L'ART ET L'ILLUSION CHEZ PLATON
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L'ART ET L'ILLUSION
"Quel but se propose la peinture relativement à chaque objet Est-ce de
représenter ce qui est tel qu'il est, ou ce qu'il paraît tel qu'il paraît ; est-ce
l'imitation de l'apparence ou de la réalité ?" Platon, La République, 389-369.
Pour Platon, l'art représente l'apparence.
L'art ne nous dit donc rien sur la réalité.
L'artiste est un illusionniste qui sait parfaitement reproduire n'importe quelle
apparence.
Il ne trompe que les ignorants.
La connaissance ou la réflexion
sembleraient exclure toute contemplation esthétique et donc tout intérêt à l'art.
En fait, Platon reproche à l'artiste son incompétence.
Si la finalité de l'art est bien
d'imiter la nature, l'artiste ne peut être qu'un mauvais imitateur, puisqu'il ne peut
pas tout savoir.
Finalement il déforme ce qu'il imite, et l'embellit artificiellement.
Lorsqu'un menuisier fabrique un lit, il le fait d'après un modèle qu'il a dans la tête.
Selon Platon, ce modèle, intelligible, est une Idée: c'est l'Idée de lit.
Lorsqu'un peintre peint un lit, il le fait d'après un modèle qui est le lit du menuisier.
Le lit du menuisier est à
celui du peintre ce que l'Idée de lit est au lit du menuisier.
(Vous suivez? Ce n'est pas le moment de vous
endormir, car nous sommes ici au coeur de la pensée platonicienne.) On ne dort pas dans le
lit du peintre (d'où le caractère burlesque de cette scène des Marx Brothers où l'on voit Harpo prendre une
toile de maître comme couverture pour dormir).
On ne dort pas non plus dans l'Idée du lit.
On dort dans le lit
matériel, solide, du menuisier — c'est-à-dire, en somme (c'est le cas de le dire), dans le lit du milieu, qui n'est
ni une idée ni une image mais une chose, un objet.
Pour Platon, un objet, une chose comme le lit dans lequel on dort est l'image de l'Idée, tout comme ia peinture
du lit est l'image de cet objet, de cette chose.
N'est-ce pas d'après une idée qui joue le rôle de paradigme,
c'est-à-dire de modèle, que le menuisier fabrique le lit dans lequel on pourra dormir?
Il y a donc trois lits: le lit idéel, le lit sensible et le lit peint.
On ne dort que dans celui du milieu, mais celui dans
lequel on dort n'aurait jamais existé, d'après Platon, s'ii n'avait pas été précédé et déterminé par le lit idéal,
intelligible, qui est son modèle.
Le lit sensible est une image du lit intelligible comme le lit peint est une image
du lit sensible.
Le lit peint est donc une image d'image.
Pour Platon, la réalité ou la vérité (c'est tout un pour lui) est dans l'Idée, la Forme, le modèle, le paradigme, et
non dans les choses et les êtres sensibles que l'on voit, touche, entend dans la vie de tous les jours.
Ce que
les gens (l'opinion) appellent «réalité» n'est donc qu'une apparence, un mensonge, une illusion: le cheval réel
n'est pas celui que l'on voit brouter dans un pré et faire son crottin, mais le modèle dont ce brave canasson
tire l'existence, de même que le cercle n'est pas ce rond dans l'eau que je fais en y jetant un caillou mais une
Idée éternelle qui, inversement, me conduit à reconnaître comme rondes les choses qui y ressemblent.
Quant à l'art qui s'ingénie à imiter le plus fidèlement possible la réalité sensible, il est un mensonge d'autant
plus dangereux qu'il est séduisant.
Dans sa cité idéale, Platon prévoit de remercier les poètes aux deux sens
que ce verbe a en français: félicitations et renvoi.
Comme le sophiste, le poète est un phobosophe.
La République est un ouvrage découpé en dix livres qui traite de la justice.
Mais, tous les plans étant liés chez
Platon, il comprend une dimension métaphysique et pas seulement, comme on pourrait s'y attendre, morale et
politique.
Platon est un aristocrate qui tient la démocratie pour le signe et la cause de la décadence d'Athènes.
N'est-ce
pas la démocratie qui a provoqué la mort du plus sage des hommes, Socrate? La République dessine les
grandes lignes d'une cité idéale, la belle cité (Callipolis) où la justice sera enfin incarnée.
Les conceptions empiriques de la justice (donner à chacun son dû, l'avantage du plus fort...) sont écartées.
Dans le livre II, Glaucon, contradicteur de Socrate, montre par un mythe (le mythe de Gygès) que la justice
n'existerait pas sans la crainte du châtiment.
PLATON.
Né à Égine, près d'Athènes, en 429 av.
J.-C., mort à Athènes en 347 av.
J.-C.
Son père, Ariston, descendait de Codros, dernier roi d'Athènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.
Il fut l'élève de
l'héraclitéen Cratyle, et s'initia aux arts.
Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialement
pour la musique et les mathématiques.
Vers 407, il rencontra Socrate, dont il resta l'ami et le disciple jusqu'en 399,.
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