L'activité du génie diffère-t-elle de toutes les autres comme on le pense généralement ?
Extrait du document
«
Introduction
On postule généralement qu'il existe une opposition radicale entre le génie (naturel, inspiré, etc.) et les autres
actions de l'homme.
D'un côté, le don, l'inspiration et le mystère impénétrable et de l'autre, le labeur.
La question est de savoir si l'activité du génie est favorisée par la nature ou les dieux ou bien si l'active intelligence
rend compte de l'oeuvre d'art.
Inspiration divine, nature ou labeur ? D'où le problème : suffit-il d'être doué pour être
artiste ?
A) Opposition tranchée entre l'activité du génie et les autres activités (thèse)
C'est ce que juge Platon : mais en quoi consiste la création de cette oeuvre d'art que nous définissons comme
essence spirituelle des choses ? Ici surgit le fameux problème de l'inspiration artistique.
Créer, n'est-ce pas d'abord
être inspiré par les dieux ou les Muses ?
Pour Platon, le poète crée grâce à un don divin, un délire, un enthousiasme.
L'artiste détient un mystérieux privilège : la suggestion divine le pousse à composer ou peindre, lui qui ne connaît
rien à tout ce qu'il fait.
Ce n'est point de sang-froid que l'artiste travaille, il est, au contraire, relié à la chaîne des
Muses.
« C'est chose légère que le poète, ailée, sacrée ; il n'est pas en état de créer avant d'être inspiré par un
dieu, hors de lui, et de n'avoir plus sa raison; tant qu'il garde cette faculté, tout être humain est incapable de faire
oeuvre poétique.
» (Platon, Ion, Belles Lettres).
B) Le génie est labeur et il n'y a pas d'opposition (antithèse)
Et si le poète ou l'écrivain dissimulaient leurs laborieux efforts, leur travail mille fois répété, leurs manuscrits raturés
? Et si le génie était un dur labeur ? Telle est bien la thèse de Nietzsche.
La croyance au « miracle » poétique prend
naissance dans le goût de l'homme pour ce qui est fini et parfait.
"L'activité du génie ne paraît pas le moins du monde quelque chose de
foncièrement différent de l'activité de l'inventeur en mécanique, du
savant astronome ou historien, du maître en tactique.
Toutes ces
activités s'expliquent si l'on se représente des hommes dont la pensée
est active dans une direction unique, qui utilisent tout comme matière
première, qui ne cessent d'observer diligemment leur vie intérieure et
celle d'autrui, qui ne se lassent pas de combiner leurs moyens.
Le génie
ne fait rien que d'apprendre d'abord à poser des pierres, ensuite à bâtir,
que de chercher toujours des matériaux et de travailler toujours à y
mettre la forme.
Toute activité de l'homme est compliquée à miracle,
non pas seulement celle du génie, mais aucune n'est un « miracle ».
D'où
vient donc cette croyance qu'il n'y a de génie que chez l'artiste,
l'orateur et le philosophe ? Qu'eux seuls ont une « intuition » ? [...] Les
hommes ne parlent intentionnellement de génie que là où les effets de la
grande intelligence leur sont le plus agréables et où ils ne veulent pas
d'autre part éprouver d'envie.
Nommer quelqu'un « divin », c'est dire : «
ici nous n'avons pas à rivaliser ».
En outre, tout ce qui est fini, parfait,
excite l'étonnement, tout ce qui est en train de se faire est déprécié.
Or
personne ne veut voir dans l'oeuvre de l'artiste comme elle s'est faite;
c'est son avantage, car partout où l'on peut assister à la formation, on
est un peu refroidi."
Questions
1) Dégager la thèse du texte.
2) Expliquer les passages suivants du texte :
a) « Le génie ne fait rien que d'apprendre d'abord à poser des pierres, ensuite à bâtir, que de chercher
toujours des matériaux et de travailler toujours à y mettre la forme.
» ;
b) « mais aucune n'est un " miracle " » ;
c) « Les hommes ne parlent intentionnellement de génie que là où les effets de la grande intelligence leur sont
le plus agréables et où ils ne veulent pas d'autre part éprouver d'envie.
»
1) Dégager la thèse du texte
Le génie, montre Nietzsche, n'est pas le fruit de l'inspiration — comme le voulait Platon, qui pensait que le
poète crée par l'effet d'un don divin — ni une disposition innée, ne résultant d'aucun apprentissage — comme
le voulait Kant, pour qui le créateur ne décrit pas comment il crée, et ce dans la mesure où, à travers le génie,
la nature prescrit ses règles à l'art —; il est, au contraire, le produit d'un long travail, proche de l'activité
artisanale.
Nul miracle dans le génie, mais du labeur et des efforts..
»
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