L'action requiert-elle décision d'un sujet ?
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Introduction :
1/ Commençons par une analyse des termes du sujet :
- L'Action peut être définie comme un effet de la volonté (en ce sens, un effet sans volonté n'est pas une action).
L'action comprise en ce sens est ce qui permet de faire ce qu'on veut, et par la même, d'être libre.
L'action semble
donc impliquer une soumission du corps à l'âme (et c'est en ce sens qu'elle serait libre).
En ce sens, l'action serait à opposer à la passion : dans ce cas, c'est semble t-il le corps qui commande, et non
l'esprit (et c'est pourquoi la liberté semble ici se perdre).
- La décision peut pour sa part être comprise comme un acte de la volonté, quand celle-ci doit choisir entre
plusieurs possibles.
La décision, c'est le moment de crise et de résolution où l'on va passer à l'action.
- Le fait que l'on parle de la décision « d'un sujet » montre que l'on entend bien la décision, comme un acte de la
volonté conscient, et non comme un choix inconscient.
à Avec une analyse de ces termes, on peut tout de suite se rendre compte de l'émergence d'un paradoxe :
« l'action » et la « décision » relèvent l'une et l'autre du registre de la volonté et non de la passion, de
l'activité et non de la passivité, d'un sujet vis à vis de ce qu'il fait, de ce qu'il entreprend.
La volonté décide puis
elle passe à l'action : la volonté de la décision est comprise dans la volonté de l'action, puisqu'elle en est la
conséquence.
à Ne sommes-nous pas alors en train de nous demander si l'action requiert véritablement l'intervention de la
volonté ? S'il n'y a pas de l'action involontaire ?
2/ Ainsi, se demander si « l'action requiert la décision d'un sujet », peut se reformuler de la manière suivante :
Voulons-nous toutes nos actions ?
3/ Le problème qui émerge de cette question est le suivant : Est-ce qu'il y a de l'involontaire dans le
volontaire ? Est-ce que ce qui paraît actif est en fait passif ? Qu'est-ce qui est au principe de notre vouloir ?
Finalement : est-ce que ce qui semble être un effet de la volonté (l'action) relève d'autre chose que de la
volonté consciente ?
4/ Enjeu : Essayer de comprendre ce qui agit en nous quand nous agissons.
I.
L'action et la volonté
- Tout d'abord on peut dire que tout action relève de la volonté et donc de la décision.
En effet, une action semble nécessairement être volontaire car :
1) un acte semble nécessairement être intentionnel, c'est-à-dire précédé et déterminé par un projet conscient
(représentation des conséquences).
C'est pourquoi il semble qu'au sens stricte, il n'y a d'actes que volontaire.
2) Toute action semble porter la marque du moi, puisque je peux me reconnaître dans mes actes volontaire, je peux
les assumer, en être responsable.
Ex : au niveau juridique, on est tenu pour responsable de ses actes.
à Ainsi, tout acte semble pouvoir être compris comme un projet, et un projet qui est le mien, celui d'un sujet.
- L'action semble relever de la volonté parce qu'elle relève d'un projet, d'une idée qui va permettre d'orienter notre
action.
Cf : C'est ce que semble dire Spinoza pour qui, « la volonté et l'intelligence sont une seule et même chose »
Sa thèse, c'est qu'il suffit de concevoir pour agir, que la volition est l'idée elle-même (qui tend à se réaliser).
Ex : quand on décide d'affirmer la vérité d'un théorème, c'est l'évidence propre à ce théorème qui impose la
décision.
Ethique, livre 2, proposition 49 : l'esprit affirme que les 3 angles d'un triangle valent 2 droits : c'est
l'idée même du triangle qui enveloppe cette affirmation.
Spinoza pose par extension qu'il en va de même pour n'importe quelle volition : c'est l'idée qui s'affirme et s'impose
d'elle même.
Nb : dans ce sens on peut remarquer que si on doute, c'est qu'on est le jouet de plusieurs idées confuses dont
aucune ne s'impose.
Seule une idée claire permettrait de faire cesser ses fluctuations (serait une décision).
II.
L'action et l'involontaire
En fait, il semble que l'on ne puisse réduire l'action à la décision consciente et volontaire.
- Tout d'abord on peut se rendre compte que reconnaître et approuver la vérité de telle idée n'engage pas
nécessairement à l'action : ça prouve qu'il y a quelque chose d'autre que du volontaire et du conscient dans
l'action.
Ex : je peux affirmer la vérité de tel parti politique, sans pour autant m'y engager, je peux aussi décider de le faire,
sans pour autant finalement le faire.
Il semble en fait qu'on a eu une position trop intellectualiste et que la raison seule n'est pas la volonté, et donc
finalement que l'action ne peut pas être pensée comme relevant d'une pure décision.
En fait, la raison sert à
comprendre les rapports moyens / fins par exemple, mais ne se donne pas elle-même les fins
Cf : Pour Pascal, la raison ne sait pas mettre le prix aux choses : la volonté suppose en fait des tendances
car la raison ne crée aucun désir en elle-même
- D'autre part, l'action suppose toujours un sujet, mais pas un sujet purement intellectuel, mais avec un corps et
une histoire.
à C'est pourquoi on peut en fait dire que toute volonté est déterminée avant d'être déterminante.
C'est
pourquoi, nulle action n'est libre, absolument parlant, mais seulement libérée plus ou moins des contraintes et des
déterminations extérieures.
Ex : quand j'agis par réflexe, habitude, je n'agis pas vraiment mais je suis agi.
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