l'art vous semble-t-il être une "révolte contre la tyrannie du désir" ?
Extrait du document
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Sens des termes
— Art : défini ici comme création de choses belles, d'objets esthétiques, comme production de la beauté par les
oeuvres d'un être conscient, et non point, en sa signification ancienne, comme ensemble de procédés permettant
d'obtenir certains résultats.
— Révolte : soulèvement de la conscience et attitude de refus devant une contrainte.
Principe actif d'énergie.
— Tyrannie : ici, puissance aboutissant à une servitude, autorité exerçant une domination violente.
— Désir : mouvement qui me porte vers un objet que j'imagine source de satisfaction, mouvement représentant le
manque par excellence.
Désir est différent de besoin.
Sens du sujet
La production de la beauté par les oeuvres d'un être conscient représente-t-elle un soulèvement de la conscience
devant la servitude inhérente à nos désirs ? Aspect paradoxal et contradictoire de la question posée.
Comment l'art
pourrait-il être arrachement au désir et soulèvement contre lui alors qu'il semble pénétré tout entier par la sensibilité
? C'est par définitions successives de la notion d'art, d'abord envisagé sous son aspect empirique et sensible, puis
de manière plus élaborée, que le devoir peut s'organiser : vous montrerez qu'il est révolte contre le désir parce que
sa fin est désintéressée.
Le plan sera donc du type progressif.
Plan
1.
L'art, loin d'être révolte contre la tyrannie du désir, semble lui-même plaisir (sensible) et désir.
En effet, l'art s'alimente, semble-t-il, à une représentation des apparences sensibles ainsi qu'au plaisir et à la
jouissance.
Or, qui dit jouissance ne dit-il pas désir?
a.
La contemplation de la nature et du beau naturel immédiat provoquent une émotion sensible.
Devant un paysage, mais aussi une fleur ou un visage, face à de multiples aspects de la nature, l'homme ressent
une émotion d'ordre sensible.
La combinaison heureuse d'éléments divers au sein des choses, le bon accord des
formes ou des couleurs déterminent en nous plaisir ou même joie.
C'est de cette émotion engendrée par la beauté
vivante qu'est partie la conception qui voit dans l'oeuvre d'art une copie du réel.
La beauté naturelle fut antérieure
au beau artistique.
Dès lors, ne convient-il pas de la copier fidèlement ?
b.
L'imitation de la nature a pour fin d'exprimer cette beauté naturelle.
S'il existe une beauté naturelle suscitant en nous de la joie ou de l'émotion, si le coucher de soleil en sa splendeur
précéda tout art proprement dit, la beauté artistique est, dès lors, destinée à exprimer ces apparences si
séduisantes qui charment l'homme.
Ainsi l'oeuvre d'art semble-t-elle, fondamentalement, une copie de ce qui existe,
une reproduction des choses données dans le monde extérieur.
Son caractère essentiel serait alors la perfection
même de cette copie.
Un des pères de cette esthétique imitative, qui vit dans l'art et l'oeuvre d'art une reproduction du milieu physique où
vit l'homme, c'est essentiellement Platon : il conçut la production de la beauté par les oeuvres de l'homme comme
une copie du sensible et des réalités naturelles.
Ce qui est premier, c'est l'Idée, l'Essence, c'est-à-dire la réalité
intelligible ultime donnant sens aux choses.
Ainsi l'Essence du lit, c'est le lit idéal, l'Idée de lit.
Le lit sensible imite
l'Idée de lit.
Quant à l'oeuvre d'art, elle n'est qu'une copie au second degré, une copie de copie ! Art et oeuvre d'art
ne représentent, dès lors, qu'une illusion..
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