L'artiste doit-il chercher à plaire ?
Extrait du document
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Analyse du sujet:
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"artiste": celui qui exprime, dans ses oeuvres, un idéal de beauté.
"devoir": être dans l'obligation.
"chercher": s'efforcer de.
"plaire": agir agréablement sur la sensibilité; séduire, charmer par les sens, provoquer une sensation de plaisir.
Sens de l'intitulé: Celui qui produit une oeuvre en exprimant un idéal de beauté est-il dans l'obligation d'agir
agréablement par les sens ?
Mais quelle est l'essence de l'art ? Copie des apparences ? Visée d'une réalité transcendante infiniment supérieure à
la sphère phénoménale ? Vision directe de la réalité ? Il s'agit, en définitive, de savoir si l'art est finalisé par le Beau,
norme fondamentale permettant son exercice.
L'art est-il création d'une réalité spirituelle ? une idéalité meut-elle la
sphère artistique ? L'art est-il destiné à charmer ? Tel est le problème.
Introduction & Problématique:
Celui qui produit une oeuvre d'art en exprimant un idéal de beauté est-il dans l'obligation d'agir agréablement sur les
sens, de charmer ces derniers, de séduire l'auditeur ou le spectateur ? Les fascinera-t-il par la production de formes
agréables ? Est-il nécessaire de passer par la médiation de cette séduction sensible ? Tel est le problème posé par
le libellé du sujet.
Quelle est l'essence de l'art ? Visée d'un beau transcendant ou immersion dans le sensible ? Joie désintéressée et
pure ou expérience phénoménale ? Le problème est de savoir si une idéalité meut la sphère artistique, si l'art est
création d'une réalité spirituelle.
D'où un gain de pensée puisque l'artiste est interprété et saisi, en son projet
dynamique.
Interrogez-vous sur le but poursuivi par les artistes à travers leurs oeuvres.
Celles-ci sont-elles destinées à plaire ?
Est-ce la condition nécessaire et suffisante pour motiver un artiste ? N'y a-t-il pas là une réduction tout à fait
illégitime de l'art à une fonction ou une finalité qui lui est finalement étrangère ? Si l'artiste ne cherchait qu'à plaire,
on peut supposer que l'art n'aurait jamais évolué.
Songez par exemple à l'académisme qui fixe des normes
artistiques.
Ont-elles été respectées au cours du temps ? Les artistes ne revendiquent-ils pas une liberté de
création qui les conduit au contraire très souvent à heurter, choquer, étonner leurs contemporains ? De nombreuses
oeuvres qui aujourd'hui sont universellement reconnues ont été rejetées en leur temps parce qu'elles ne plaisaient
pas.
Si l'artiste ne cherche qu'à plaire, que valent se production ? N'est-il pas " complaisant " ? N'abdique-t-il pas
devant une mode ou des commandes officielles ? Si ce n'est pas essentiellement à plaire que cherche l'artiste, que
cherche-t-il au juste ?
PRÉALABLES: LA CONDITION DE L'ARTISTE
Les lieux communs sur l'artiste.
Évitez de tomber dans la mythologie de l'artiste : génial, libre sous tous rapports, « créant » sous le coup de
l'inspiration, puis reprenant aussitôt une vie nonchalante et bohème.
La réalité de la condition de l'artiste.
Les grands artistes ont presque toujours fait preuve :
a) d'un travail acharné — parfois pressés par des commandes qui leur permettaient de subsister, sinon contraints
par un puissant (cf.
Michel-Ange, retenu à Rome par le pape Jules II et peignant le plafond de la chapelle Sixtine,
1609/1611);
b) d'un intérêt pour les œuvres de leurs prédécesseurs (les jeunes peintres s'exercent à reproduire les tableaux des
grands maîtres) avant de se forger un style.
C'est en ce sens qu'il faut comprendre la formule de Malraux : « De
même qu'un musicien aime la musique et non les rossignols, un poète des vers et non des couchers de soleil, un
peintre n'est pas d'abord un homme qui aime les figures et les paysages.
C'est un homme qui aime les tableaux »
(Les Voix du silence);
c) d'un acharnement à acquérir non seulement une culture artistique mais aussi la maîtrise d'un ensemble de
techniques (ex.
: la gravure a burin ne pose pas les mêmes problèmes que l'eau-forte, etc.).
Le statut social de l'artiste.
Il a évolué (on parle de création; du divin Michel-Ange; etc.), alors qu les sculpteurs des cathédrales médiévales
étaient traités comme de simple compagnons ou artisans..
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