L'art peut-il nous libérer de l'intolérable ?
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L'art peut-il nous libérer de l'intolérable ?
1) Que demande-t-on ?
= si l'art (?) peut (= 1) est capable, mais aussi 2) est légitime dans ce rôle ) nous (je suppose "les
hommes") libérer de l'intolérable (je garde ici l'expression entière pour y revenir).
Deux question en une donc : La capacité de l'art ET sa fonction.
Mais, ces vastes questions sont ici
restreintes, rendues précises parce qu'il ne s'agit pas en général de la capacité et de la fonction, mais en
particulier concernant l'intolérable.
2) Le(s) sens possible(s) de l'énoncé étant un peu précisé, qu'en est-il alors de la pertinence de ces
questions ?
Au fond, il s'agit ici de comprendre sur quoi, d'où vient, le lien présupposé par l'énoncé entre "l'art" et
"libérer de l'intolérable".
Ce lien est-il nécessaire ? Autrement dit cette libération est-elle le propre de
l'art ? son but unique ?
Par là on voit que la question de la fonction :" Est-il légitime pour l'art de chercher à nous libérer de
l'intolérable ? " doit logiquement être examinée avant celle de la possibilité.
Il convient de se demander
s'il a vocation à le faire avant de se demander s'il est capable de le faire.
Qu'en pense-t-on "naturellement", c'est-à-dire quand notre vigilance sommeille et que nous pensons par
opinions spontanées.
La fonction de l'art peut être vue comme décorative : mettre du beau là où il y a
du laid.
Ou bien encore politique : l'art engagé doit dénoncer l'injustice ; ou bien "métaphysique" : l'art,
le vers en l'occurrence pour Mallarmé "philosophiquement rémunère le défaut des langues", fait échapper
au commerce avec les choses, nous hisse vers l'idée.
Quelle que soit donc la fonction qu'on lui assigne, l'art semble confronté à de l'intolérable (le laid,
l'injustice, le bavardage) dont il doit nous libérer.
"Libérer" signifiant alors "délivrer" de ce qu'il y a.
De
_Madame bovary_ à _La Rose pourpre du Caïre_, l'art charrie de lui-même cette image de délivrance,
d'échappatoire, de fuite.
A côté du réel intolérable, l'art pose la fiction, le rêve.
Alors, si c'est l'opinion généralement admise, qu'est-ce qui fait que l'on peut en douter et se demander :
"l'art peut-il [ au sens de : est-il légitime dans ce rôle ] nous libérer de l'intolérable ?
Le point ici me semble se jouer autour de l'idée de libération.
L'art nous libère-t-il vraiment ? N'est-il pas
un simple divertissement et seulement momentanée.
Au lieu de nous libérer de l'intolérable donc, ne fait-il
rien d'autre que de nous le rendre supportable en y introduisant des pauses furtives ? Pascal :"Quelle
vanité que la peinture...."
Bref, le soupçon est : l'art nous libère-t-il ou bien ne peut-il que nous distraire de l'intolérable ?
La question est donc bel et bien pertinente : elle se pose, s'impose.
3) Quel est alors pour échapper au débat "Il peut..."/ "Il ne peut pas...", le problème implicite auquel
cette question nous expose ?
la question demande : "peut-il nous libérer de".
Comment le ferait-il ? Est-ce par la "consommation"
d'oeuvres ? Comme un philtre, une drogue, l'art par absorption nous ferait échapper à l'intolérable ? Ou
bien est-ce par la création ? En créant, en posant à côté (ou au lieu de) ce qu'il y a (la Nature) ce qui
doit être, l'art libère l'humanité.
"Être libérer de" prend ici un autre sens.
Pas comme on est libéré de ces
chaînes par un coup de marteau bien placé, mais comme la parole est libéré : elle s'exprime, existe.
Dès lors, je formulerai la problématique en jouant sur cette ambiguïté de " nous libérer de".
Faut-il
*attendre* de l'art notre libération ? Pouvons-nous par l'art nous libérer de l'intolérable ?.
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