L'art peut-il jouer un rôle politique ?
Extrait du document
«
[Au lendemain des atrocités commises
au cours de la Première Guerre mondiale, les dadaïstes
sont partis en campagne contre la vaine sacralisation de l'art
et la médiocrité de l'esprit bourgeois.]
Il fallait en finir avec la sacralisation de l'art
Le dadaïsme est né d'une immense déception.
L'art, que l'on vénère, la culture, que l'on tient en haute estime,
n'ont pas empêché les événements, aussi sanglants que barbares, de la Première Guerre mondiale.
D'où la
volonté de tourner en dérision la création artistique.
Ainsi que le déclarera Francis Picabia, « l'art est un
produit pharmaceutique pour imbéciles ».
Les surréalistes et le langage ou la déconstruction du pouvoir.
Le surréalisme est né de la première guerre mondiale et de la "crise de conscience" qui s'ensuivit.
La
civilisation s'était engager dans une impasse, celle du tragique et de l'absurde.
Aussi, le surréalisme apparut-il
d'abord comme une volonté de libération, un mouvement de rupture et de révolte contre toutes les valeurs de
la société rabaissées au rang de préjugés bourgeois.
Au risque de passer pour des nihilistes intellectuels, les surréalistes s'attaquèrent aux manifestations les plus
spectaculaires de la raison triomphante: la société, la morale, la religion, l'art.
C'est Tristan Tzara, le créateur
de Dada, qui le premier proclamera la nécessité d'une "rupture de l'art d'avec la logique", d'un "grand
travail négatif à accomplir".
Aussi, le groupe Dada n'aura pour but que de tourner en dérision les valeurs
décadentes de cette société.
La méthode est la suivante: il ne s'agit plus d'exprimer une pensée préexistante
par le truchement du langage, mais d'explorer toutes les ressources du langage comme révélatrices de
pensées nouvelles, c'est-à-dire encore jamais exprimées.
D'expression, le langage devient création, et dans
cette création la spontanéité doit triompher de la logique et de la raison.
Liberté d'expression sans précédent
qui s'efforce de supprimer tous les tabous, les conventions moraux, religieux, esthétiques.
Tout doit être
merveilleux c'est-à-dire beau: l'art doit être magique, l'écriture sera magie verbale.
La psychanalyse fut, bien évidemment, un auxiliaire précieux des surréalistes: profondeurs de
l'inconscient, connaissance et interprétation des rêves, associations d'idée, etc..
Et, le langage fut
l'instrument privilégié de cette expression notamment par l'écriture automatique où il s'agissait d'exprimer "le
fonctionnement pur de la pensée en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de
toute préoccupation esthétique ou morale" (Breton), en somme laisser parler en soi le langage, traduire
cette dictée intérieure du langage.
Le rêve et le sommeil hypnotique offriront également aux surréalistes un terrain aussi vaste que nouveau à
déchiffrer pour approfondir leur connaissance de l'inconscient.
On doit aux surréalistes l'invention de techniques nouvelles comme les frottages, les collages (Max
Ernst), la "paranoïa critique" (Dali) qu'il définit lui-même comme "une méthode de connaissance
irrationnelle" et les objets "ready-made" (Marcel Duchamp).
L'artiste est toujours un résistant, un engagé
L'engagement de l'artiste...
L'actualité nous a récemment appris qu'on pouvait être écrivain, vivre à la fin du XXe siècle, dans l'une des
plus anciennes démocraties d'Europe, et mettre, par la seule publication d'un roman, sa vie en péril : S.
Rushdie se cache encore des tueurs venus d'Iran comme naguère Voltaire s'efforçait de rejoindre la Suisse
pour échapper à l'Église et à la justice du Roi.
On ne pardonne pas toujours aux artistes leur liberté
d'expression et leur engagement dans les grands débats de leurs temps parce que la liberté de cet
engagement s'exprime par une oeuvre, plus forte que les discours militants, invincible puisque dépositaire de
cet éclat d'éternité que Malraux appelle un anti-destin.
Mais dira-t-on seulement d'une oeuvre qu'elle est
engagée quand elle « prend parti » ? L'arbitre n'est-il pas voué à l'engagement par l'oeuvre elle-même? Ne
devrait-on pas dire toujours d'une grande oeuvre qu'elle est engagée?
...
est impliqué par le processus de création artistique....
»
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