L'ART NOUS DÉTOURNE-T-IL DU RÉEL ?
Extrait du document
«
Réagir
• Se détourner, c'est changer de direction, c'est se tourner d'un autre côté pour éviter quelque chose, quelqu'un.
• Le sujet associe art et réalité, comme si la fonction de l'art était de reproduire le donné, ce qui existe
actuellement, de l'imiter.
• L'art a-t-il pour finalité de nous montrer ce que nous voyons déjà ? Consiste-t-il à imiter les objets naturels (la
réalité) ou ne propose-t-il pas une manière détournée d'accéder à la réalité ?
INTRODUCTION
Se détourner, c'est ne plus regarder ce que nous regardions auparavant.
C'est regarder ailleurs, autrement, rendre
visible l'invisible.
L'art a-t-il pour fonction de nous éloigner du réel, de nous y soustraire ? Mais alors pourquoi ?
Serait-ce pour y mieux revenir, y découvrir l'essence cachée des choses ? L'art est-il un révélateur de la réalité ?
L'art est-il mensonger ou nous révèle-t-il l'essence cachée des choses ?
1.
L'art ne nous détourne pas du réel : il en est une imitation
Thèse - Dévalorisation de l'art au nom de la vérité.
Cette dévalorisation a pour fondement la dévalorisation du
monde sensible an nom de cette même vérité.
Et valorisation ontologique du Beau, Idée ou Essence.
La critique platonicienne vise surtout les arts suivants : la poésie, la sculpture, la peinture.
Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la
vérité.
Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.
Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une
hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.
Il distingue
neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).
L'artiste imitateur
occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e.
Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ?
1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper.
a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.
Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes
», en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.
Par exemple, les Dieux
sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.
Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? »
(Rep.379).
D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce
pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.
et
créditent le mensonge.
b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.
Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable à
celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en a
que l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...
).
Par exemple le bon peintre
est celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace à
trois dimensions.
Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'il
est.
L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.
les règles de 1a perspective).
2) Parce que l'art n'est qu'imitation.
L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire de
nos sens.
C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représente
les Dieux à l'image des hommes.
L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est, est ce qui
apparaît.
L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective.
3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre.
Dans La « République » (X 597b-598c - cf.
texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production
éloignée de la nature de trois degrés ».
En effet, il y a trois degrés de réalité.
• La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.
Pour Platon les Idées ne sont
pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées au contact de
l'expérience (empirisme).
Elles existent indépendamment de notre pensée.
L'Etre est l'intelligible ou monde des Idées.
Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible, objet d'une connaissance, et de l'ordre du
monde.
C'est parce que le monde est en lui-même intelligible que nous pouvons le connaître.
• La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle
est imitation de la première.
Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonné la matière en
contemplant le monde des Idées (« Timée » ).
De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.
Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter.
• La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintre puisqu'il
imite ce qui est déjà une imitation.
Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notre reflet dans le
miroir.
Elle est le reflet d'une apparence.
En fait, il n'y a rien à voir..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- l'art nous détourne-t-il du réel?
- l'art nous détourne-t-il du réel ?
- L'ART NOUS DÉTOURNE-T-IL DU RÉEL ?
- Est-il juste d'affirmer que l'art détourne du réel ?
- L’art nous détourne-t-il de la réalité ?