L'art peut-il avoir une fonction politique ?
Extrait du document
«
[L'art a toujours dérangé les pouvoirs en place.
Il est l'une des plus grandes expressions de la liberté de
l'esprit.
En ce sens, il s'oppose aux idéologies politiques.
Il modifie notre façon de percevoir les choses.]
Le pouvoir se méfie de l'art
Platon veut chasser les artistes de sa République.
En effet, les artistes sont de pernicieux faiseurs d'illusion.
Thèse - Dévalorisation de l'art au nom de la vérité.
Cette dévalorisation a pour fondement la dévalorisation
du monde sensible an nom de cette même vérité.
Et valorisation ontologique du Beau, Idée ou Essence.
La critique platonicienne vise surtout les arts suivants : la poésie, la sculpture, la peinture.
Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent
pas à la vérité.
Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.
Dans le « Phèdre » (248 d-c)
Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de
connaissance.
Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique
(dernier degré).
L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e.
Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ?
1)
Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper.
a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.
Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de
contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.
Par exemple,
les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.
Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est
divinité? » (Rep.379).
D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de
vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées
par les premier.
et créditent le mensonge.
b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.
Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable
à celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et
n'en a que l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...
).
Par exemple le
bon peintre est celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui,
occupe un espace à trois dimensions.
Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait
infidèle à son modèle tel qu'il est.
L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.
les
règles de 1a perspective).
2) Parce que l'art n'est qu'imitation.
L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire
de nos sens.
C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il
représente les Dieux à l'image des hommes.
L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est,
est ce qui apparaît.
L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective.
3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre.
Dans La « République » (X 597b-598c - cf.
texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une
production éloignée de la nature de trois degrés ».
En effet, il y a trois degrés de réalité.
·
La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.
Pour Platon
les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou
formées au contact de l'expérience (empirisme).
Elles existent indépendamment de notre pensée.
L'Etre est
l'intelligible ou monde des Idées.
Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible,
objet d'une connaissance, et de l'ordre du monde.
C'est parce que le monde est en lui-même intelligible que
nous pouvons le connaître.
·
La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre,
dans la mesure où elle est imitation de la première.
Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge
qui a façonné la matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).
De même le bon artisan fabrique
son objet en se réglant sur son Idée.
Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent
de les imiter..
»
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