L'acte libre est-il imprévisible ?
Extrait du document
«
La raison peut faire différents choix
Ce qui constitue la liberté de l'homme, c'est qu'il agit non par instinct ou impulsion mais par un jugement rationnel et
volontaire qui lui dicte d'agir de telle ou telle manière.
Or «la raison peut faire des choix opposés»: selon nos valeurs,
nos priorités, nos objectifs, la raison peut nous dicter différentes manières d'agir.
La liberté consiste donc
précisément en ce que nos actes ne sont pas déterminés d'avance.
Cette liberté de choix témoigne de la présence
d'un libre-arbitre.
Il me semble cependant que je ne suis pas constamment soumis à la nécessité.
Certes, je ne peux me soustraire à
la loi de la pesanteur, mais il m'est toujours loisible de dire ou de ne pas dire la vérité.
Ma liberté se manifeste
d'abord à moi-même comme le pouvoir de choisir entre plusieurs actions possibles.
Mais cette liberté possède, selon
Descartes, différents degrés.
Il arrive que je sois confronté à un choix qui me jette dans le plus grand embarras, précisément parce que je n'ai
aucune raison de préférer une solution plutôt qu'une autre.
Un philosophe du XIVe siècle, Jean Buridan, nous invite à
méditer sur le cas d'un âne qui aurait autant faim que soif et qui serait placé à égale distance d'une mesure d'avoine
et d'un seau d'eau.
L'âne, dit Buridan, se laisserait mourir.
Pour pouvoir prendre une décision, il faudrait qu'il soit
doué, comme l'homme, du pouvoir de se déterminer même quand aucun motif ne l'emporte.
Cette liberté, qu'on
appelle la « liberté d'indifférence », est tenue par Descartes comme « le plus bas degré de la liberté ».
Elle s'exerce
toujours, en effet, à l'occasion de choix insignifiants, dérisoires – lorsqu'on hésite, par exemple, entre une boule
rouge et une boule noire, entre un nombre pair et un nombre impair.
Mais quand je suis confronté à un choix crucial, qui engage mon avenir, je ne peux décider de la conduite à tenir sur
un simple coup de tête.
Je suis alors d'autant plus libre, affirme Descartes, que je suis capable de discerner
clairement la meilleure des solutions.
Ce n'est donc pas dans l'absence de motifs que réside la vraie liberté, mais
dans le pouvoir que possède la volonté humaine d'arbitrer entre des motifs contraires.
Cette puissance de la
volonté, qu'on appelle le libre arbitre, constitue, selon Descartes, « la principale perfection de l'homme », car elle le
rend maître de ses actions.
Quand bien même un mensonge me tirerait d'affaire, je demeure libre de ne pas mentir,
c'est-à-dire de donner la préférence au devoir de dire la vérité, plutôt qu'à mon intérêt.
Ainsi compris, le libre arbitre nous rend entièrement responsables de nos actes.
Dès lors qu'un homme est capable
de distinguer le bien et le mal, le choix du mal ne peut être imputé seulement à des conditions extérieures (au passé
du sujet, par exemple, ou au milieu qu'il fréquente) : c'est le choix d'une volonté qui pouvait tout aussi bien faire le
choix opposé..
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