L'art nous apprend-il à percevoir ?
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L'art par son étymologie tekné renvoie à une forme de savoir-faire. L'art médical, l'art de la rhétorique ou encore l'art culinaire nécessitent une habileté que l'on peut acquérir par un apprentissage. L'art est en ce sens nécessairement didactique puisqu'il est un savoir qui se transmet : l'art nous apprend alors à faire quelque chose. Mais l'art désigne, en un autre sens plus récent, ce que l'on appelait au 18e siècle les « beaux-arts », c'està- dire les arts du beau. L'art comme la peinture, la sculpture, ou encore la musique, plutôt que de nous inviter à « faire », nous inviterait à « voir » ou « entendre ». L'art nous apprend-il donc à percevoir ? La perception implique une certaine organisation des sensations et, selon les arts, ce ne sont pas les mêmes sens qui sont touchés. Une oeuvre d'art, se caractérise d'abord comme représentation d'un objet de la réalité (le modèle de l'artiste). Or, si l'artiste puise dans la réalité son matériel qu'il nous donne à voir, qu'il nous apprend à percevoir, il peut aussi faire acte d'originalité et puiser en lui-même, dans son imagination, les sources de sa créativité. En ce sens, l'art n'oriente-t-il pas, voire ne trompe-t-il pas, notre perception ? L'art provoque un plaisir esthétique qui est bien celui de la perception, mais d'une perception qui n'est pas celle de l'ordinaire. La question est alors de savoir ce que nous montre l'art exactement, ce qu'il nous apprend à percevoir : est-ce quelque chose du réel que le quotidien masque (deuxième partie) ou est-ce, non pas un objet perçu, mais ce qu'est l'acte même de percevoir en développant ainsi notre faculté perceptive, au-delà même de la présence d'une oeuvre d'art (troisième partie) ?
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Demande d'échange de corrigé de morand renaud ([email protected]).
\Sujet déposé : L\'art nous apprend-il à percevoir ?
Introduction L'art par son étymologie tekné renvoie à une forme de savoir-faire.
L'art médical, l'art de la rhétorique
ou encore l'art culinaire nécessitent une habileté que l'on peut acquérir par un apprentissage.
L'art est en ce sens
nécessairement didactique puisqu'il est un savoir qui se transmet : l'art nous apprend alors à faire quelque chose.
Mais l'art désigne, en un autre sens plus récent, ce que l'on appelait au 18e siècle les « beaux-arts », c'està- dire
les arts du beau.
L'art comme la peinture, la sculpture, ou encore la musique, plutôt que de nous inviter à « faire »,
nous inviterait à « voir » ou « entendre ».
L'art nous apprend-il donc à percevoir ? La perception implique une
certaine organisation des sensations et, selon les arts, ce ne sont pas les mêmes sens qui sont touchés.
Une
oeuvre d'art, se caractérise d'abord comme représentation d'un objet de la réalité (le modèle de l'artiste).
Or, si
l'artiste puise dans la réalité son matériel qu'il nous donne à voir, qu'il nous apprend à percevoir, il peut aussi faire
acte d'originalité et puiser en lui-même, dans son imagination, les sources de sa créativité.
En ce sens, l'art
n'oriente-t-il pas, voire ne trompe-t-il pas, notre perception ? L'art provoque un plaisir esthétique qui est bien celui
de la perception, mais d'une perception qui n'est pas celle de l'ordinaire.
La question est alors de savoir ce que nous
montre l'art exactement, ce qu'il nous apprend à percevoir : est-ce quelque chose du réel que le quotidien masque
(deuxième partie) ou est-ce, non pas un objet perçu, mais ce qu'est l'acte même de percevoir en développant ainsi
notre faculté perceptive, au-delà même de la présence d'une oeuvre d'art (troisième partie) ? 1.
L'art trompe-t-il
notre perception ? L'art, dans la mesure où il se distingue de la réalité, soit parce qu'il l'imite soit parce qu'il en
invente une autre, n'est-il pas ce qui risque de nous tromper sur la réalité elle-même et par conséquent, tromper
notre perception ? Il semble que nous n'ayons pas besoin de l'art pour percevoir la réalité.
En effet, la perception
directe d'une corbeille de fruits nous informe bien mieux sur leur couleur, leur forme, leur taille, leur texture…
que leur représentation par une nature morte.
Aussi, lorsque l'on veut critiquer la perception erronée ou fantasmée
de quelqu'un, lui dit-on que ce qu'il prend pour de la réalité n'est que « du cinéma », propos péjoratif qui désigne
pourtant une forme accomplie de l'art.
Platon, dans La République, va jusqu'à critiquer les artistes comme de
dangereux faiseurs de simulacres qu'il faut bannir de la cité.
En effet, lorsqu'un sculpteur fait une statue, il ne fait
que montrer une imitation d'un homme et non l'homme lui-même.
De plus, il n'en imite que l'apparence extérieure, sa
forme et non son essence, son idée.
L'art, selon lui, s'éloignerait ainsi de deux degrés du réel et serait un genre
inférieur de la connaissance.
Il ne peut donc, en ce sens, rien nous apprendre.
Mais qu'imitent une symphonie
d'Arnold Schönberg, un tableau d'Yves Klein ou un poème d'Henri Michaux ? Une oeuvre d'art peut également être le
produit de l'imagination d'un sujet et en ce sens elle ne peut pas plus nous transmettre un savoir puisqu'elle montre
à chaque fois une nouvelle création dont la caractéristique première est d'être originale.
« Nous », le public, les
spectateurs, ne pouvons que nous étonner de cette nouvelle oeuvre et la contempler sans pouvoir en tirer de leçon
ou apprendre quoi que ce soit sur le réel ou même sur la possibilité de comprendre d'autres oeuvres.Ainsi, que l'on
considère une oeuvre d'art comme une imitation du réel ou comme le pur fruit de l'imagination d'un artiste, nous ne
semblons pas en avoir besoin pour percevoir le réel : nos sens nous en donnent directement l'accès.
Cependant, un
livre qui nous plaît est un livre que l'on aurait aimé écrire soimême tant il nous semble proche.
Et pourtant, nous
avons bien été incapables d'écrire la même chose que cet inconnu qui, par ailleurs, a su toucher également d'autres
subjectivités.
L'artiste fait donc à la fois acte d'originalité, ne dépend d'aucune règle, et à la fois semble avoir un
caractère exemplaire, semble donner ses règles à l'art dans la mesure où un artiste peut « faire école ».
C'est ainsi
que Kant caractérise le génie dans la Critique de la faculté de juger.
Mais sur quoi peut reposer ce plaisir partagé
avec les autres lecteurs, pourtant différents, d'un même livre ? N'y aurait-t-il pas une perception commune et non
plus individuelle à laquelle l'art nous donnerait accès ? 2.
L'art nous apprend à percevoir ce que le quotidien
masque Si nous ne semblons pas avoir besoin de l'art pour percevoir le réel, une oeuvre d'art n'en fait pas moins
l'objet d'une perception, laquelle n'est pas marginale mais commune : celle du public.
Qu'est-ce qui rassemble alors
ces individualités autour d'une même perception si ce n'est pas une fonction didactique ? L'amateur d'art, l'esthète
va s'intéresser à l'art pour une première raison : le plaisir.
Il va éprouver une sorte de satisfaction qui fait appel à
ses sens, notamment ceux de la vue (pour la peinture, la sculpture…) et l'ouïe (la musique), voire les deux
ensembles (le cinéma).
Mais le plaisir esthétique ne se réduit pas à la pure jouissance d'un sens, d'un organe.
En
effet, un plaisir purement sensuel, charnel, serait un plaisir lié au corps et donc à la satisfaction par rapport à un
objet que l'on consomme.
Par exemple, l'alimentation est un plaisir lié au goût qui trouve sa source dans la
possession d'un objet, qui trouve vite satiété.
Il en est de même pour le plaisir de réentendre la voix de quelqu'un
qui nous manque, de voir la lumière du jour si l'on est enfermé… Le plaisir sensuel, propre à un organe est un
plaisir de consommer qui une fois satisfait disparaît.
Le plaisir esthétique en revanche, n'est pas lié à la
consommation d'un objet puisqu'il n'y a pas d'objet à consommer : l'oeuvre perdure et de ce fait le plaisir aussi.
Et
ce plaisir n'est pas purement sensuel dans la mesure où il éveille un sentiment complet de plénitude, de sérénité qui
nous arrache au monde du désir.
Ce sentiment est celui d'une perception, c'est-à-dire d'une capacité à organiser les
sensations.
En ce sens, l'esthète n'est pas pure- ment passif, mais il produit une activité.
Mais de quel ordre estelle ? Estelle le produit d'un travail intellectuel ? Il semble que la perception à la base du plaisir esthétique ne soit
pas purement mentale non plus.
On peut très bien éprouver un plaisir intellectuel à analyser une oeuvre, mais le
plaisir esthétique ne s'y réduit pas, ou plutôt s'en distingue.
En effet, on peut être frappé par la beauté d'une
symphonie, voire être mélomane sans être musicien soi-même.
Le plaisir esthétique réside en une sorte de
disposition qui nous permet d'être réceptifs à ce que nous donnent les sens.
Mais contrairement à la perception
ordinaire, elle n'est pas réfléchie et calculatrice.
Une perception purement mentale, pur fruit de l'intelligence, serait
pour Bergson une perception pragmatique, une capacité à percevoir des objets dans le but de leur faire remplir
différentes fonctions, liées aux habitudes, aux concepts, fonctionnant comme des « étiquettes » qui masquent les
choses.
En ce sens d'ailleurs, la perception ne produit aucun plaisir.
Ainsi le plaisir esthétique n'est ni le plaisir
sensuel éphémère, ni le plaisir purement intellectuel intéressé et dénué de toute sensualité.
Il va plus loin que la.
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