L'appartenance a un groupe fonde-t-elle ou altère-t-elle l'identité individuelle ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet
Une appartenance, c'est une inclusion dans un ensemble plus large que nous.
Mais la notion d'appartenance à un
groupe signifie aussi un rapport de possession dans lequel on se trouve pris, première piste peut-être pour penser
une domination altérante du groupe sur l'individu.
La notion de « groupe » est très large, elle est plus générale que
celle, semblable, de « société ».
Un groupe est simplement un rassemblement d'individus, ce rassemblement pouvant
ne pas être organisé, contrairement au rassemblement désigné par le mot « société ».
Appartenir à un groupe, en
première définition, c'est donc s'inscrire dans un rassemblement d'individus – ce seront les conséquences de ce
rassemblement qu'il faudra interroger.
Deux pistes opposées sont d'emblée proposées par le sujet, en rapport avec
le problème de l'identité personnelle.
L' « identité personnelle » est une notion qui concerne l'individu seul, ou, plus
précisément, l'individu en tant qu'il est une « personne » - le mot « personne » désignant l'individu humain en tant
qu'il est un sujet moral, doté de caractéristiques uniques.
L' « identité », au sens premier du terme, c'est l'égalité de
soi à soi, qui confère à la personne humaine un caractère non interchangeable.
Affirmer son identité, c'est en
quelque sorte affirmer que l'on est soi et personne d'autre.
C'est cette identité personnelle qui est ici en jeu, sous le
rapport de sa fondation ou de son altération par l'appartenance à un groupe : fonder, c'est fournir des justifications
ou des bases à quelque chose, la fondation joue un rôle constitutif et originel sur l'objet qu'elle fonde.
Altérer au
contraire, c'est « rendre autre » (en cela d'ailleurs la notion d'altération s'oppose directement à la notion d'identité).
Ce verbe est généralement employé dans un sens péjoratif, si bien qu'altérer devient synonyme d' « abîmer », de
« porter atteinte à l'intégrité de », de « détruire ».
Le sujet propose donc deux pistes radicalement opposées sur la question du rôle que joue le fait d'appartenir à un
groupe sur l'individu humain en tant qu'il est un être pourvu d'une identité.
Il faudra interroger les rapports entre le
groupe et l'individu de manière à pouvoir évaluer ces deux pistes et en choisir une : l'identité de l'individu est-elle
effacée par le groupe auquel il appartient, parce que ce groupe aurait des traits de caractère dominant ceux de
l'individu ? (on peut penser par exemple aux idéologies autour desquelles des groupes, politiques ou non, se
constituent, aux phénomènes de fanatisme, etc.) Ou bien le groupe est-il au contraire le lieu d'épanouissement de
l'identité de l'individu, ou plutôt le lieu qui confère à la singularité de l'individu un statut d'identité, dans la mesure où
il lui permet d'exprimer cette identité et de la mettre au service du fonctionnement du groupe ?
Proposition de plan
I.
La question de la nécessité du rapport de l'homme à un groupe
Une première piste possible pour répondre au sujet consisterait à demander ce que signifie, pour un individu humain,
l'appartenance à un groupe : peut-il s'en passer ? Que devient un individu humain si on le coupe du groupe ? Il
semble bien que le souci d'appartenance à un groupe, et notamment au groupe formé par la société politique, soit
nécessaire chez l'homme, et qu'un homme retranché de tout rapport à un groupe ne serait peut-être pas un homme.
Autrement dit, l'appartenance à un groupe est une composante majeure du caractère humain, et on peut lui
attribuer un rôle fondateur pour l'identité humaine en tant qu'elle est sociale.
Descartes
« Il y a encore une vérité dont la connaissance me semble fort utile : qui est
que, bien que chacun de nous soit une personne séparée des autres, et dont,
par conséquent, les intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste
du monde, on doit toutefois penser qu'on ne saurait subsister seul, et qu'on
est, en effet, l'une des parties de l'univers, et plus particulièrement encore
l'une des parties de cette terre, l'une des parties de cet Etat, de cette
société, de cette famille, à laquelle on est joint par sa demeure, par son
serment, par sa naissance.
Et il faut toujours préférer les intérêts du tout,
dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier ; toutefois avec
mesure et discrétion, car on aurait tort de s'exposer à un grand mal, pour
procurer seulement un petit bien à ses parents ou son pays ; et si un homme
vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n'aurait pas raison de se
vouloir perdre pour la sauver.
»
Transition : s'il semble impossible d'évacuer la nécessité d'un rapport entre
l'homme et le groupe, il ne faut pas pour autant confondre l'identité de l'être
humain compris comme espèce avec l'identité de l'être humain compris comme
personne.
On pourrait peut-être avancer alors l'idée que la nature sociale de
l'homme contrevient à la singularité de son identité personnelle.
II.
A quelles conditions l'appartenance au groupe altère-t-elle l'identité personnelle ?.
»
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