La vraie liberté est-elle l'absence de toute contrainte ?

« La liberté est spéculativement possible.

C'est là une thèse spéculative car elle prétend énoncer la liberté selon la vérité de son principe. Elle signifie : "En vérité, la liberté est l'absence de toute contrainte".

Or, c'est là une thèse paradoxale puisqu'elle dit que, positivement, "la vraie liberté" se définit par une négation : "absence" de limite, de contrainte.

Comme si la liberté, dans sa vérité même, pouvait être définie négativement comme absence. Aucune philosophie ne peut faire l'impasse sur cette thèse car il s'agit de lever ce paradoxe et de montrer que la liberté se fonde réellement et, surtout, de façon entièrement positive : non pas ce qu'elle n'est pas, mais ce qu'elle est. [] 1.

Faites parler le sens commun : C'est une conviction répandue qu'il faut parfois accepter une limitation de sa liberté : c'est ce que ma raison m'enseigne.

Il serait en effet difficile de refuser toute contrainte, partout et toujours.

Ne serait-ce qu'en raison des obligations de la vie sociale. 2.

Observez : Toutefois, il n'est guère possible d'obtenir un consensus universel sur la norme du raisonnable, ce qui renvoie la liberté à des circonstances particulières de la vie réelle ; autrement dit, est-ce seulement dans certains cas et sous certaines conditions que je peux m'estimer libre ? [] 1.

Expliquez : Le problème de la liberté ne peut guère être résolu si on cherche a priori sa solution dans l'acceptation éventuelle des contraintes de la vie réelle, cas par cas.

Certes, il faut faire la part des faits, mais cela ne doit pas empêcher d'examiner pour lui-même le principe de la liberté. 2.

Constatez : De ce point de vue, on voit bien que l'acceptation d'une contrainte, fût-ce par raison, est en fait l'acceptation d'une limitation de la liberté, sinon même la négation du principe de la liberté lui-même.

Car dans leur principe, liberté et contrainte s'opposent.

Il n'est guère possible de les concilier. [] 1.

Réfutez : La conciliation des opposés, voilà en fait ce que suggère le sens commun.

Mais alors il faut admettre que si la conciliation des opposés est parfois nécessaire dans la vie quotidienne, c'est certainement que la vie quotidienne laisse peu de place à la liberté réelle. 2.

Affirmez : Pour être théorique, voire même extrême, l'affirmation selon laquelle il n'y a de liberté qu'en l'absence de toute contrainte reste donc la seule vraie.

Et, bien qu'exprimée négativement, elle énonce un principe universel qui doit guider les décisions que l'on prend dans la pratique quotidienne. Le problème est le suivant : peut-on, sans menacer la paix civile et la justice, considérer la liberté comme absence de contraintes ou bien toute forme de contrainte est-elle exclue de ce qu'est la liberté authentique (celleci serait-elle, par définition, absence de toute contrainte) ? 1- ON NE PEUT QUE CONSIDÉRER LA LIBERTÉ COMME ABSENCE DE CONTRAINTES. »