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L'apparence est-elle mensonge ?

Extrait du document

« Vocabulaire: MENSONGE (n.

m.) 1.

— Assertion qui indique un fait auquel le locuteur ne croit pas, ou exprime une opinion qui n'est pas la sienne ; par ext., assertion contraire à la vérité.

2.

— Menteur (paradoxe du ) : argument sceptique contre la raison et paradoxe logique (auquel la théorie des types* donne une solution) : Épiménide le Crétois dit que les Crétois sont menteurs, donc il ment, mais alors les Crétois ne sont pas menteurs, donc il ne ment pas, mais alors il ment, etc. Apparence: Aspect extérieur d'une chose; façon dont elle se manifeste à nous. Aspect trompeur des choses, par opposition à ce qu'elles sont réellement. Du latin « apparere » qui signifie apparaître, l'apparence, c'est la manière dont une personne ou une réalité se présente à notre vue.

Ce qui apparaît ou se manifeste à nos yeux, c'est l'aspect extérieur d'une chose.

Or, cet aspect peut parfois être trompeur et même s'opposer à la réalité de la chose.

L'apparence peut donc être mensonge, autrement dit s'opposer à la vérité, qui seule fait voir l'être authentique des choses. Le beau Narcisse, amoureux de son image reflétée dans une eau limpide, en meurt de langueur.

Ramenant Eurydice des enfers, Orphée la perd, de nouveau et définitivement, en se retournant et en la regardant malgré l'interdiction. Cocteau nous montre, à son tour, un Orphée conduisant Eurydice en voiture et ne pouvant résister au plaisir de la voir dans le rétroviseur.

Le sens de ces mythes est, peut-être, qu'il faut se méfier des reflets qui nous donnent l'illusion de posséder l'objet reflété alors qu'ils n'en sont que l'image ou l'ombre.

C'est ainsi que Platon nous met en garde contre l'art qui n'est qu'une copie de la réalité, une apparence trompeuse.

Reste toutefois que, grâce à l'art, la copie demeure alors même que le modèle a disparu pour toujours. Mais si le prétendu modèle n'existe plus, n'est-ce pas parce qu'il était lui aussi la copie d'une réalité supérieure, éternelle, immuable ? C'est, en tous cas, ce qu'affirme Platon au livre VII de La République : le monde sensible n'est qu'apparence, ombre illusoire, comme en témoigne la fameuse allégorie de la caverne.

L'homme qui prend ce monde sensible pour la vraie réalité est semblable à ces prisonniers qui, depuis toujours, sont enchaînés dans une demeure souterraine en forme de caverne.

Ne pouvant changer de place, tournant à lamais le dos à l'orifice, ils n'ont devant leurs yeux que des ombres projetées sur la paroi qu'éclaire d'une clarté diffuse un feu lointain.

Ces ombres sont celles d'objets artificiels que promènent, tantôt parlant et tantôt silencieux, des hommes qui vont et viennent le long d'un mur, élevé sur la pente entre le feu et l'entrée de la caverne.

Ainsi, selon Platon, il existe un autre monde, le monde des Idées ou Formes, par rapport auquel ce monde sensible n'a pas plus de consistance qu'une ombre.

La connaissance dépasse donc la simple opinion en ceci qu'elle ne porte pas sur le monde sensible, mais qu'elle s'attache au monde intelligible dont le sensible n'est qu'un reflet.

Si les apparences, en tant que copies, reflètent un peu les Idées, ce n'est que de manière partielle.

La vérité est du côté des Idées et notre âme ne peut la contempler que si elle se détourne des objets sensibles qui la lient au corps.. »

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