Laing (Ronald)
Extrait du document
«
Commentaire de texte.
Schopenhauer, Le Monde comme volonté et
comme représentation.
Malgré la diversité des cultures à travers le temps et les âges, il est une
constante qui semble toutes les traverser et que l’on retrouve toujours à plus
ou moins grande échelle dans les diverses sociétés humaines : le besoin de
religion de l’homme.
Si on peut ainsi s’interroger sur le ou les fondements
communs des religions, il n’en demeure pas moins que ce questionnement est
nécessairement extérieur à la religion, car en effet, cela suppose que les
religions soient des inventions humaines et non pas révélations, don des dieux,
c’est-à-dire qu’elles n’ont pas une origine noble.
Dès lors, il s’agit de s’interroger
sur le fondement "bassement" humain des religions et se demander à quel intérêt
et quel besoin, les religions ne font que répondre.
C’est ainsi que Schopenhauer
dans ce texte extrait du Monde comme volonté et comme représentation
défend l’idée que l’intérêt, la « grande affaire » des religions c’est le dogme d’une
existence qui ne se finit pas avec la mort.
Cette idée est ainsi, non seulement, à
la base des religions mais elle est, bien plus que les dieux, leur unique
préoccupation.
Ainsi du début du texte jusqu’à "se comprendraient d’elles-mêmes",
Schopenhauer commence par expliquer pourquoi, pour l’homme, le monde fait
problème, pour ensuite montrer, de "aussi voyons-nous" à " les connaître de plus
près ", en quoi les religions sont une réponse à cela avec l’idée que les religions résident uniquement sur le dogme de
l’immortalité.
Enfin, dans un dernier moment du texte, de " On irait jusqu'au bout " à la fin du texte, il pousse son
raisonnement jusqu’à sa dernière conséquence : les religions reposent entièrement sur le dogme de l’immortalité et dès
lors, non seulement les dieux sont accessoires mais ils peuvent être niés.
I- Début du texte jusqu’à "se comprendraient d’elles-mêmes" : la besoin métaphysique de l’homme.
+ Schopenhauer commence par une considération générale qui est comme une sous-thèse dans ce texte : le
monde n’est problématique pour nous qu’en tant que notre existence est finie et que nous souffrons.
Pourquoi cela ?
"infinie" : or nous sommes des êtres mortels, et qui plus est, qui sommes conscients de l’inéluctabilité de notre mort :
dès lors se pose le problème du sens de notre existence, vers quelle fin se dirige-t-elle ? Qu’y’a-t-il après ? Autant de
questions qui ne se poseraient peut-être pas si notre vie continuait toujours et qui supprimerait cette absurdité d’une
existence qui se finit sans plus de raisons qu’elle n’avait de commencer.
"sans douleur" : la douleur physique mais aussi, et surtout, la douleur morale.
Là aussi, Schopenhauer montre bien une
spécificité de l’existence humaine, on s’interroge peut-être d’abord sur le monde parce qu’on souffre, et non pas de
façon désintéressée.
En effet, à la différence des dieux nous sommes aussi des sujets empiriques, nous vivons dans un
monde et nous y souffrons, or on ne peut qu’être étonné de sa souffrance et de celle d’autrui, en effet, comment
sont possibles certaines douleurs, comment les justifier, pourquoi l’existence dans ce monde va de pair avec elles ?
Ainsi l’incompréhension face à la mort d’un enfant par exemple, comme on l’entend souvent, "de tels événements ne
devraient pas être possible ".
Ainsi, Schopenhauer montre ici que sans cette douleur le monde irait de soi, il ne ferait
peut-être pas autant problème.
Ainsi c’est parce que l’homme a une existence finie et qu’elle est faite de douleur qu’il peut arriver à étonnement et à
un questionnement métaphysique, l’expression « pourquoi le monde existe » fait ici évidemment référence à Leibniz qui
posait la question métaphysique par excellence en des termes proches : "pourquoi y’a-t-il quelque chose plutôt que
rien ?".
L’autre question, sur la nature particulière du monde, est aussi un exemple-type de question philosophique,
mais développe encore l’idée de la finitude et de la douleur : pourquoi le monde a cette nature particulière, comment
se fait-il qu’on souffre et qu’on meurt dans ce monde.
On comprend ainsi pourquoi, si notre vie était sans douleur et infinie, les choses se comprendraient d’ellesmêmes, ce n’est pas parce qu’elles deviendraient d’un coup plus compréhensibles et plus claires, mais parce qu’elles
cesseraient de faire problème, elles n’étonneraient plus.
Si il n’y a plus cet étonnement voire ce scandale de la
mort et de la douleur, il n’y a plus d’interrogation, il n’y a plus de philosophie.
II- De "aussi voyons-nous" à "l’impossibilité absolue de l’immortalité" : la religion repose l’uniquement sur le
dogme de l’immortalité.
Dans ce second mouvement du texte, Schopenhauer montre ainsi en quoi les systèmes religieux sont une réponse à ce
problème que constitue l’existence, réponse qui consiste, justement, à supprimer le problème en proclamant une
existence infinie.
+ Il est à noter que Schopenhauer parle des religions au pluriel, montrant par là qu’elles ne reposent au fond que sur
ce problème de la finitude commun à toute l’humanité.
Cette thèse est ainsi extrêmement féroce à l’encontre de toutes
religions, elles ne varient que selon les formes mais le fond est identique : elles ne reposent que sur un besoin de
l’homme.
Dès lors, il supprime aussi à chacune la prétention à un fondement transcendant (révélation divine par
exemple)..
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