l'affirmation de ma liberté peut-elle ce concilier avec le principe de mon appartenance a la nature ?
Extrait du document
«
Les deux propositions sont-elles en opposition, ou peut-on les affirmer indépendamment l'une de l'autre ? Et si
chacune a une incidence sur l'autre, se remettent-elles en question ? En étant libre, l'homme n'est-il pas soumis à
des lois ? Et si la nature est soumise, n'est-ce pas par l'action humaine (qui crée les lois) et par elle-même ?
Comment est-il possible de parler de soumission de la nature ? Obéit-elle à une volonté qui lui serait supérieure ?
L'opposition : du côté de l'homme, la liberté ; du côté de la nature, la soumission, est-elle pertinente ? L'homme
n'est-il pas soumis lui-même aux lois de la nature ? Cela contredit-il sa liberté ? Que faut-il entendre par liberté ?
Que suppose la liberté (penser à la notion de volonté, etc.) ? Et de même, qu'est-ce que la nature ? la soumission ?
les lois (sans doute ici celles de la nature : mais l'homme n'est-il pas aussi soumis à des lois ? Sont-ce les mêmes ?)
? De même, la nature est certes soumise à des lois.
Mais ces lois, lui sont-elles imposées de l'extérieur ?
[Introduction]
On dit que l'homme est libre (même sans trop préciser le sens de l'adjectif).
On sait d'autre part que la nature obéit
à des lois qui en déterminent tous les phénomènes.
Communément, on ne perçoit pas de contradiction entre ces
deux affirmations ; à quelle condition pourrait-il y en avoir une ?
[I — Le déterminisme de la nature]
a.
Rappeler la définition d'une loi : énoncé d'une relation constante entre deux phénomènes.
b.
Qui découvre les lois de la nature ? Évidemment, pas la nature elle-même, mais l'homme (en tant que chercheur
scientifique).
c.
Ce qui suppose une distance entre l'homme interrogeant la nature pour en découvrir les lois et la nature
interrogée.
[II — L'homme est-il un être de nature ?]
a.
Opposition classique entre nature et culture (pour caractériser l'homme) : loi d'un côté, règle de l'autre.
b.
Ce qui distingue l'homme de l'ordre naturel (= les éléments qui marquent l'émergence de la culture) : interdit de
l'inceste, travail, connaissance de la mort (cf.
Hegel, ou Bataille).
Dans « Les structures élémentaires de la parenté », Lévi-Strauss a tenté de répondre à cette double
question.
La première méthode, dit-il, et la plus simple pour repérer ce qui est naturel en l'homme, consisterait à
l'isoler un enfant nouveau-né, et à observer pendant les premiers jours de sa naissance.
Mais une telle approche
s'avère peu certaine parce qu'un enfant né est déjà un enfant conditionné.
Une partie du biologique à la naissance
est déjà fortement socialisé.
En particulier les conditions de vie de la mère pendant la période précédant
l'accouchement constituent des conditions sociales pouvant influer sur le développement de l'enfant.
On ne peut
donc espérer trouver chez l'homme l'illustration de comportement préculturel.
La deuxième méthode consisterait à recréer ce qui est préculturel en l'animal.
Observons les insectes.
Que
constatons-nous ? Que les conduites essentielles à la survivance de l'individu et de l'espèce sont transmises
héréditairement.
Les instincts, l'équipement anatomique sont tout.
Nulle trace de ce qu'on pourrait appeler « le
modèle culturel universel » (langage, outil, institutions sociales, et système de valeurs esthétiques, morales ou
religieuses).
Tournons-nous alors vers les mammifères supérieurs.
Nous constatons qu'il n'existe, au niveau du langage, des
outils, des institutions, des valeurs que de pauvres esquisses, de simples ébauches.
Même les grands singes, dit
Lévi-Strauss, sont décourageants à cet égard : « Aucun obstacle anatomique n'interdit au singe d'articuler les
sons du langage, et même des ensembles syllabiques, on ne peut qu'être frappé davantage par sa totale incapacité
d'attribuer aux sons émis ou entendus le caractères de signes .
» Les recherches poursuivies ces dernières
décennies montrent, dit Lévi-Strauss que « dans certaines limites le chimpanzé peut utiliser des outils élémentaires
et éventuellement en improviser », que « des relations temporaires de solidarité et de subordination peuvent
apparaître et se défaire au sein d'un groupe donné » et enfin qu' « on peut se plaire à reconnaître dans certaines
attitudes singulières l'esquisse de formes désintéressées d'activité ou de contemplation ».
Mais, ajoute LéviStrauss, « si tous ces phénomènes plaident par leur présence, ils sont plus éloquents encore –et dans un tout
autre sens, par leur pauvreté ».
De plus, et c'est là sans doute la caractéristique la plus importante, « la vie sociale
des singes ne se prête à la formulation d'aucune norme ».
A partir de cette constatation, Lévi-Strauss indique ce qui lui semble être le critère de la culture : « Partout où la
règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'étage de la culture.
» Mais les règles institutionnelles qui
fondent la culture sont particulières et varient d'une société à l'autre.
On peut donc affirmer que l'universel, ce qui
est commun à tous les hommes, et la marque de leur nature.
C'est donc ce double critère de la norme (règle) et de
l'universalité qui permet –dans certain cas- de séparer les éléments naturels des éléments culturels chez l'homme :
« Posons donc que tout ce qui est universel chez l'homme relève de la nature et se caractérise par la spontanéité,
que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du
particulier.
» Mais ce double critère posé, nous nous trouvons confrontés avec un fait unique en son genre : la.
»
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