L'abstraction nous éloigne-t-elle de la réalité ?
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«
L'abstraction éloigne-t-elle de la réalité ?
ANALYSE DE L'ÉNONCÉ
Devant la difficulté du sujet (nous y reviendrons) la tentation peut être grande d'en traiter (plus ou moins
consciemment) un autre plus classique : «Dangers et avantages de l'abstraction» ou «Abstrait et concret» par
exemple.
Il va sans dire qu'il faut absolument renoncer à cette sollicitation même si l'on pense ainsi recouper plus ou
moins ce qui est à traiter (et éluder les difficultés...).
Le mieux est sans doute de se mettre courageusement au travail et de tenter d'analyser le plus finement possible
les divers éléments de l'énoncé.
THÈMES DE RÉFLEXION
• L'abstraction
Abstraire vient de « abtrahere » (tirer de).
L'abstraction dit le «Vocabulaire de philosophie» de Lalande, c'est «l'action de l'esprit considérant à part un élément
d'une représentation en portant spécialement l'attention sur lui et en négligeant les autres.
»
Ceci implique, semble-t-il, qu'abstraire c'est isoler dans une «réalité concrète» un certain nombre d'éléments
destinés à être pensés, représentés.
• Le concret
Le concret, c'est, étymologiquement, ce qui est donné en même temps, comme un tout dans «la réalité», que cette
«réalité» soit une perception extérieure ou qu'elle soit une image, un souvenir, un sentiment.
(Remarque importante : le concret ce n'est pas «la réalité» mais telle ou telle «réalité» particulière (qu'elle soit
physique ou mentale).
• Abstraction et représentation
Toute abstraction est représentation (l'inverse n'étant pas vrai à proprement parler : cf.
définition de Lalande).
L'abstraction étant re-présentation, on peut se demander si — à ce premier niveau même — l'abstraction ne nous
éloignerait pas de «la réalité» en ce sens que se représenter le réel impliquerait d'une certaine manière qu'on n'y
serait plus pleinement présent.
Abstraire étant isoler, considérer à part certains éléments d'une représentation qui par elle-même sépare du réel,
l'abstraction serait une séparation «au carré».
(Notons cependant — d'ores et déjà — que le problème n'est pas simple : nous avons admis qu'«une réalité
mentale» est «une réalité».
Nous devons donc admettre qu'une abstraction fait partie du réel, de «la réalité»...
:
une partie de «la réalité» peut-elle s'éloigner de la réalité ?)
• L'abstraction est-elle nécessairement appauvrissement de ce qui nous est donné «concrètement» ? Ne
pourrait-on soutenir, par exemple, que le concept zoologique de «cheval» dans la mesure où il est construit à
partir des caractères communs à tous les chevaux à l'exclusion de ceux qui ne leur sont pas communs (âge,
couleurs entre autres) est un appauvrissement de ce qui nous est donné «concrètement» dans nos expériences des
chevaux ?
Ne pourrait-on dire que la forme par excellence de l'abstraction, à savoir la conceptualisation, nous éloigne
définitivement du réel et qu'il serait vain alors de croire qu'il n'est qu'un détour pour au contraire nous en rapprocher
plus profondément ?
Ne pourrait-on dire qu'un concept ne saurait jamais exprimer la réalité des objets, du «concret» dans la mesure où
— en toute rigueur — tout objet, tout concret serait radicalement unique, «individuel» ?
A ce stade on pourrait cependant faire remarquer que plus nous allons loin vers une certaine abstraction (l'histoire
des sciences est là pour nous l'indiquer) plus nous pouvons prévoir, dominer voire produire telle ou telle «réalité».
On peut soutenir que le concept n'est pas «le réel» mais ne peut-on soutenir en même temps qu'il est vrai qu'il nous
donne une pénétration dans «le réel» qui nous montre que «le réel» peut être obtenu par une loi ou un faisceau de
lois ?
• L'abstraction ne pourrait-elle être enrichissement de ce qui nous est donné de façon «sensible» ?
Tous les concepts (scientifiques ou autres) ne sont pas que des extraits appauvris de données perceptives dites «
concrètes ».
Certains ont un sens beaucoup plus riche et plus complexe que «les réalités» saisies au niveau de la
perception.
La notion scientifique de masse, avec sa signification relative aux notions de force et d'accélération, est
plus complexe et plus riche que la représentation sensible banale qu'évoque confusément un poids ou un volume.
On
peut évoquer, de façon plus générale l'abstraction mathématique de la physique moderne ou même les
«spéculations» purement rationnelles et en dehors de toute représentation sensible et intuitive que sont les
géométries non-euclidiennes.
• La réalité
La réflexion sur cette notion doit être un autre pôle de notre recherche, avions-nous dit.
Ce n'est pas la partie de
notre travail la plus facile...
En effet tenter de définir la notion de réalité apparaît comme une entreprise des plus
hasardeuses.
Il n'est point besoin de faire de longues recherches pour relever des expressions telles que «réalité
sensible», «réalité intelligible», «réalités possibles».
Chez un même auteur, Kant par exemple, on peut lire des.
»
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