Langage et société
Publié le 06/02/2023
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«
Langage et société
Introduction
Dans l’Ancien Testament, les hommes décident de construire la tour de Babel dont le
sommet touche le ciel.
Pour les punir de leur orgueil, Dieu invente plusieurs langues,
empêchant ainsi les hommes de se comprendre les uns les autres.
Cet épisode biblique
présente la pluralité des langues humaines comme le résultat d’une sanction divine : Dieu
divise les hommes vaniteux en divisant les langues.
Cet exemple montre bien l’importance
du langage dans les sociétés humaines.
Elle permet de communiquer les uns avec les
autres.
Ainsi de les unir ou les diviser.
L’homme est doté du langage, c’est ce qui le différencie de l’animal .
“ Seul parmi les
animaux, l’homme a un langage” nous dit Aristote dans son ouvrage Les politiques.
Dans ce même ouvrage, il s’interroge sur le but de ce langage, je cite : “ Le Langage existe
en vue de manifester l'avantage et le nuisible, et par suite aussi le juste et l’injuste”.
Le langage humain permet également de communiquer avec les autres individus ce qui est
« utile ou nuisible » à l’individu ou au groupe mais il ne se limite pas à cela.
Fondé sur la
raison, le langage humain permet à l'homme de se doter de valeurs, de lois et de règles de
vie qui vont orienter ses actions.
Au sens large, le langage désigne un système de signes
permettant de transmettre une information.
Au sens restreint, c’est la faculté universelle
d’utiliser une langue et de pouvoir ainsi exprimer des pensées par un système de signes.
Omniprésent dans la société, le langage est élaboré, préservé et modifié par les interactions
sociales, et constitue une partie intégrante des représentations collectives.
La société quant à elle peut être définie comme un ensemble de relations spontanées,
fondées sur des rapports de dépendance, et un ensemble de relations fondées sur un
accord réciproque.
Du latin “societas” elle désigne l'association des hommes.
La relation du langage à la société est facilement constatable, puisque la vie sociale n’est
constituée qu’en grande partie par la communication des individus entre eux.
Le langage a
pour force de constituer la vie sociale.
La société va aussi apporter au langage.
Il y a donc
un rapport univoque entre langage et société.
Problématique : Or, dans quelle mesure ce rapport univoque s’exprime t-il?
Plan : Mon plan va se découper en 3 parties.
Pour commencer nous verrons que le langage
est au fondement même des sociétés, avant de voir qu’il à comme fonction l’union, puis pour
finir qu’il est propre à l’homme.
I) LE LANGAGE : UN ÉLÉMENT INDISPENSABLE À LA SOCIÉTÉ
Dans un premier temps, le langage est interrogé par les plus grands philosophes pour
essayer d’expliquer sa fonction dans la société.
1) Le Langage au fondement de la société.
Tout d’abord, le langage rationnel appelé logos en grec, apparaît comme
fondateur de la cité humaine puisque le fait de partager et d’exprimer les notions morales est
ce qui rend possible la vie en communauté.
La société est définie par le philosophe à la pensée naturaliste Diderot, dans son ouvrage
Supplément au voyage de Bougainville publié en 1772 : “Nous n’apportons en naissant
qu’une similitude d’organisation avec d’autres êtres, les mêmes besoins, de l’attrait vers les
mêmes plaisirs, une aversion commune pour les mêmes peines”.
Il définit, ici, la société par
l’homme.
En effet , les hommes vivent en société, or celle-ci n’est pensable que si ses membres
peuvent échanger, c’est-à-dire communiquer.
Comme le souligne le philosophe Henri
Bergson, la fonction première du langage « est d’établir une communication en vue d’une
coopération » Fondateur de la relation sociale, le langage a pour principale fonction la
communication entre les membres de la société.
2) Le langage a Plusieurs définitions ( comme expressions)
D’autres philosophes s'interrogent sur la fonction du langage dans la société.
C’est le cas de
John Locke.
Pour lui, c’est surtout les idées que le langage permet de partager.
Il le montre
dans son ouvrage publié en 1690 intitulée Essai philosophique concernant l’entendement
humain : « comme on ne saurait jouir des avantages et des commodités de la société sans
une communication de pensées, il était nécessaire que l’homme inventât quelques signes
extérieurs et sensibles par lesquels ces idées invisibles, dont ses pensées sont composées,
puissent être manifestées aux autres »
Le philosophe du 18ème siècle, Rousseau s'essaye également à définir le but du langage.
Il
en conclut que la parole a d’abord servi à communiquer des sentiments et non des besoins,
c’est ce qu’il explique dans son Essai sur l’Origine des Langues (posthume 1781): « Ce n’est
ni la faim, ni la soif, mais l’amour, la haine, la pitié, la colère, qui ont arraché aux hommes
les premières voix ».
Le langage dans la société se définit de plusieurs façons selon les philosophes.
On voit ici
que c’est la vie sociale et ses exigences qui conduisent à l’élaboration d’un système de
signes efficace qui permette de se comprendre en société, “ en sorte que chaque particulier
ne se croie plus un , mais de l’unité, et ne soit plus sensible que dans le tout”, d'après
Rousseau dans son ouvrage Du contrat social en 1792.
3) L’interdépendance de la société et du langage
Ensuite les liens entre société et langage sont très étroits, il est difficile d’imaginer l’un
sans l’autre.
La philosophie grecque a su percevoir très tôt cette interdépendance.
Cette interdépendance est perçue aussi par des contemporains comme le linguiste du
20ème siècle Emile Benveniste.
Il résume explicitement le caractère inséparable de ces deux phénomènes dans Problèmes
de linguistique générale publiés en 1964 : « En posant l’homme dans sa relation avec la
nature ou dans sa relation avec l’homme, par le truchement du langage, nous posons la
société...
langue et société ne se conçoivent pas l’une sans l’autre ».
Ici L’existence de l’homme est une relation dont le langage est le médiateur (truchement)
dans un rapport de communication,et ayant pour cadre la société.
Celle-ci se constitue
justement par le fait d’entrer en relation et de communiquer au moyen du langage.
Rousseau le dit également dans son ouvrage Emile ou de l’éducation, publié en 1762 :
"L'homme civil n’est qu’une unité fractionnaire qui tient au dénominateur et dont la valeur est
dans son rapport avec l’entier qui est le corps social”.
Ici, Rousseau met en avant
l'importance du corps social pour l’homme civil.
Ce corps social synonyme de la société
n’est possible que par le langage.
II) Le langage créer des coutumes et permet une union
Dans un second temps, si le langage est au fondement de la société, il crée des us et
coutumes propres à chacune des sociétés.
1) Diversité des cultures, diversité des sociétés.
Les coutumes diffèrent selon les sociétés.
C’est ce qui les différencie les unes aux autres.
Chacune d’entre elles en possède.
En anthropologie notamment, il s’agit d’établir une
opposition entre état de nature et état de culture.
C’est ce que le langage a permis de faire :
sortir de l'état de nature et faire de l’homme un homme civil dans une société organisée.
A propos du passage de la nature à la culture, il convient de relever les études de
Lévi-Strauss.
Celui-ci considère que l’ensemble des coutumes, rites et autres pratiques
sociales qui constituent les caractéristiques essentielles de chaque culture, sont spécifiques
à l’esprit humain.
Par ailleurs, il avance également 3 autres idées centrales :
1.
L’homme refuse les autres cultures que la sienne, et tend à les fuir, il les « répudie ».
2.
Ainsi l’homme appelle culture tout ce qui ne correspond aux normes qu’il a fixées
3.
C’est donc en refusant d’autres cultures, en refusant cette pluralité des cultures, que
l’homme institue sa propre culture
« on refuse d’admettre le fait même de la diversité culturelle ; on préfère rejeter hors de la
culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit».
Nous dit l'anthropologue dans Race et Histoire
Cette pensée est également présente chez Hérodote.
Dans son livre Enquête, il oppose la
culture grec et indienne au temps de Darius.
La culture grec brûle le corps des défunts
tandis que la culture indienne le mange.
Pour chacun d’entre eux la culture de l’autre est
barbare.
Il en conclut, je cite : ‘“ Que l’on propose à tous les hommes de choisir entre les
coutumes qui existent celles qui sont les plus belles et chacun désignera celle de son pays tant chacun juge ses propres coutumes supérieures à tous les autres.
Tous les hommes
sont convaincus de l’excellence de leurs coutumes”.
Cette idée est ensuite reprise par Montaigne.
Le philosophe du 16ème siècle interroge
également sur les cultures qui diffèrent selon les sociétés.
Il avance cette idée dans Les
Essais publié en 1588, je cite : “ Il est des peuples où l’on tourne le dos à celui que l’on
salue, et ne regarde jamais celui qu’on veut honorer.
Il en est où, quand le roi crache, la plus
favorite des dames de sa cour tend la main; et en autre nation les plus apparents qui sont
autour de lui, se baissent à terre pour ramasser en du linge son ordure.” Ainsi Montaigne
montre bien que les coutumes sont propres à chaque société humaine.
Cependant, “chacun appelle barbarie ce qui n’est point de son usage” selon Montaigne dans
Les Essais.
En effet, chaque société pense que la culture qui ne leur est pas propre est
barbare.
Si les us et coutumes permettent d’unir les hommes dans la société, elle permet
tout de même de les différencier.
2) Les coutumes seulement pour les hommes
Par ailleurs, ces coutumes sont un phénomène essentiel à l'homme et aux sociétés.
Ce
n’est par exemple pas le cas chez les animaux.
En cela les coutumes différencient l’homme
de l’animal.
La culture est bien une spécificité de l’homme car elle est universelle tout en prenant des
formes extrêmement variables dans le temps et dans l’espace.
Cette spécificité ne
s’applique pas chez les animaux car la culture s'applique aux sociétés dotée de langage.
De plus, la culture n’existe que dans la conscience des hommes comme le dit Lévi-strauss.
Pour illustrer son propos, il prend l'exemple de la famille dans Anthropologie structurale.
Selon lui : “ la famille biologique est présente et se prolonge dans la société humaine.
“ Il est
un système arbitraire de représentation et non le développement spontané d’une situation
de fait.
Il continue dans l’idée que cela n'existe que dans la conscience de l'homme et par définition
pas les animaux puisque ces derniers n’ont pas de conscience
3) La culture grâce au langage.
Le trait culturel le plus caractéristique des sociétés humaines est le langage.
En effet, le
langage est l’instrument essentiel, le moyen privilégié par lequel les individus assimilent la
culture de leur groupe.
Un enfant apprend sa culture parce qu’on lui parle : on le
réprimande, on l’exhorte, et tout cela se fait avec des mots.
Toute société humaine est dotée d’une culture spécifique, qui est le fruit de son histoire.
L’idée de « culture » renvoie par conséquent à une diversité de mœurs, de croyances, de
comportements qui se sont construits au sein de chaque société.
Ainsi, on n’adhère pas aux
mêmes valeurs ni aux....
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