Aide en Philo

L'art peut-il influencer les moeurs de la société ?

Extrait du document

« C'est un problème délicat que de chercher ce qui le premier de l'art et des moeurs.

Est-ce les moeurs qui influencent l'art ou l'art qui influence les moeurs.

Dans le cas où l'art pourrait mal influencer les moeurs, il serait alors possible de le surveiller ou de le censurer.

Mais quelle est la meilleure théorie, faut-il prendre le risque de limiter l'art, de réduire sa liberté, d'avoir un art qui soit sans passion, ni provocation ? Dans le cas où l'art ne serait que le reflet de la société, sa restriction n'aurait aucun sens.

Aussi, faut-il se demander si l'art a ce réel pouvoir d'influencer les moeurs, si ce n'est pas surestimer finalement ses capacités à changer le monde, si ce vrai pouvoir n'est pas en vérité purement social ou politique. 1) l'art et la corruption des moeurs : un danger pour la cité ? Platon dans la République condamne la poésie dès le troisième livre, avant d'y revenir en 595a-621b.

Les poètes sont considérés le plus souvent comme des maîtres d'erreur.

Ils ne sont que de simples imitateurs.

L'imitateur ignore les qualités des objets qu'il imite et il ignore aussi leur usage.

L'imitation ne teint compte que des seules apparences, et relève de l'opinion vulgaire, l'imitateur flatte les basses passions de l'homme.

La poésie apitoie l'honnête homme sur les malheurs d'un héros qui ne garde nulle pudeur dans l'expression de son désespoir.

Ainsi la poésie et la tragédie exacerbent des passions qu'il aurait fallu cacher. Aussi Platon préfère expulser les poètes de la cité, de sélectionner les artistes afin justement de diminuer ces nuisances.

Le but étant de diminuer les mauvaises passions. Platon, par là, accorde beaucoup de pouvoirs à l'art.

Mais n'est-ce pas une théorie antiartistique de lui imputer tous les maux de la société ? Demander à l'art de respecter des codes de bonnes conduites, c'est lui donner des contraintes capables de lui enlever toute créativité. Platon: La condamnation de l'art La philosophie de l'art commence avec Platon par une condamnation.

Il faut renvoyer les poètes hors des murs de la Cité.

Socrate rejette les discours écrits pour privilégier la parole, et la peinture n'est tenue que pour une imitation dégradée et inférieure d'une réalité par ailleurs déjà imitée des Idées.

Par ailleurs, poésie, peinture et musique ne sont pas sensées exprimer la beauté.

Si l'art est condamnable, c'est qu'il est fondé sur la mimêsis, l'imitation.

Les choses sont, et elles sont ce qu'elles sont par l'Idée qu'elles incarnent, qu'elles matérialisent.

L'Idée est l'essence ou l'être vrai de chaque chose.

L'artisan fabrique des ustensiles en vue d'une Idée, il imite le modèle idéal pour en faire une chose.

Pour tout produire de la sorte, il suffirait de promener un miroir tout autour de nous pour restituer l'image exacte des choses.

La "production" artistique se dit poiein : rendre présent.

Le tableau est un miroir, il ne produit pas les choses dans leur être mais dans leur apparence.

L'artisan quant à lui ne produit pas non plus l'être véritable qui est l'Idée, mais un analogon.

Il y a donc trois degrés à considérer : l'Idée, vraie, naturelle, unique, immuable, parfaite et identique à soi ; les choses ou les objets fabriqués par l'artisan, demiourgos qui incarne l'Idée en de multiples exemplaires ; la peinture des choses qui les reproduit dans leur apparence.

L'artiste est donc plus éloigné de la vérité que l'artisan.

L'art est une imitation du réel, non pas en ce qu'il est, mais en ce qu'il apparaît.

Il n'est capable de produire que des simulacres ou des idoles. "Cet artisan dont je parle n'est pas seulement capable de faire toutes sortes de meubles, mais il produit encore tout ce qui pousse de la terre [...], tout ce qu'il y a dans le ciel, et tout ce qu'il y a sous la terre, dans l'Hadès.

Voilà un sophiste tout à fait merveilleux l [...] Si tu veux prendre un miroir et le présenter de tous côtés ; tu feras vite le soleil et les astres du ciel, la terre, toi-même, et tous les êtres vivants, et les meubles, et les plantes, et tout ce dont nous parlions à l'instant. Oui mais ce seront des apparences et non des réalités [...] Mais tu me diras, je pense que ce que fait [le peintre, plus que tous les artisans] n'a point de réalité, n'est-ce pas ? et pourtant, d'une certaine manière, le peintre lui aussi fait un lit.

Ou bien non ? Si, répondit-il, du moins un lit apparent. Et le menuisier ? N'as-tu pas dit tout à l'heure qu'il ne faisait point la Forme (eidos), ou, d'après nous, ce qui est le lit, mais un lit particulier ? Je l'ai dit en effet. Or donc, s'il ne fait point ce qui est, il ne fait point l'objet réel, mais un objet qui ressemble à ce dernier, sans en avoir la réalité [...] Maintenant, considère ce point : lequel de ces deux buts se propose la peinture relativement à chaque objet : estce de représenter ce qui est tel qu'il est, ou ce qui paraît, tel qu'il paraît ? Est-elle l'imitation de l'apparence ou de la réalité ? De l'apparence. L'imitation est donc loin du vrai, et si elle façonne tous les objets, c'est, semble-t-il, parce qu'elle ne touche qu'à une petite partie de chacun, laquelle n'est d'ailleurs qu'un simulacre (eidôlon )... Lorsque quelqu'un vient nous annoncer qu'il a trouvé un homme instruit de tous les métiers, qui connaît tout ce que chacun connaît dans sa partie [...], il faut lui répondre qu'il est un naïf, et qu'apparemment il a rencontré un charlatan et un imitateur.

" PLATON Ce texte capital concerne le problème de la mimèsis ; par la médiation de Socrate, Platon y soutient que l'art, apparence d'apparence, n'est très précisément, rien. Cette condamnation philosophique de l'art est ontologique : l'apparence est une illusion sans substance ou sans. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles