La vie morale en l'homme est-elle exclusivement un produit de la société ?
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«
SUJET : La vie morale en l'homme est-elle exclusivement un produit de la société ?
Introduction.
— La soc iologie exerce une influence croissante sur toutes les études se rapportant à l'homme et à la s ociété, notamment sur la morale.
O n
tend, aujourd'hui, à considérer en l'homme la vie morale comme un produit de la société.
Q ue penser de cette thèse ?
1e partie.
— Pour la thèse.
Les idées morales sont transmises et surtout les sentiments moraux sont formés par l'influence de:
A .
— la famille:
a) hérédité ;
b) éducation ;
c) exemple.
B.
— La nation (rôle de l'école).
C .
— L'humanité tout entière (rôle des religions).
D.
— La preuve que les idées morales et les sentiments moraux viennent de la société, c'est qu'ils varient avec la s ociété.
2e partie.
— C ontre la thèse.
A .
— C ependant la réflexion, en dehors de toute influence sociale, pose nécessairement le problème moral ; elle oblige l'homme à choisir entre différentes
actions possibles.
B.
— Les influences sociales peuvent être opposées, parfois contradictoires ; c'est la réflexion individuelle qui doit choisir entre elles.
C .
— La vie morale s'est développée, c hez, les grands révolutionnaires moraux, en opposition aux traditions sociales.
Conclusion.
— La vie morale n'est pas exclusivement un produit de la vie s ociale.
Elle procède à l a f o i s d e s t r a d i t i o n s s o c i a l e s e t d e s expériences el
réflexions individuelles .
>>> Seconde correction
Nous voudrions, dans ce sujet dont l'interprétation ne prés ente pas de difficultés, montrer qu'il peut être traité de diverses façons.
L'essentiel est de répondre par la négative à la question posée et de justifier cette réponse.
M ais on peut aussi exposer la théorie de l'école sociologique,
soit dans une première partie, soit dans l'introduction.
Il faut également préciser la notion de « valeur morale » ; ce qui peut se faire aussi dans l'introduction ou constituer une partie du sujet.
O n voit les trois ou
quatre combinaisons possibles.
Nous donnons le schéma de deux.
1.
Introduction.
— La thèse fondamentale de l'École sociologique français e, dont l'influence n'est pas encore complètement éteinte, a été très nettement
formulée par Lévy-Bruhl : « D ans la vie mentale de l'homme, tout c e qui n'équivaut pas à une simple réaction de l'organisme aux excitations qu'il reçoit est
nécessairement de nature sociale.
» La sensation de froid, par exemple, suffit à expliquer les habits, mais elle n'explique pas la mode, dont l'existence est
conditionnée par la vie en commun.
O r, parmi ces faits inorganiques qu'il faudrait attribuer à la société, se trouvent ce qu'on appelle de nos jours les « valeurs morales ».
C elte notion n'étant
pas très c laire, nous commencerons par la préciser.
Ensuite, nous nous demanderons si les valeurs morales sont un reflet de la société ou si la théorie
sociologique constitue, en ce qui les concerne, une explication insuffisante.
A.
La notion de valeur morale.
— Elle peut être explicitée, soit en partant de la notion de valeur, soit en partant de la lotion de morale.
2.
Introduction.
— N otre désir des choses est proportionné à leur valeur, c'est-à-dire à leur capacité de satisfaire nos tendances.
M ais nos tendances, et
par suite les valeurs, sont fort diverses, et nous pouvons les répartir en deux niveaux : le niveau sensible, où se situent les valeurs d'où, directement ou
indirectement, nous espérons du plaisir; le niveau rationnel, auquel appartiennent les valeurs qui méritent d'être recherchées pour elles-mêmes,
indépendamment de la satisfaction qu'elles peuvent procurer.
C e sont là les valeurs morales — par exemple, la loyauté, le dévouement, l a c o ns ci en ce
professionnelle — qui attirent l'âme droite et môme s'imposent à elle comme un devoir, sans aucune considération des avantages personnels qui peuvent
résulter des efforts faits pour les atteindre.
C omment expliquer ces valeurs ? L'École sociologique y a vu le reflet de la société; mais cette explication estelle satisfaisante ?
A.
La théorie sociologique.
— Elle peut être exposée soit à partir de la thèse générale formulée dans la première introduction, soit à partir de la thèse
durkheimienne de la conscience ou de la morale.
B.
Réponse à la question.
— a) Il faut le reconnaître, les valeurs morales sont, dans une grande mesure, le reflet de la société.
1° Il est d'abord incontestable que les valeurs morales1 c ommunément reçues dans un groupe révèlent toute la psychologie de ce dernier;
2° Les valeurs morales individuelles elles-mêmes reflètent le milieu dans lequel l'individu s'es t formé : en effet, c es valeurs sont ordinairement reçues et
non découvertes; leur découverte, quand elle a lieu, est rarement solitaire, et, en tout cas, elle se fait dans une atmosphère collective qui l'oriente; enfin,
c'est la présence de témoins qui renforce, s'il ne le crée pas, le sentiment d'obligation qui s'attac he aux valeurs morales.
b) M ais on ne peut pas voir dans les valeurs morales un pur reflet de la soc iété dans laquelle elles sont reconnues : en définitive, c 'est l'individu qui les
explique.
1° En effet, l'individu n'est pas, vis-à-vis du groupe social auquel il est agrégé, purement passif : il peut rejeter certaines valeurs reçues, et on voit des nonconformistes; il peut aussi révéler des valeurs méconnues et se comporter en pionnier du progrès moral;
2° D'autre part, la s ociété, ou plutôt la conscience collective, ne peut pas être considérée comme la source lumineuse dont les consciences individuelles ne
seraient que le reflet.
Sans doute, nous pensons plus fermement, et surtout sentons plus vivement c e que nous pensons et sentons avec les autres.
Néanmoins, c'est toujours en nous-mêmes que nous sentons, et c'est dans les consciences individuelles que se révèlent les valeurs morales, car celui qui
ne fait que subir la pression sociale n'a pas atteint au niveau de la moralité.
Conclusion.
— Il y a un rapport de causalité réciproque entre la société et l'individu, mais, à l'origine de l'initiative morale, c'est l'individu que nous trouvons.
A ussi, devons-nous dire que si les valeurs morales reflètent la société, elles sont encore plus le reflet de conscienc es individuelles..
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