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L'art doit-il nous faire oublier la réalité?

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« DÉVELOPPEMENT ON dit que l'artiste crée ; et cette création suggère qu'il a usé de son imagination pour engendrer une toute autre réalité que celle dont nous faisons l'expérience quotidiennement. Si c'est bien ainsi que l'artiste fonctionne, alors il semble que l'art ait pour but de nous faire oublier de la réalité. Cependant un tel oubli peut être ou positif - ayant une fonction cathartique - ou négatif - au sens où l'art nous divertirait (sens pascalien) c'est à dire, nous détournerait de l'essentiel.

Nous voyons donc que le sujet invite aussi à réfléchir sur ce que l'on appelle "réalité" : est-elle ce qu'il faudrait fuir à tout prix, le quotidien médiocre : métro boulot - dodo ? Auquel cas l'art serait ce qui nous réconcilie avec nous mêmes en nous ouvrant les portes du possible L'art ici serait médication de l'âme malade de ne pas pouvoir s'enrichir dans ce que lui offre le quotidien.

Où est-elle ? (la réalité).

Ce qui est essentiel, hors duquel nous risquons de sombrer dans le délire de l'imagination, voire de la folie ? Auquel cas, l'art serait le danger de l'illusion, du faux-semblant, le règne de l'apparence.

Notre réflexion sur l'art engage nécessairement une conception de la réalité qu'il faut mettre en évidence. 1) Dans quelle mesure l'art est-il ce qui masque la réalité ? Art en trompe l'oeil, illusions poétiques, gigantisme des lieux et des décors, démesure des héros de la littérature ! Tout ici nous révèle dans l'art un monde qui n'a pas de commune mesure avec le nôtre.

Les femmes en peinture sont plus belles que dans la réalité.

Les paysages ont quelque chose de magique tant dans dans la peinture que dans la littérature. Bref, l'art embellit la nature et lui confère un intérêt nouveau : la réalité ainsi manifestée peut plaire.

D'ailleurs, si l'art ne nous donnait à voir, à entendre que ce que nous connaissons déjà "nous fermerions ensemble le théâtre et le livre pour ne pas les rencontrer deux fois" dit A.

de Vigny.

Mais cela signifie que nous aimons l'art pour le divertissement qu'il procure et les illusions qu'il créé plus celles d'un monde métaphysiquement tout autre.

Or, nous risquons bien de céder à ses charmes, de nous laisser prendre au jeu, et d'être dupes de l'illusionniste qu'est l'artiste.

Ce dernier masque la réalité, il la recouvre d'un voile de prestige qui peut bien n'être qu'un illusoire.

Nous sommes alors dans un univers trompeur, où tout n'est qu'apparence, mais se donne malgré tout comme vrai.

On comprend ainsi, pourquoi Platon chasse les peintres et les poètes de la cité : ils risquent de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Cependant, à voir les choses sous cet angle, l'artiste devient le mauvais génie qui nous détourne de l'essentiel : à savoir connaître la réalité, afin d'atteindre la sagesse.

Mais l'art n'est pas réductible à un monument d'illusions, sans quoi il serait impossible de comprendre l'esthétique de la vérité. La conception platonicienne de l'art et du Beau. Thèse - Dévalorisation de l'art au nom de la vérité.

Cette dévalorisation a pour fondement la dévalorisation du monde sensible an nom de cette même vérité.

Et valorisation ontologique du Beau, Idée ou Essence. La critique platonicienne vise surtout les arts suivants : la poésie, la sculpture, la peinture. Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

et créditent le mensonge. b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable à celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en a que l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...

).

Par exemple le bon peintre est celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace à trois dimensions.

Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'il est.

L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.

les règles de 1a perspective). 2) Parce que l'art n'est qu'imitation.. »

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