La violence est elle au coeur de la politique ?
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Introduction
Le 3 mai 1968, les forces de l'ordre évacuent par la force 500 étudiants qui occupaient la faculté de la
Sorbonne.
La réaction de l'opinion est hautement ambivalente.
D'une part, l'opinion publique est choquée par cet
usage fait de la violence contre des jeunes étudiants non armés, dans un lieu sacro-saint pour les élites
intellectuelles d'où les forces de l'ordre sont exclues.
D'autre part, l'indignation cède le pas à une forme de
soulagement, cette occupation de la vénérable faculté constitue une menace pour l'ordre publique, alors même que
les grèves bloquent le pays.
User de la violence semble pouvoir être compréhensible quand cela répond à une autre
forme de violence, mais ce n'est pas pour autant que cet usage n'est pas choquant, comme si la violence était un
élément hétéronome inacceptable dans l'ordre politique.
La réflexion doit se situer à deux niveaux.
D'une part, les lois et les Etats doivent-ils exclure la violence de
leur institution et de leur mode de fonctionnement ? Ainsi, l'usage qui a été fait de la force contre les étudiants
serait illégitime.
D'autre part, faut-il que les citoyens renoncent à tout usage de la violence pour que l'ordre politique
soit possible ? Cela placerait les étudiants de mai 68 en situation d'illégitimité.
La réflexion s'articule autour du
fondement de l'ordre politique et de son bon fonctionnement.
I.
L'ordre politique doit tenir compte de la nature des hommes : l'Etat se fonde sur la violence et fonctionne
en y ayant sans cesse recours.
A.
Le fondement de l'ordre politique : la violence (Hobbes)
1.
Une certaine idée de la nature humaine
« L'homme est un loup pour l'homme »
L'ordre naturel : la guerre de tous contre tous
Une vie perpétuellement en danger, la peur permanente d'une mort violente qui pousse à entrer en société par
un calcul pragmatique, l'individu cherche à conserver sa vie et veut qu'on lui garantisse une possibilité
d'accéder au bonheur
2.
La notion de contrat chez Hobbes : un transfert total des droits
Un contrat d'aliénation totale des droits individuels à l'Etat
Deux contrats indistincts : un contrat d'association et de soumission, je n'autorise le gouvernement à me
gouverner que dans la mesure où chacun cède la droit qu'il a sur toute chose, il n'y a de société que parce
qu'il y a soumission
B.
Le fonctionnement de l'ordre politique, un autoritarisme ou un absolutisme
1.
L'Etat concentre tous les pouvoirs exécutifs, législatifs et juridiques.
Hobbes donne à l'Etat une nature essentiellement législatrice : chaque parole prononcée par celui qui incarne
l'Etat vaut comme loi, il a toute liberté de revenir sur ces paroles et de changer de loi.
Aucun droit de résistance sans quoi on retournerait immédiatement à l'état de nature, le pire état qui soit.
2.
« Il existe aux mains d'une personne un pouvoir souverain tel qu'un plus grand ne peut ni être conféré
légitimement par les hommes ni appartenir au plan mortel » Léviathan
·
Les individus ne peuvent plus user de la violence pour régler leurs conflits même s'ils mettent en danger leur
vie.
·
« Les conventions, sans l'épée, ne sont que des mots, et sont sans force aucune pour mettre qui que ce
soit en sécurité » Léviathan, 17
C.
Les limites de l'absolutisme
1.
Hobbes apporte lui-même des restrictions à sa théorie
Si le but de l'Etat est de préserver la vie des citoyens et de permettre leur bonheur, il ne peut exiger leur mort.
Il y a une possibilité de se défendre sans que ce soit un droit, un citoyen condamné à mort pourrait se
défendre.
2.
Une éthique du devoir contre une éthique du bonheur.
L'idée que l'ordre politique se fonde sur ce qu'il y a de plus bas chez l'être humain, la peur de la mort violente,.
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