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La violence exercée au nom de l'État est-elle fondamentalement différente de toutes les autres formes de violence ?

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« Introduction : Un Etat ne se résume pas à une instance qui violente les citoyens.

Pour autant il nous faut reconnaître que tout Etat fait usage de la violence, à des degrés différents certes ce qui n'empêche que la violence semble un trait récurent de tout Etat.

Le sujet nous demande de réfléchir à la nature de cette violence.

Quand un homme se fait agressé dans la rue, ou quand un manifestant est frappé par les forces de l'ordre, nous sommes bien dans les deux cas face à un exercice de violence.

La question est de savoir si un Etat se résume à une instance qui ait le monopole de la violence.

L'Etat serait violent au même titre que tout individu mais avec une force telle qu'elle lui assure la domination sur les autres.

La violence de l'Etat n'est elle pas plutôt différente d'une violence quelconque en cela qu'elle est légitime, et que celui qui la subit reconnaît cette légitimité ? I. Hobbes : L'Etat comme exercice de la violence Dans le Léviathan, Hobbes présente la genèse de l'Etat.

Les hommes vivant dans un état d'égalité naturelle vivaient en perpétuelle insécurité.

Chacun craignait chacun car aucun homme n'était assez fort pour s'assurer une domination sur ses congénères.

Les hommes ont donc décidé de refuser à leur droit sur chaque chose au profit d'un seul et même homme.

Tous refusent à la violence tous sauf cet homme qu'ils ont désigné comme chef et qui lui n'a pas abdiqué son droit sur chaque chose.

Le gouvernant se retrouve donc capable de contraindre les hommes par l'exercice de la violence.

Cette violence est l'essence même de l'Etat c'est grâce à elle qu'une domination sur les autres hommes est possible.

Tous les hommes ont refusé à faire usage de la violence, le souverain lui n'a pas quitté l'état de nature il conserve cette possibilité de faire usage de la violence.

Cette violence est elle différente d'une autre ? Techniquement rien ne la distingue, quand Hobbes dit que l'Etat a le monopole de la violence il entend ce que chacun de nous entend par violence, il ne s'agit pas d'une image, si l'Etat est capable de dominer les autres hommes c'est par la peur qu'il leur inspire.

Cette violence propre à l'Etat est celle qui était celle de tous les autres hommes avant qu'ils y renoncent. TRANSITION Si la violence de l'Etat n'est pas différente au sens où il s'agit d'une pure et simple violence, pour autant n'est elle pas différente en tant qu'elle est légitime ? Quand les hommes confient la violence à l'Etat celle-ci ne change-t-elle pas de statut ? La violence de l'Etat ne devient-elle pas légitime en étant réservé à l'Etat avec le consentement de tous ? II. Weber La violence légitime Dans une conférence intitulée le métier et la vocation d'homme politique, Max Weber présente la violence comme trait essentiel de l'Etat. Weber parle de violence légitime, ce qui caractérise l'Etat c'est qu'il a le monopole de la violence légitime.

Cette violence est dite légitime car l'Etat n'exerce pas cette violence dans un but quelconque.

On attend de l'Etat un certain nombre de choses : la sécurité, la possibilité de faire du commerce… On voit que si la violence est un moyen spécifique de l'Etat elle est aussi distincte des autres formes de violence. Le terme de violence légitime semble à la limite de la contradiction.

En réalité la violence fait partie des moyens nécessaires à l'Etat pour réaliser ce pour quoi celui-ci a été instauré.

La violence tire sa légitimité de la fin que celle-ci est censée viser : le bien commun.

Ce qui légitime la violence d'Etat c'est qu'elle est supposée s'exercer au profit de tous.

La violence n'est pas un moyen normal de l'Etat, au sens où il ne doit y avoir recours qu'en cas de nécessité extrême.

Cependant la violence légitime reste le propre de l'Etat.

Il n'y a que lorsqu'elle est le fait de l'Etat que la violence peut se prétendre telle. TRANSITION La violence de l'Etat semble donc loin d'une violence classique, puisque alors que la violence serait par essence injuste, ici la violence exercée par l'Etat se voit caractérisée de légitime.

A tel point qu'on peut se demander si le terme de violence est encore valable.

A priori celui qui subit la violence et celui qui la commet sont des êtres distincts dont les intérêts divergent.

Cela est-il encore le cas lorsqu'il s'agit de la violence faite par l'Etat ? III. Rousseau le citoyen comme membre de l'Etat Pour Rousseau le citoyen est un membre de l'Etat c'est-à-dire pas seulement un sujet passif, il est également acteur.

Le citoyen participe activement à l'Etat.

En conséquence l'idée selon laquelle les actions de l'Etat et celles du citoyen seraient distinctes est ici rejetée.

Quand l'Etat agit c'est chaque citoyen qui agit, est cela y compris lorsque l'Etat use de violence.

O voit ici que la différence avec toute autre forme de violence est immense.

Dans toute autre forme de violence celui qui la subit n'en est en aucun cas l'acteur.

Ici on voit par contre que le citoyen en tant que membre est acteur, la violence de l'Etat n'est pas seulement légitime, elle est également une violence à laquelle celui qui la subit participe.

On voit donc ici le statut tout à fait spécifique de la violence d'Etat.

D'abord celle-ci est fondée en droit, elle vise le bien commun du moins elle est censée le faire.

Ensuite le modèle « acteur patient » n'est pas valide en ce qui concerne cette violence.

En effet la violence d'Etat est issu de l'ensemble des citoyens, qui sont eux-mêmes l'objet de cette violence.

On voit donc que l'on peut même difficilement parler de violence compte tenu du fait que ceux qui en sont l'objet en sont également la source. CONCLUSION Les moyens de la violence exercée par l'Etat ne diffèrent pas d'autres violences.

Mais cette violence diffère en cela 1) elle vise le bien commun.2) En démocratie les acteurs de cette violence en sont également les sujets.

Cette violence diffère donc de nature de toute autre violence en cela qu'elle est légitime, et voulue par ceux qui en sont l'objet.. »

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