L'art est-il le produit de la liberté ?
Extrait du document
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Vocabulaire:
PRODUIT: cad le résultat de diverses opérations, de diverses causes qui se sont enchaînées.
ART: 1) Au sens ancien, tout savoir-faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel).
2)
Au sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux-arts), c'est-à-dire à
susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive.
Oeuvre d'art : ensemble organisé de signes et de matériaux manifestant un idéal de beauté.
LIBERTÉ:
Ce mot, en philosophie a trois sens :
1° Libre arbitre.
Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun
d'eux.
2° Liberté de spontanéité.
S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être
contraint par une force extérieure.
3° Liberté du sage.
État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison.
On se demande si toute oeuvre d'art doit nécessairement avoir un sens, ou si elle peut être absurde.
Est-il
nécessaire que le sens que nous trouvons dans l'oeuvre ait été voulu ou choisi par l'auteur, qu'il résulte d'une
intention de dire ? On peut s'interroger par ailleurs sur ce qui fait la matière de la communication : s'agit-il d'exprimer
des idées, ou de communiquer seulement une émotion ? Le processus est-il conscient ou inconscient ? L'artiste
crée-t-il pour lui-même ou parle-t-il aux autres ?
On rattache souvent l'activité artistique à un don.
Mais outre qu'un tel talent naturel a quelque chose de mystérieux
en lui-même, il faut s'efforcer de penser le rapport qu'il entretient avec l'éducation ou le travail esthétiques.
L'habileté ou le savoir-faire technique qui accompagne la création est souvent pensé, surtout dans les arts
plastiques, comme une capacité d'imitation ou de reproduction du réel.
La problématique de l'imitation conduit plus
radicalement à s'interroger sur la fonction de l'art.
L'art a-t-il une fonction bien définie et laquelle ? Peut-on
concevoir un art qui n'aurait aucune fonction particulière ? L'art peut-il être considéré comme l'expression d'une pure
liberté, dépourvue de toute contrainte ?
Quelle est la force de l'art, comment peut-il agir sur le spectateur ? Cette question conduit à revenir sur le statut
du plaisir, car il apparaît que cette notion ne rend pas compte de toute la richesse de l'expérience esthétique ; en
effet, que dire de ces oeuvres qui nous troublent, voire nous choquent profondément ? Doit-on exercer sur les arts
la fonction critique de l'entendement ? L'exigence rationnelle de vérité a-t-elle un rôle à jouer dans l'expérience
esthétique ?
Lorsque nous disons qu'une oeuvre d'art doit être « reconnue comme telle, nous attribuons une fonction importante
au jugement.
Or celui-ci n'est-il qu'une affaire personnelle, ou est-il un problème de société ? Jugement personnel
ou jugement social, voire préjugé ? Ce qui nous conduit à ces deux questions : l'art doit-il s'efforcer d'échapper à
l'époque, à la particularité, pour ne considérer que l'éternel, ou doit-il s'efforcer, au contraire, de saisir le passager,
l'éphémère ? Autre question : la reconnaissance qu'une époque accorde à telle ou telle oeuvre du temps, ou du
passé, n'est-elle liée qu'à sa capacité de se reconnaître elle-même dans cette oeuvre ? N'en va-t-il pas de même,
du reste, pour le jugement personnel ?
[Dans la mesure où la création artistique exprime pleinement
la liberté de l'esprit, l'artiste, par ses œuvres, nous ouvre
sur un monde qui échappe à toute servitude.]
Le travail de l'artiste est totalement libre
Comme le jeu, la création artistique est une activité libre et désintéressée.
Pour créer, l'artiste met bien en
oeuvre une certaine technique.
Mais celle-ci ne consiste pas dans l'application d'un savoir préexistant.
Inversement, le travailleur a l'art et la manière de parvenir à un certain résultat.
Mais il doit suivre le « mode
d'emploi » et viser l'utilité.
La première différence entre l'art et la technique concerne le rapport à la science
ou au savoir.
Alors que la technique consiste en la mise en application d'une théorie, l'idée vient à l'artiste au
fur et à mesure qu'il crée.
Par exemple, l'architecte conçoit et dessine sa maison avant de la construire.
En
revanche, « un beau vers n'est pas d'abord en projet et ensuite fait; mais il se montre beau au poète; et la
belle statue se montre belle au sculpteur au fur et à mesure qu'il la fait » (Alain, Système des beaux-arts).
a
Cela explique qu'un technicien puisse reproduire la même oeuvre à l'infini et à l'identique, alors que la création
artistique reste toujours unique : « la règle du beau n'apparaît que dans l'oeuvre, et y reste prise, en sorte
qu'elle ne peut servir jamais, d'aucune manière, à faire une autre oeuvre » (idem).
L'oeuvre belle peut servir.
»
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