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La vie morale exclut-elle sous tous les rapports l'hypothèse déterministe ?

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« CONSEILS Évitez de glisser de la question posée à l'étude du problème général du déterminisme, problème trop vaste et qui n'est pas proprement en cause.

Considérez directement la vie morale.

N'exige-t-elle pas la liberté ? Serait-ce, d'ailleurs, agir moralement qu'agir sans motif et comme au hasard ? Introduction. La science du monde matériel suppose le déterminisme ; hypothèse que n'ébranlent pas les débats actuels des savants sur l'indétermination ; car ce mot signifie, pour le microphysicien, que l'esprit ne peut déterminer d'avance tous les phénomènes, non qu'ils soient eux-mêmes indéterminés.

Il est vrai que le déterminisme physique n'intéresse pas le moraliste ; le monde moral est celui de la conscience ; et c'est sur ce plan de l'esprit que la moralité et le déterminisme doivent être confrontés.

Or, l'hypothèse déterministe, à partir de la nature, a gagné le monde mental, et la psychologie, science aujourd'hui indiscutée, postule le déterminisme.

Mais la morale peut-elle s'en accommoder ? Il n'est pas d'agent moral là où manque l'initiative, où tout continue et rien ne commence.

Le devoir commande : à quoi bon commander celui qui est d'avance nécessité ? Peut-on attribuer une responsabilité, promettre ou menacer efficacement, si, indifférente à l'annonce et à l'échéance de la sanction, ma conduite va son train sous la pression des circonstances ? I.

— Priorité du déterminisme. Si le déterminisme mental exclut la liberté, tenue pour indispensable à la morale, on ne peut, logiquement, opter pour la morale contre le déterminisme.

Car, dans cette alternative, le fait prime le droit.

Si je suis libre en effet, il dépendra de moi d'être moral ; si je puis, je dois.

Mais on ne peut conclure inversement des exigences de la morale à l'existence de la liberté ; de ce qui doit être à ce qui est.

Or, le déterminisme mental est réel.

Et, réel, il ne peut qu'être universel : c'est le nier qu'en briser le cours par des initiatives indéterminées.

La moralité en sera-t-elle sacrifiée ? II.

— Part du déterminisme dans la vie morale. La vie morale tolère ou même exige à divers titres le déterminisme. A) ELLE S'ACCOMMODE D'UN CERTAIN AUTOMATISME, puisqu'elle met en oeuvre : a) des aptitudes et tendances innées, que le sujet n'a pas choisies et qui n'échappent pas, pourtant, à l'estimation morale : d'un homme courageux ou lâche, laborieux ou indolent par naissance, on dit qu'il a un bon ou un mauvais naturel ; b) des habitudes, qu'on dit bonnes ou mauvaises, et qui, ni dans leur exercice, ni, souvent, dans leur formation, n'ont requis la liberté. B) ELLE SUPPOSE MÊME, JUSQUE DANS SES FORMES ÉLEVÉES, UN CERTAIN DÉTERMINISME : a) une conduite n'est pas respectable autant qu'elle paraît indéterminée. On blâme l'individu capricieux, qui sans doute cède à des motifs, mais inconscients, parce qu'il agit comme s'il n'avait précisément pas de motifs.

L'action raisonnable est celle qui peut donner ses raisons ; b) le rapport social ne peut s'assurer que si les actes d'autrui sont en quelque mesure prévisibles, et permettent à chacun d'organiser sa conduite à l'avance.

Nous avons besoin de compter sur l'efficacité des codes, promesses, contrats, comme sur l'ordre stable du monde naturel ; c) les arguments moraux en faveur de !a contingence militent plutôt contre la thèse.

L'impératif moral est vain, si l'ordre reste inefficace, sans prise sur notre nature morale.

Vaine aussi l'attribution d'une responsabilité, si notre volonté n'est déterminée ni par l'avertissement ni par la peine.. »

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