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l'art doit-il plaire ?

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« La question semble évidente et pourtant...

Il s'agit de savoir si l'art a pour fonction de donner un plaisir à son spectateur.

Dans un premier temps, il semble bien que ce soit le cas.

L'art comme activité ne visant pas à l'utile, est une activité purement volontaire et si le spectateur ne prend pas plaisir à contempler l'oeuvre, pourquoi irait-il les voir? Kant définit le premier le beau comme "ce qui plaît universellement sans concept" mais pourtant le plaisir peut prendre plusieurs sens et Kant s'emploie à définir ce qu'est le plaisir esthétique.

Cependant dans la notion même de plaisir se trouve le désir et Hegel montre bien que l'art a une mission plus sacrée que le simple plaisir et désir.

Quelle est alors le but de l'art? Une révélation de la Vérité? Ou alors une mise en question de notre propre expérience du Réel? I L'art, comme royaume du beau, s'adresse à nos sens et "est ce qui plaît universellement sans concept" ( Kant) Vous avez à analyser ce que signifie ces deux jugements: c'est beau / c'est sublime.

Dans les deux cas celui qui les prononce s'appuie sur une satisfaction qu'il éprouve. Lorsque Kant en vient à s'interroger sur ce qui motive le jugement de goût et le plaisir que procure l'art, c'est l'objet porteur de beauté qu'il questionne.

Pourtant Kant chercher ce qu'est cette satisfaction et ce plaisir pris.

Ils ne sont pas liés ni au plaisir comme satisfaction d'un besoin, ni à la satisfaction de connaître, ni à celle du devoir accompli. Il semble en fat que le plaisir pris à la contemplation esthétique tienne à une certaine liberté du sujet. "La satisfaction ne se fonde pas sur quelques inclinations du sujet mais au contraire celui qui juge se sent entièrement libre par rapport à la satisfaction qu'il prend à l'objet." Ce qui tient au fait que l'art est pour Kant une finalité sans fin.

Il explique en effet dans Critique de la faculté de juger, qu''il "n'y a aucune satisfaction immédiate à la vue" d'ustensiles dont la forme indique leur finalité.

Mais en revanche, une fleur est tenue pour belle "parce qu'en sa perception se rencontre une certaine finalité qui [...] ne se rapporte à aucune fin." « La beauté est la forme de la fïnalité d'un objet en tant qu'elle y est perçue sans la représentation d'une fin ». Ce qui est beau a l'apparence de la finalité.

Chaque élément semble concourir à l'effet d'ensemble, qu'il s'agisse d'un paysage, d'un tableau, d'une musique.

Cette finalité ne se ramène pas au critère classique de la perfection puisque celle-ci suppose Inadéquation de ce qui est à l'idée ou concept.

Or, nous venons de le voir, le jugement de goût est toujours particulier et ne procède pas par concepts.

Cette finalité est sans fin.

On ne peut lui assigner une fonction.

La forme finale de l'objet a l'apparence de la gratuité.

Les êtres vivants ont aussi la forme de la finalité mais cette finalité n'est pas sans fin puisque les parties concourent à une fin, la survie.

Cette troisième définition montre que Kant ne définit pas la beauté à partir de la seule qualité de l'émotion.

La beauté n'est pas que dans le sujet.

Tout n'est pas beau, tout n'est pas susceptible de produire le plaisir esthétique, cela ne dépend pas de la seule disposition intérieure. D'où vient le plaisir? · d'un objet dont la forme finale peut paraître gratuite, ce qui nous prédispose au désintéressement.

Ainsi une machine à café dont toutes les parties sans exception sont subordonnées à sa fonction de faire le café ne peut être jugée belle et notre rapport à elle ne sera qu'utilitaire.

Par contre la nature est telle que nous pouvons soit la contempler soit l'utiliser. · d'un objet qui a une forme finale.

Pourquoi la juxtaposition d'éléments ne se prête-t-elle pas au plaisir esthétique? Parce qu'il est impossible de lui assigner un sens.

Kant ne veut absolument pas dire que la belle nature ou œuvre d'art ont un sens.

Elles n'ont pas un sens mais elles sont belles dans la mesure où il est possible de leur donner du sens c'est à dire un sens qui ne s'épuisera jamais, qui suscitera toujours de nouvelles interprétations (cf.

votre pratique de l'analyse littéraire: le texte n'est pas l'objet d'une connaissance mais d'une interprétation qui peut indéfiniment s'enrichir).

Un plaisir esthétique a sa source « dans le libre jeu de l'imagination et de l'entendement ».

Libre jeu car l'imagination n'est pas subordonnée à l'entendement comme dans la connaissance où elle doit se plier à ses règles : si elle ne s'y plie pas elle divague, elle rêve, elle entrave la connaissance.

Face au beau qui n'est pas l'objet d'un jugement de connaissance (en langage kantien déterminant ) l'accord entre l'imagination et l'entendement ne suit aucune règle.

Par exemple lorsque nous écoutons une œuvre musicale, nous associons aux sons des images, ces images s'organisent et prennent un sens mais d'autres associations seraient possibles, un autre sens pourrait jaillir et c'est pour. »

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