la misère.
1) La bohême ou l'artiste en marge de la société.
La notion de bohème fait partie de la petite histoire du romantisme ; le terme, qui apparaît pour la première fois dans
cette acception sous la plume de George Sand (La Dernière Aldini), s'applique, par analogie avec la vie errante et
vagabonde des Bohémiens, au mode de vie que menèrent la plupart des jeunes artistes et poètes parisiens de cette
période, ou aux individus eux-mêmes.
Ils se regroupaient volontiers pour conjurer l'isolement auquel les condamnait
une société d'autant plus réfractaire aux beautés de leur art qu'ils furent révolutionnaires — entendez romantiques
avec fureur.
Ces jeunes hommes ne séparèrent jamais leur art de leur vie.
De même qu'ils rejetèrent avec éclat les
formes vieillies et convenues du classicisme, de même les bohèmes affichèrent un anticonformisme agressif, par les
beuveries et les tapages nocturnes.
C'est la vie de bohème, pleine de fantaisie et de gaieté, avec des moments
grandioses de mystifications macabres, d'orgies et de beuveries.
Cette frénésie, qui correspond plus à un jeu
littéraire qu'à une réalité, traduit, cependant, leur immense appétit de vie, leur haine de la mesure et de la grisaille
des classiques.
Leur anticonformisme s'affiche par la singularité d'un costume volontiers médiévalisant et par une
surabondance de chevelure.
Épicuriens à leur manière, ils supportaient fièrement la pauvreté et avaient en
contrepartie le sens de la mort et le goût du macabre.
2) L'art marginal ? : l' exemple de l'art brut.
Il n'y a pas d'art psychopathologique ; l'aliénation – la « folie » – n'est en aucun cas le ressort de la création (sauf
à y intervenir à titre de cause occasionnelle, de facteur propre à favoriser, comme on le voit chez certains
schizophrènes, la rupture avec les normes culturelles, celles-là qui ont prise sur les couches les plus superficielles de
la psyché).
D'autre part, les productions de tels que la société exclut de son ordre (ou qui choisissent de s'en
exclure) témoignent, dans leur forme autant que dans leur référent, d'une variété, d'une capacité d'invention qui
étonne, ne présentant guère, en fait, de traits communs que la marque d'une égale différence, d'un écart
comparable par rapport à l'art établi.
Ces œuvres enfin, pour étrangères qu'elles soient au circuit institutionnel de la
production et de la consommation d'art, n'en possèdent pas moins un pouvoir d'attraction, une efficace d'autant
plus surprenante qu'elles ne sont pas destinées à l'usage d'autrui ; pas plus d'ailleurs qu'à celui de leur auteur, lequel
est généralement moins intéressé à leur conservation qu'à leur production, au procès de cette production, exclusif
de toute idée d'achèvement, voire de tout repentir, de toute correction en cours d'exécution.
3) L'artiste : un contestataire qui s'implique dans la société.
L'art moderne se donne un point de vue extérieur et une position critique à l'égard de toute culture de privilège : à
la fonction idéologique de l'art classique, elle tente de substituer une fonction de l'art qui soit réellement critique
dans l'ordre culturel des rapports sociaux.
L'art étant entré dans l'air de la consommation, l'art doit se démarquer de
la production industrielle.
Dès la fin du 19e siècle, l'art a eu pour fonction d'embellir les productions de l'industrie, l'
Art Nouveau précurseur du design a tenté de contrer le cours inéluctable du progrès technique.
La lutte contre
l'uniformisation, la standardisation se retrouve jusque dans le pop art des années 1960.
L'art contemporain tend à
faire tourner les regards vers des faits de société, vers les marges, et tend à la provocation.
Les happenings, l'art
corporel, l'art brut ont une charge de contestation importante.
C'est aussi l'idée de contre-culture qui s'est formé
autour de la Beat Generation, le rock, la culture hippie se place à l'opposé de la société de consommation.
Conclusion.
Dire qu'un artiste se situe en marge de la société ne veut pas dire qu'il totalement exclu de la société.
Etre situé
dans les marges de la société, permet certainement d'avoir un point de vue neuf sur celle-ci.
Aussi, on imagine mal
un artiste qui ne prendrait aucun recul par rapport à celle-ci, qui ne formulerait aucune critique, et formulerait
aucune vision de celle-ci.
L'artiste véritable se trouverait plutôt en marge, en avance sur l'opinion dominante qu'en
dehors de la société.
Le travail de l'artiste s'il ne veut pas être gratuit se doit de communiquer sur la réalité qui
l'entoure..
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