L'acquisition du langage permet-elle de former sa pensée ?
Extrait du document
«
POUR DÉMARRER
L'action par laquelle on arrive à maîtriser le pouvoir d'expression verbale de la pensée rend-elle possible l'organisation
et la structuration de cette dernière ? Un sujet très classique qui vous questionne sur les relations du langage et de
la pensée, conçue comme activité mentale du sujet.
CONSEILS PRATIQUES
Définissez bien le langage et la pensée.
Consacrez-vous au sujet dans sa précision, en notant qu'il s'agit de traiter
le problème très déterminé et circonscrit de la formation de notre activité mentale, de sa genèse et de sa mise à
jour.
C'est par les mots que cette activité s'engendre et se crée ; on ne saurait dissocier pensée et langage.
Il faut
à la fois parler pour penser et penser pour parler.
BIBLIOGRAPHIE
E.
CASSIRER, Essais sur le langage, Minuit.
HEGEL, Précis de l'Encyclopédie des sciences philosophiques, Vrin.
MARTINET, Éléments de linguistique générale, A.
Colin.
M.
MERLEAU-PONTY, Signes, NRF-Gallimard.
A.
Antériorité théorique de la pensée sur le langage
On pourrait conclure de la multiplicité des codes signifiants dont l'homme fait usage, de la multiplicité des langues
elles-mêmes si l'on ne considère que la parole, à une certaine transcendance de la pensée sur son instrument
linguistique.
La pensée précède le langage : j'en fais l'expérience, semble-t-il, quand je cherche mes mots, quand j'ai
une idée que je ne parviens pas à exprimer, que j'habille successivement de termes impropres qui ne me satisfont
pas et que je rejette tour à tour.
On a ainsi pu dire que si la pensée cherche ses mots, c'est qu'elle les précède.
B.
La pensée est inséparable du langage
• Toutefois le langage enrichit la pensée en retour.
Chez l'adulte qui a appris une langue, la pensée est inséparable
de la parole.
Je pense en français, même si je ne profère aucun son.
Déjà, Platon définissait la pensée comme « un
discours que l'âme se tient à elle-même ».
Quand je « cherche mes mots », il me semble que ma pensée précède
mon langage...
Cependant c'est avec d'autres mots que je cherche mes mots !
• Pour Hegel, il n'y a pas de pensée véritable hors du langage.
Par les mots, le sujet pensant donne une forme
objective à ses pensées et les rend accessibles à sa propre conscience.
Hegel veut ainsi démystifier l' ineffable, ce
« quelque chose » de si riche, de si nuancé et de si subtil qu'aucune parole ne pourrait l'exprimer.
L'ineffable, écrit
Hegel dans Philosophie de l'Esprit, «c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient
claire que lorsqu'elle trouve le mot ».
« C'est dans le mot que nous pensons.
Nous n'avons conscience de nos
pensées, nous n'avons de pensées déterminées et réelles que lorsque nous
leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité
[…].
C'est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où
l'externe et l'interne sont intimement unis.
Par conséquent, vouloir penser
sans les mots est une tentative insensée.
On croit ordinairement, il est vrai,
que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable.
Mais c'est là une opinion
superficielle et sans fondement ; car en réalité, l'ineffable, c'est la pensée
obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que
lorsqu'elle trouve le mot.
Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus
haute et plus vraie.
»
Hegel, in « Philosophie de l'esprit ».
Hegel engage sa réflexion sur la possibilité de la synthèse entre
l'aspect subjectif et l'aspect objectif de la conscience.
Le langage est un
moyen terme entre ces deux aspects, ce par quoi la conscience obtient
l'existence.
Le langage permet à l'homme de concevoir la nature.
Et on ne peut la
concevoir sans lui, quel que soit l'envie qu'on en a.
De même, il n'est pas
possible d'exprimer la conscience autrement que par le recours au langage,
quelle que soit la prétention de l'ineffable.
Hegel lie le mot et la pensée :
1.
Penser par le mot, c'est lier intériorité et extériorité..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le langage est-il l'instrument idéal de la pensée ?
- Pensée, langage et création
- Merleau-Ponty: La pensée ne préexiste pas au langage
- Bergson: De l'incapacité du langage à traduire la pensée et la réalité
- Texte de Descartes : Lettre au marquis de Newcastle du 23 novembre 1646 (Langage et Pensée)