La violence est-elle à l'origine de la société ?
Extrait du document
«
[Toute violence est provoquée par la nature mimétique
du désir.
Pour mettre fin au cycle de la vengeance, il a fallu
détourner la violence sur un bouc émissaire dont la mise
à mort assure la cohésion du groupe.]
Le désir est par nature mimétique
Nous désirons d'autant plus une chose qu'elle est désirée par d'autres.
Autrui est le médiateur de mon désir,
mais il est aussi mon rival.
Si deux hommes désirent un même objet, ils vont entrer en lutte.
René Girard
considère que les sociétés, en leur commencement, ont été confrontées à une telle situation, ce qui a
entraîné des violences toujours accrues.
Hobbes dépeint ainsi l'homme à l'état de nature.
« Si deux hommes désirent la même chose alors qu'il n'est pas possible qu'ils en jouissent tous les deux, ils
deviennent ennemis : et dans leur poursuite de cette fin (qui est, principalement, leur propre conservation,
mais parfois seulement leur agrément), chacun s'efforce de détruire ou de dominer l'autre.
Et de là vient que,
là où l'agresseur n'a rien de plus à craindre que la puissance individuelle d'un autre homme, on peut s'attendre
avec vraisemblance, si quelqu'un plante, sème, bâtit, ou occupe un emplacement commode, à ce que d'autres
arrivent tout équipés, ayant uni leurs forces, pour le déposséder et lui enlever non seulement le fruit de son
travail, mais aussi la vie ou la liberté.
Et l'agresseur à son tour court le même risque à l'égard d'un nouvel
agresseur.
Du fait de cette défiance de l'un à l'égard de l'autre, il n'existe pour nul homme aucun moyen de se garantir
qui soit aussi raisonnable que le fait de prendre les devants, autrement dit, de se rendre maître, par la
violence ou par la ruse, de la personne de tous les hommes pour lesquels cela est possible, jusqu'à ce qu'il
n'aperçoive plus d'autre puissance assez forte pour le mettre en danger.
Il n'y a rien là de plus que n'en exige
la conservation de soi-même, et en général on estime cela permis [...]
Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne
tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun
contre chacun.
»
Hobbes, « Léviathan », p.
122-124.
Hobbes vit dans une Angleterre troublée par une guerre civile
dont les causes sont à la fois religieuses et politiques.
Le principe même
de la monarchie est critiqué et le roi atteint dans sa personne.
En
Angleterre, Charles Ier est exécuté en 1649 et Jacques II doit
s'enfuir en 1688.
Hobbes va s'atteler à une tâche à la fois pratique et théorique.
Il s'agit de soutenir la monarchie au pouvoir ; ce soutien prend la forme
d'un ouvrage théorique qui justifie l ‘autorité quasi absolue du pouvoir
en place.
L'oeuvre de Hobbes est axée sur le concept de souveraineté
(autorité politique, puissance de l'Etat, pouvoir de commander) dont il
affirme qu'elle est indivisible et quasi absolue.
Avant d'expliquer ce qui fait la spécificité de la pensée de
Hobbes, exprimée principalement dans le « Léviathan » (1651), il est
nécessaire de préciser quelques points de vocabulaire.
Ø « République » (« Common-Wealth ») correspond à ce que nous appelons l' « Etat ».
Hobbes luimême donne le mot « Stade » comme un équivalent.
Ø
« Souveraineté » (ou souverain) est un mot qui, comme chez Bodin, désigne l'âme de la
République, en ce sens qu'il exprime l'autorité de l'Etat, telle qu'elle existe indépendamment des
individus.
Le mot « souverain » peut donc, comme le mot « personne » étudié ci-après, se
rapporter à plusieurs individus..
»
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