Aide en Philo

L'angoisse en psychanalyse

Extrait du document

« « Le freudisme si fameux est un art d'inventer en chaque homme un animal redoutable, d'après des signes tout à fait ordinaires; les rêves sont de tels signes; les hommes ont toujours interprété leurs rêves, d'où un symbolisme facile. Freud se plaisait à montrer que ce symbolisme facile nous trompe et que nos symboles sont tout ce qu'il y a d'indirect. Les choses du sexe échappent évidemment à la volonté et à la prévision...

l'homme est obscur à lui-même; cela est à savoir.

Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme d'inconscient.

La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre moi; un moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller...

Il ne faut point se dire qu'en rêvant on se met à penser.

Il faut savoir que la pensée est volontaire; tel est le principe des remords : « Tu l'as bien voulu! », on dissoudrait ces fantômes en se disant simplement que tout ce qui n'est point pensée est mécanisme ou encore mieux, que ce qui n'est point pensée est corps, c'est-à-dire chose soumise à ma volonté, chose dont je réponds.

» ALAIN QUESTIONNEMENT INDICATIF • Qu'est-ce qui peut amener à penser (que l'on trouve cette pensée juste ou non) que le freudisme invente en chaque homme « un animal redoutable »? • Même question en ce qui concerne « l'inconscient est un autre moi; un moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses ». • Quels sont « ces fantômes »? Sont-ce « les remords »? • Quelle est, selon Alain, la caractéristique qui permet de différencier la pensée de ce qui n'est pas elle? Pourquoi le choix de cette caractéristique ? • De quoi relève, selon Alain, « ce qui n'est point pensée »? Pourquoi dit-il : « c'est-à-dire chose soumise à ma volonté, chose dont je réponds ». Que signifie « chose dont je réponds » ? • Quel est l'enjeu de ce texte ? - un enjeu d'ordre strictement scientifique (comment penser tains phénomènes)? - un enjeu moral (voire métaphysique)? Cf.

Éléments de philosophie d'Alain (Gallimard) notamment le chapitre XVI, livre deuxième : Ce texte d’Alain peut apparaître après une première lecture comme curieux dans la mesure où il se présente tout d’abord comme une critique de la croyance en l’inconscient pour développer ensuite une remise en question de la croyance en l’hérédité; y-aurait-il une analogie entre chacune d’elle? ne procède-t-elle pas toutes deux d’un même foi, qui serait peut-être mauvaise foi? En effet Alain nous présente ici l’inconscient comme un mythe, une erreur et une faute; croire en lui serait donc pécher contre la vérité, mais aussi le bien; la croyance supposant une adhésion volontaire. Selon Alain l’inconscient psychique n’existerait pas, il ne s’agirait que d’un hypothèse commode permettant la soumission de l’âme au corps et l’excusant, rendant possible l’abandon de toute responsabilité au nom d’un déterminisme psychologique, qui comme le déterminisme biologique présidant à la foi en l’hérédité, fait de moi une chose, m’enferme dans une nature contre laquelle je ne puis rien. Or pour notre auteur l’homme n’est pas une chose parmi les choses, il est avant tout sujet, c’est-à-dire un être doué de pensée, et la véritable pensée, qui ne peut être que consciente, est plus forte que le corps et peut et doit le soumettre à sa volonté. L’enjeu est donc ici d’affirmer la liberté, et la responsabilité morale qui en découle, pour l’homme considéré essentiellement comme sujet pensant. Cependant la thèse d’Alain repose sur une conception qui peut sembler discutable de l’inconscient, car si l’inconscient est pur mécanisme, comment expliquer qu’il puisse expliquer certains phénomènes psychologiques et psychopathologiques en comblant les lacunes de la conscience et en proposant des interprétations dont la pertinence est parfois troublante? Mais si l’hypothèse est défendable doit-elle pour autant conduire à l’abandon morale de soi? C’est toute la question que pose ce texte. Si la conception du moi; comme sujet pensant et autonome, indépendant de toute détermination lui étant extérieure; est une illusion; peut-être s’agit-il d’une illusion bienfaisante permettant au moi d’advenir, de passer de l’illusion à une réalité dont il aurait conscience de la relativité. Alain, professeur de philosophie, journaliste, écrivain se consacre à la diffusion d’une pensée rationaliste qui réfute les courants à la mode au profit de la « grande philosophie » traditionnelle, représentée, selon lui, par Platon, Descartes, Hegel, Comte.

Il considère la philosophie comme un instrument de libération où l’esprit maîtrise l’imagination et les désordres de la passion.

Cette victoire de la raison, qui est toujours à recommencer, passe par la soumission du corps et le rejet des inerties « qui, si on n’y prend garde, prennent le masque de la pensée.

» Aussi Alain refuse-t-il, chaque fois qu’il a à s’exprimer sur ce point, la croyance à l’inconscient.

Dans « Eléments de philosophie », il écrit : « L’inconscient est une méprise sur le moi, c’est une idolâtrie du corps.

On a peur de l’inconscient ; là se trouve logée la faute capitale.

Un autre moi me conduit qui me connaît et que je connais. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles