l'art est-il essentiellement technique ?
Extrait du document
«
L'art : il se définit par sa dimension esthétique.
Il est une création d'œuvres visant à susciter une appréciation
esthétique positive, c'est-à-dire à plaire et à toucher la sensibilité par leur seule forme, par leur seule apparence.
La technique : en grec, la techne, c'est le métier, le savoir faire.
C'est une ou un ensemble de méthodes, dans les
métiers manuels elle est souvent associée à un tour de main professionnel.
Il faut d'ores et déjà signaler que le sens premier de l'art recouvre celui de la technique, puisqu'en grec il est aussi
définit par le mot techne.
En latin, ars, c'est l'habilité et le savoir faire, le métier.
C'est malgré tout et dans les deux
sens: l'ensemble des gestes précis concernant une pratique maîtrisée entre la science théorique et la pratique
spontanée, autant pour l'art de la menuiserie que pour les Beaux-Arts.
Aujourd'hui, on a l'habitude de les
différencier et même de les opposer, en ceci que l'art serait à mettre du côté de l'inutile et du beau, tandis que la
technique ne recherche que l'utile.
Pourtant, l'artiste sans technique ne pourrait rien effectuer ni rien produire.
La séparation entre l'art et la technique paraît floue, elle n'est pas non plus absolument justifiable.
Pour autant il
paraît difficile de considérer l'artiste comme un simple artisan.
Il faut donc réfléchir sur ce qui fait la spécificité d'une
œuvre d'art par rapport à l'objet usuel d'un artisan par exemple.
I.
La production esthétique exige des règles et en cela, elle requiert la technique.
Aristote considère que toutes les productions d'objets sont de l'ordre de la
poïésis : c'est une disposition à produire, accompagnée de règles.
L'artiste
est donc un homme de métier, au même titre que l'artisan.
Dans La Poétique,
Aristote explique également que l'homme est par nature disposé à représenter
et à trouver du plaisir dans la représentation.
Les grecs en général,
définissaient la tache de l'artiste comme une activité de représentation de la
réalité qui devait procurer du plaisir au public.
Il doit suivre des canons
esthétiques, des normes, qui doivent lui permettre de représenter au mieux ce
réel.
Tour comme le boulanger doit suivre une recette pour confectionner au
mieux son pain.
La production artistique et la production artisanale se
caractérisent toutes deux par le fait qu'elles ont une utilité, même si l'on a
tendance à dire que l'œuvre d'art est gratuite.
L'art n'est pas gratuit car il a
pour fonction de représenter le réel et de susciter le plaisir.
Platon considérait
également qu'il devait avoir des vertus pédagogiques, en particulier la
musique.
Pour Aristote, l'art devait remplir une fonction de purgation des
passions : c'est la catharsis des arts dramatiques.
L'art est donc un mode de
dévoilement du réel.
L'art a donc une fonction sociale.
Comme tout artefact orienté vers un but
pratique, la production artistique doit être correctement réalisée pour remplir
sa fonction.
L'exécution du geste artistique nécessite donc de suivre des
règles, d'appliquer une technique propre à produire l'effet désiré.
Lorsque le
publique est déçu, ses critiques peuvent être virulente et cela révèle la charge que porte l'artiste lorsqu'il présente
son travail : il est investi d'une mission.
Mais si l'on considère que le bon artiste se réduit à la simple bonne exécution de son geste, pourquoi donner un
statut si particulier à l'art ? Pourquoi est-ce que l'on attribue une valeur si particulière à l'œuvre originale d'un grand
peintre au lieu de se contenter d'une reproduction numérisée par exemple ?
II.
La normalisation de l'activité artistique passe à côté de l'essence de l'art
L'histoire des arts nous enseigne que l'art est en fait une succession de pratiques, de courants, d'écoles, qui ont
été des tentatives de codification de l'art.
Comme la science, l'art est un corpus de théories artistiques qui n'ont
jamais été que des postulats provisoires.
La plupart du temps, les grands artistes ont émergé par leur refus de la
norme : c'est ce qu'ils ont apporté de nouveau à l'art qui leur a permis de passer à la postérité, même s'ils ont été
critiqué de leur temps pour avoir contourné les canons.
Ce fut le cas de Baudelaire, qui vit même son œuvre
censurée, pour être aujourd'hui replacée au panthéon des grandes œuvres.
L'artiste ne peut donc être simple un copiste.
Il ne doit pas seulement présenter une œuvre bien exécutée, il doit
susciter en faisant appel à la sensibilité.
Pour pouvoir produire une œuvre originale et se dégager de la norme, il doit
créer, faire appel à son imagination.
Dans ses critiques artistiques, Baudelaire ne cesse d'affirmer que l'artiste doit
être gouverné par son imagination et se garder de produire des platitudes à la mode.
Car chaque école qui dicte le
bon goût à un moment donné, n'est qu'une mode.
Dans La Critique de la faculté de juger, Kant explique que ce qui
guide l'artiste, c'est le génie, et que cette faculté doit totalement s'opposer à la faculté d'imitation.
Cette aptitude
ne peut s'apprendre et ne se communique pas.
Il ne peut donner aucune formule, aucun précepte, parce que le
jugement sur le beau ne se détermine pas par des concepts.
S'il apparaît que l'essence de l'art ne réside pas dans l'application d'une technique, faut-il pour autant considérer
que l'art peut être n'importe quoi pourvu qu'il sorte de l'imagination de l'artiste ?
III.
Art et création.
»
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