L'amitié peut-elle être le fondement de la vie en société ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet:
L'amitié désigne une affection réciproque entre deux individus n'appartenant pas à la même famille.
Elle envisage une certaine relation en dehors de la famille.
Or, la vie en société est précisément une vie qui se trouve en
rapport avec des individus avec lesquels nous n'avons pas de lien de parenté.
Faire de l'amitié le fondement de la vie en société est reconnaître que ce sentiment est ce qui permet
de réguler les rapports sociaux, à la place, ou conjointement à la loi.
Mais, là où la loi est un arbitrage impartial, l'amitié est
une entente qui se passe de tout
Il faut ensuite remarquer que la question posée n'est ni l'amitié est-elle le fondement, ni l'amitié
doit-elle être le fondement de la vie en société ? Elle interroge la possibilité de faire de l'amitié ce fondement.
Le fondement est aussi ce qui a lieu avant, l'amitié serait alors un sentiment unissant un ensemble
d'individus qui décident de faire une société.
Problématisation:
L'amitié est un bien rare, prétendre en faire le fondement de la vie
puisse être ami avec tout le monde, n'est-ce pas reléguer l'amitié à une sorte
l'amitié peut être le ressort d'une vie sociale plus heureuse, elle ne doit pas être
plus comme un hasard de parcours.
N'est-ce pas bien plutôt le type de société
d'amitié ?
en société, suggérant de la sorte que l'on
d'hypocrisie, de formule de politesse ? Si
considérée ni comme un fondement ni non
qui encourage ou décourage des relations
Proposition de Plan:
1.
L'amitié et la société politique.
a)
L'amitié se dit « philia » en grec, elle est considérée comme quelque chose de fondamental par la
philosophie grecque pour la vie en communauté.
Si bien que l'amitié est considérée comme un bien
précieux, une fin en soi qui ne vise pas une quelconque utilité.
On peut avoir des relations sans pour
autant être de véritables amis.
L'amitié réelle est une véritable empathie entre deux individus qui se
considèrent l'un l'autre comme des égaux.
C'est de cette amitié réelle dont il est question dans la citation
suivante d'Aristote : « Si les citoyens pratiquaient entre eux l'amitié, ils n'auraient nullement besoin de la
justice ».
Autrement dit, là où il y a des amis, il n'y a pas besoin de penser comment obliger les individus à
respecter les lois.
Envers des amis on respecte « naturellement » l'équité c'est-à-dire qu'on l'envisage non
pas comme quelqu'un d'inférieur, qu'on méprise ou quelqu'un de supérieur qu'on adore.
L'amitié véritable
est un amour d'homme d'égale vertu.
Puisqu'on a besoin de la justice, c'est que l'amitié ne régule pas l'ensemble des rapports sociaux.
Il faut alors penser un autre modèle : celui d'un contrat.
Selon les philosophes du contrat comme Locke, la
société est naturelle, les hommes sont des êtres naturellement sociables.
Mais cette inclination naturelle
n'est pas de l'amitié, elle est une relation de bonne entente qui naît à la suite d'une autre fin que vise la
société à savoir l'utilité.
Les hommes s'associent en vue d'un plus grand bien, c'est une longue habitude de
la vie en société qui peut donner naissance à de bonnes relations, à la sympathie.
Mais, contrairement à
l'amitié parfaite, elle est insuffisante, c'est son insuffisance qui rend nécessaire l'Etat garant du respect des
lois naturelles.
Le contrat moderne s'oppose à une relation d'amitié première car les termes du contrat sont des
individus qui entre eux n'ont pas d e rapport pacifiques.
Le rapport juridique qui juge en équité deux
individus est une forme de régulation qui fait intervenir un arbitre là où des amis peuvent s'accorder.
b)
c)
2.
L'amitié domaine de la société civile.
a)
Les rapports sociaux ne font pas toujours intervenir des rapports d'ordre juridique.
Mais la vie sociale se
régule-t-elle par l'amitié ? Pour que l'amitié réelle soit possible il faut que l'individu ne soit pas tout à fait
renfermé sur lui-même, que son amour propre ne soit pas trop développé.
Or, la vie en société corrompt
l'homme en alimentant son désir d'être aimé plus que tout autre.
L'amitié étant une relation entre deux
individus qui s'entre-aiment, l'amour propre est contraire à l'amitié.
b)
Mais ceci n'est valable que pour une certaine sorte de société.
La société inégalitaire ne permet pas de
relation d'amitié.
Dans le domaine du travail il n'y a pas d'amitié possible entre des statuts, la jalousie,
l'admiration, le mépris mais aussi l'utilité réciproque empêchent une réelle amitié.
Pour que l'amitié soit
possible il faut que les amis soient égaux.
On comprend alors pourquoi on se fait des amis dans des lieux
où règne l'égalité.
c)
De plus la société peut être envisagée comme une société de conflit d'intérêts.
L'intérêt des plus riches
n'est pas compatible avec celui des plus pauvres.
Plus que l'amitié, c'est l'animosité qui régule les rapports
entre les groupes sociaux.
Mais, au sein de ces groupes, une sorte d'amitié procédant d'une communauté de
goût peut naître.
Tocqueville écrit : « En politique, la communauté des haines fait presque toujours le fond
des amitiés ».
Conclusion :
L'amitié n'est pas le fondement de la vie en société, au contraire c'est la société qui peut encourager ou décourager
ce type de relation.
L'amitié étant un bien en soi et la société ne trouvant sa justification que dans le bien qu'elle apporte à
ses membres, la société doit le plus possible permettre ce genre de relation.
Cela ne peut se faire qu'en ne mettant pas les
individus dans une compétition de tous les instants qui flattent trop leur amour propre, mais au contraire en favorisant
l'égalité..
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