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L'artiste doit-il chercher à plaire ?

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« Analyse du sujet: * * * * "artiste": celui qui exprime, dans ses oeuvres, un idéal de beauté. "devoir": être dans l'obligation. "chercher": s'efforcer de. "plaire": agir agréablement sur la sensibilité; séduire, charmer par les sens, provoquer une sensation de plaisir. Sens de l'intitulé: Celui qui produit une oeuvre en exprimant un idéal de beauté est-il dans l'obligation d'agir agréablement par les sens ? Mais quelle est l'essence de l'art ? Copie des apparences ? Visée d'une réalité transcendante infiniment supérieure à la sphère phénoménale ? Vision directe de la réalité ? Il s'agit, en définitive, de savoir si l'art est finalisé par le Beau, norme fondamentale permettant son exercice.

L'art est-il création d'une réalité spirituelle ? une idéalité meut-elle la sphère artistique ? L'art est-il destiné à charmer ? Tel est le problème. Introduction & Problématique: Celui qui produit une oeuvre d'art en exprimant un idéal de beauté est-il dans l'obligation d'agir agréablement sur les sens, de charmer ces derniers, de séduire l'auditeur ou le spectateur ? Les fascinera-t-il par la production de formes agréables ? Est-il nécessaire de passer par la médiation de cette séduction sensible ? Tel est le problème posé par le libellé du sujet. Quelle est l'essence de l'art ? Visée d'un beau transcendant ou immersion dans le sensible ? Joie désintéressée et pure ou expérience phénoménale ? Le problème est de savoir si une idéalité meut la sphère artistique, si l'art est création d'une réalité spirituelle.

D'où un gain de pensée puisque l'artiste est interprété et saisi, en son projet dynamique. Thèse: l'artiste doit forcément plaire. Pour faire que les hommes échappent à l'âpreté et à la dureté de leur condition, l'artiste doit chercher à plaire.

ON dit que l'artiste crée ; et cette création suggère qu'il a usé de son imagination pour engendrer une toute autre réalité que celle dont nous faisons l'expérience quotidiennement.

Si c'est bien ainsi que l'artiste fonctionne, alors il semble que l'art ait pour but de nous détourner de la réalité.

Cependant un tel détour peut être ou positif - ayant une fonction cathartique - ou négatif - au sens où l'art nous divertirait (sens pascalien) c'est à dire, nous détournerait de l'essentiel.

Telle est la tâche de l'artiste, il doit plaire, divertir afin d'illuminer le réel de le rendre moins prosaïque et moins tragique.

Trouvez ici des exemples.

Pensez au jeune Mozart facétieux et mondain, aux farces de Molière qui stigmatise les vices et les travers de ses contemporains, aux peintures de l'époque victorienne,etc.

Avec une référence plus philosophique, vous pourrez aussi montrer que l'art peut aussi nous plaire et nous édifier moralement (cf.

Aristote). La « purgation des passions » ou la catharsis chez Aristote. Le plaisir que procure la tragédie est spécifique.

Aristote le définit ainsi : « [...] la tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'une espèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation propre à pareilles émotions.» Assaisonnement du langage désigne la proportion variable de chants et de vers.

L'essence de la tragédie réside dans l'action, non dans le récit, action représentée en un temps limité.

Le plaisir résulte des émotions ressenties: crainte et pitié.

Tout cela est clair.

Aristote mentionne la cause et les effets. Mais sur le mécanisme de l'opération, peu de détails ! Un seul terme assez inattendu: «purgation», catharsis.

On peut dire aussi « purification ».

Ce mot a donné lieu à maints commentaires.

Chez Aristote lui-même, il est l'objet de plusieurs interprétations.

On croit comprendre qu'il y a un rapport entre l'imitation, la mimésis, et la purgation, la catharsis: devant un spectacle représentant des actions éprouvantes, je suis enclin à ressentir les mêmes émotions que l'on cherche à provoquer en moi.

La représentation de sentiments violents ou oppressants, par exemple la terreur, l'effroi ou la pitié, bien que mimés et donc fictifs, déclenche dans le public, dans la réalité, des sentiments analogues. Cette réaction est banale dans la vie courante; trop d'événements réels, effrayants ou affligeants, suscitent des émotions correspondantes, par exemple, de la compassion pour les victimes.

Mais ce phénomène est plus surprenant lorsqu'il s'agit d'un spectacle créé et imaginé de toutes pièces.

Il suppose une identification avec un personnage et non plus avec une personne.

Certes, cette identification a ses limites, car il ne s'agit pas d'imiter, de copier ni de transposer dans la vie réelle les actions qui se déroulent sur la scène.

Et l'on imagine mal un jeune homme, influencé par l' "Œdipe" de Sophocle, décidant de tuer son père, de commettre un inceste avec sa mère et de se crever les. »

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