L'anti-Oedipe
Extrait du document
«
« L'homme est la seule créature qui ait besoin d'être éduquée.
Les
animaux, dès qu'ils disposent de leurs forces, les utilisent normalement,
c'est-à-dire de manière à ne pas se nuire à eux-mêmes.
Un animal, grâce
à son instinct, est déjà tout ce qu'il peut être.
L'homme, par contre, a
besoin de sa raison propre.
Il n'a pas d'instinct et doit fixer lui-même le
plan de sa conduite.
Or, puisqu'il n'est pas immédiatement capable de le
faire, mais au contraire vient au monde pour ainsi dire à l'état brut, il faut
que d'autres le fassent pour lui.
La discipline empêche que l'homme soit détourné de sa destination, celle
de l'humanité, par ses penchants animaux ; elle constitue l'acte par
lequel on dépouille l'homme de son animalité.
L'état sauvage est
l'indépendance envers les lois.
La discipline soumet l'homme aux lois de
l'humanité et commence à lui faire sentir leur pouvoir contraignant.
Mais
il faut que cette expérience ait lieu très tôt.
L'homme ne peut devenir homme que par l'éducation ; il est possible que
celle-ci devienne toujours meilleure et que chaque génération, à son tour,
fasse un pas de plus vers le perfectionnement de l'humanité.
Car c'est
dans l'éducation que réside le grand secret du parachèvement de la
nature humaine.
» E.
KANT.
Kant, représentant de la philosophie des lumières, propose un idéal pour
l'humanité : l'éducation.
Et, comme tous les penseurs du xviiie siècle, il choisit comme référence l'animal, en songeant à
l'homme sauvage qui s'y rattache.
L'animal utilise tous ses instincts pour se protéger et ne pas se nuire à lui-même.
Il
est dès sa naissance « tout ce qu'il peut être ».
En revanche, l'homme se découvre sans instinct, contraint de se dicter les lois de sa propre conduite.
Or, dès sa
naissance, il ne peut tout seul élaborer de plan.
Donc, d'autres doivent le faire pour lui.
Et, Kant propose d'abord une
constatation.
Il s'agit de discipliner l'être car des penchants animaux le détourneraient de son véritable but.
Il faut
donc qu'une discipline très précoce éduque l'enfant puisqu'il risquerait de se laisser submerger par les instincts.
Cette éducation que chaque génération entreprend, correspond à l'histoire générale de l'humanité et chaque individu
collabore au grand dessein du «parachèvement de la nature humaine ».
Articulation des idées
- Kant commence par énoncer une idée générale: L'éducation est fondamentale, car c'est par elle que l'homme devient
réellement homme.
(L'homme est donc essentiellement un être culturel.)
- Il en tire une conséquence: Puisque ce qu'est l'homme dépend largement de son éducation, l'homme apparaît comme
perfectible.
–Il pose un problème: «Quelle est la limite de cette perfectibilité»? (En d'autres termes, quelles sont les limites
imposées à l'homme par sa nature – par ses «dispositions naturelles»?) Nous ne le savons pas, faute d'expérimentation
sur l'éducation.
– Il exprime sur ce plan un regret: Que ces problèmes d'éducation soient si négligés par les hommes
supérieurs, les «grands ».
Intérêt philosophique du texte
Il est multiple.
Ce texte pose en effet le problème de la valeur de l'éducation, et de la possible perfectibilité de
l'homme, problème qui dépend largement du rapport entretenu chez l'homme entre la culture et la nature: l'homme estil avant tout déterminé par sa nature (déterminisme biologique) ou est-il essentiellement un être culturel, donc
uniquement ce que l'éducation (entendue au sens large) le fait ?
I.
Introduction.
• Quelle est Vidée fondamentale du texte ? L'éducation est nécessaire à l'homme, mais celui qui a pour tâche de
l'éduquer étant, lui aussi, un homme, les problèmes posés par l'éducation ne semblent pas susceptibles d'être
dépassés.
• Le problème posé par ces lignes est celui de savoir si les apories liées à l'éducation sont, en droit tout au moins,.
»
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