L'ART (cours de philo complet)
Publié le 05/03/2024
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«
Chapitre : L’art
Introduction :
Le terme d’art vient du latin ars et du grec technè, et désignent tous les deux le savoir-faire, le talent, l’habileté.
L’art désigne une certaine disposition qui permet
à l’individu de produire.
Cette conception semble être générale, car on parle de l’art de la guerre, de diriger une nation, de diriger une famille.
L’art désigne à cet
effet l’habileté, c’est-à-dire le pouvoir de réaliser une opération ou une action de la façon la plus exacte, la plus conforme et la plus ingénieusement admirable.
L’art, dans son aspect particulier, désigne la capacité à transcender le réel et à apercevoir ses aspects non perceptibles pour les rendre visibles.
L’art est donc le
deuxième degré de la sensation.
Car, chez l’artiste, les moyens sensibles sont d’un autre degré que ceux des autres individus ordinaires.
Lorsque l’on dit d’un
maître qu’il enseigne avec art, cela suppose qu’il dispense ses cours de manière à exclure toute forme de défaillance devant empêcher ses disciples de saisir sans
détour l’information à transmettre.
Autrement dit, il dépouille le contenu de son cours de toute forme de difficulté qui l’empêcherait d’être compris.
L’art, ainsi,
défini, est cette aptitude pouvant pénétrer les cœurs des humains et apercevoir la nature pour dire ce qui est senti mais qui ne se dit pas facilement ou ce qui est
aperçu mais qui ne se décrit pas facilement.
Si l’art est capable de nous faire lire nos sentiments et la totalité de la nature, en quoi l’art est-il inutile ? Quelle
fonction peut-on réserver à l’art ? Ya-t-il une différence entre l’art et la technique ? En quoi une œuvre artistique se distingue-t-elle d’une œuvre artisanale ?
1)
Autour du mot
a)
L’inutilité de l’art chez Platon
La critique de Platon à l’encontre de l’art relève de son aspect particulier de l’imitation.
L’art d’imiter est pour Platon sans aucune utilité, surtout lorsqu’il imite
non pas la vérité, mais l’apparence de la vérité.
Car, imiter l’apparence c’est produire l’apparence de l’apparence qui n’est l’apparence elle-même encore moins
la vérité de cette apparence.
Or, qu’est-ce que fait l’artiste ? Dessiner un soleil levant ou un arbre n’est pas pour Platon une noble entreprise, ce nous éloigne de la
vérité.
Dans La République Platon nous dit : « Quel but se propose la peinture relativement à chaque objet ? Est-ce de présenter ce qui est tel qu’il est, ou ce qui
paraît tel qu’il paraît ; est-ce l’imitation de l’apparence ou de la réalité ? De l’apparence… L’art d’imiter est donc éloigné du vrai.
» Le vrai art doit être celui
qui nous aide non pas à percevoir l’apparence de la beauté, mais celui qui nous élève à l’apperception du Beau en soi source de toute les beautés sensibles.
La
vraie beauté n’est pas celle-là qui comme une fleure change sans cesse selon l’âge, selon l’heure ou selon la situation.
Une belle fille, une belle fleure, une belle
voiture, en un mot la beauté à travers les objets n’est pas la vraie beauté et ne représente pas le Beau.
Le Beau est incorruptible et reste sans affection ni de la génération, ni de la corruption, ni de l’accroissement, ni de la diminution.
Le Beau reste « soifi » comme
on le dit en arabe.
De même que Platon, Hegel dédaigne l’art de l’imitation de la nature.
Le but de l’art ne devrait pas être celui de la reproduction de la nature, ce
serait superflu, car « l’imitation ne produit jamais…des œuvre d’art ».
Le but de l’art et sa fonction la plus haute devraient être celui de la manifestation de
l’Esprit à travers la réalité, du Beau à travers les beautés.
b)
La mimèsis chez Aristote
Contrairement à ce que dit son maître Platon, Aristote soutient que l’art d’imiter est le propre de l’être humain.
C’est en imitant que l’être humain acquière de la
connaissance.
Dans La Poétique, Aristote montre qu’ « imiter est naturel aux hommes, il est naturel de prendre plaisir aux imitations ».
L’artiste n’est pas celui
qui fait une reproduction à l’identique, mais celui qui chercher à parachever le travail de la nature.
Ainsi, l’artiste doit « figurer les choses, ou bien telles qu’elles
figurent ou sont réellement, ou bien telles qu’on les dit et qu’elles semblent, ou bien telles qu’elles devraient être ».
Pour Aristote, la mimèsis, c’est-à-dire
l’imitation n’est pas un vain travail.
C’est en comparant le produit à son modèle, en s’efforçant d’identifier une œuvre à la nature que nous élevons le degré de
notre connaissance.
Loin d’être des efforts superflus, les œuvres artistiques nous élèvent à la connaissance des choses.
2)
Le rôle et le but de l’art
a)
La fonction de l’art chez Nietzsche
La pensée esthétique de Nietzsche n’épouse pas l’art classique qui réduit la beauté à ce qui se manifeste par son éclat et sa splendeur.
Elle n’est pas non plus l’art
qui véhicule les sentiments moraux.
Pour lui, l’art c’est d’abord et avant toute chose, l’art de la vie.
Or, il s’avère que la vie est le complexe dans lequel règnent le
malheur, le bonheur, la honte, les crimes, la charité, en un mot la vie est le tout.
Ainsi, le propre de l’art n’est pas de nous présenter des objets beaux, mais plutôt
de faire aimer la beauté qui est dans chaque chose.
Car, la vie étant un tout, la beauté est donc partout.
C’est pour cette raison que toute la pensée de Nietzsche est
considérée comme immorale.
La pensée de Platon s’oppose à l’art qui ne nous enseigne que l’apparence, la pensée de Nietzsche nous enseigne l’apparence.
L’art
n’est art qu’en tant que « consentement à l’apparence ».
C’est une pensée qui s’insurge contre toute forme d’interdiction, toute forme de morale : la seule morale
qui vaut pour lui est l’absence de toute morale.
Il nous dit que « c’est ici que je placerai l’idéal dionysiaque des Grecs : l’affirmation religieuse de la vie dans
son entier, dont on ne renie rien, dont on ne retranche rien ».
La morale est, pour lui, le pouvoir de vivre, c’est-à-dire d’explorer toutes les facettes de la vie.
L’esthétique de Nietzsche est « le grand stimulant de la vie ».
L’art doit donc être l’enzyme digestive de la vie, de sorte que si l’art vient à renoncer à sa vraie fonction, (celle de trouver du plaisir et de la beauté dans les
malheurs, dans la misère, dans les souffrances, dans les chagrins, dans les toutes les tragédies), elle perdrait même le nom de l’art.
C’est pourquoi il dit que « le
monde, si l’on en supprime la douleur, est inesthétique à tous les sens ».
Il faut dire que la philosophie esthétique de Nietzsche vise à révéler la beauté de ce
monde à travers toutes ses formes.
Son esthétique ne se réduit pas à la musique, à la sculpture, à la poésie, certes elles sont de l’art mais elles ne sont pas l’art.
L’art est pour lui l’art de supporter et d’admirer la vie dans son ensemble.
« Il n’y a pas d’art pessimiste », dit le philosophe Nietzsche.
Il faut tout admirer, même
la folie et nous devrons continuer « de jouir de temps en temps de notre folie pour continuer à jouir de notre sagesse ».
b)
L’artiste est un révélateur chez Bergson
Bergson aborde la question de l’art, dans une certaine mesure, dans la même optique que Nietzsche.
Le réel n’est pas visible chez les individus ordinaires.
Car, le
monde est caché à la fois par les étiquettes, mais aussi par nos moyens de perception et par nos occupations qui rivent notre attention aux objectifs de la vie
quotidienne.
Ces trois facteurs ont fait que les choses de la vie ne soient perçues qu’à travers le prisme de nos besoins.
C’est pourquoi tout le monde ne peut pas
percevoir les choses telles qu’elles sont.
Il faut naître artiste et être artiste pour avoir une vue globale des choses.
« On ne devient artiste que si on nait artiste »,
affirme-t-il.
Il ne suffit pas cependant de naitre artiste pour devenir artiste, on doit exercer à perfectionner ses aptitudes innées à être artiste, un peu à la manière
du bon sens cartésien qui nécessite de l’application.
Bergson dit que le sculpteur connait « la technique de son art » et sait « tout ce qui peut s’en apprendre ».
Être artiste, c’est être capable de se détacher de la vie, c’est-à-dire d’éviter ne regarder que les besoins de la vie.
Un artiste est celui qui cultive une inattention à
la vie afin de pouvoir multiplier son extension de la perception.
Dans son livre intitulé La Pensée et le Mouvement Bergson nous dit que « l’artiste est un homme
qui voit la réalité mieux que les autres parce qu’il regarde la réalité nue et sans voile ».
Il éduque sa perception en la détournant de nos objectifs ordinaires, à
nos passions subjectives, à toute forme d’un regard singulier afin de la hisser au rang d’une perception globale qui perçoit les....
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