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L'accord entre les hommes est-il un critère suffisant de la vérité ?

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« Définition des termes du sujet: VÉRITÉ La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Qualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions logiques.

La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'une réalité.

On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement. Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. Accord: état qui résulte d'une communauté ou d'une conformité de pensées, de sentiments; c'est une entente. Être d'accord, c'est être du même avis, partager la même idée. Critère: du grec kritêrion, ce qui sert à juger.

C'est une norme qui permet de reconnaître les valeurs de bien ou de mal, de vrai ou de faux. Introduction & Problématique L'accord entre les hommes est souvent invoqué comme autorité cautionnant une affirmation que l'on estime vraie. Mais est-ce un critère suffisant ? Par exemple, au Moyen-Âge, les esprits s'accordaient à penser que la Terre plate était au centre de l'univers... Cette question nous invite à réfléchir aussi bien à la nature de la vérité qu'à la qualité de cet "accord": il y a plusieurs façons, plus ou moins probantes, d'être d'accord à propos d'un énoncé.

Le problème se pose de la manière suivante: la vérité est le propre d'une idée ("j'existe") ou d'un raisonnement.

Elle est saisie par une conscience, un sujet rationnel.

Donc il s'agit là d'une opération subjective.

Quels critères peuvent m'assurer que j'ai haussé ma subjectivité à un degré suffisant d'objectivité pour reconnaître la vérité sans être victime d'une erreur ou d'une illusion ? Nous verrons dans un premier temps comment la référence à un accord entre les hommes accompagne notre première intuition de la vérité, puis comment se constitue l'opposition entre cet accord et l'exercice du "bon sens" personnel; nous nous demanderons enfin s'il n'est pas des domaines où l'accord entre les hommes constitue le critère le plus faible, à défaut d'un repère absolu. Première partie: L'accord entre les hommes est-il un critère suffisant de la vérité ? C'est en tout cas sans doute le premier auquel nous ayons recours lorsque nous prenons conscience du caractère douteux de certaines propositions, de la faible étendue de notre connaissance et de la possibilité d'être dans l'erreur. Soit nous saisissons la vérité et nous pouvons convaincre les autres, soit on est dans l'erreur. L'accord entre les hommes est avant tout la source de l'opinion: nos opinions s'appuient le plus souvent sur l'opinion publique.

L'apparente unanimité des hommes à propos de certaines idées ou propositions donne à ces dernières une autorité que bien souvent nous respectons: si tant de gens disent la même chose, cela doit être vrai. Dans les "Pensées", Pascal note la relativité de bien des énoncés: "On ne voit presque rien de juste ou d'injuste, qui ne change de qualité, en changeant de climat.

Trois degrés d'élévation du Pôle renversent toute la Jurisprudence.

Un Méridien décide de la vérité, ou peu d'années de possession.

Les lois fondamentales changent.

Le droit a ses époques.

Plaisante justice qu'une rivière ou une Montaigne borne ! Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au delà.". Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà. (Pensées) Pascal s'en prend ici au caractère relatif, conventionnel de la justice humaine.

Les lois varient d'un État à l'autre.

La justice des hommes n'est pas universelle au contraire de la justice divine. Si tel est le cas, alors il faudrait affirmer non seulement que l'accord entre les hommes est un critère suffisant, mais aussi qu'il n'est pas nécessaire que cet accord soit unanime.

La vérité serait définie non pas en soi et pour soi, mais relativement à chaque culture.. »

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