La vie est-elle le résultat de forces et de mécanismes physiques et chimiques ?

« La vie, à quelque degré qu'on l'envisage, peut-elle être la résultante des forces physiques et chimiques ? PLAN SOMMAIRE I — La spécificité des phénomènes vitaux A) — Les cinq ou six caractères a) communs à tous les êtres vivants, depuis l'infusoire jusqu'à l'homme b) et, semble-t-il, spécifiques du monde vivant puisqu'on ne les trouve pas dans le règne minéral c) à savoir : l'organisation, la nutrition, la génération et l'évolution, l'irritabilité, la mémoire inconsciente. B) — Et dont le trait commun est la finalité a) paraissent imposer jusqu'à nouvel ordre au biologiste, sous des noms divers : idée directrice de Claude Bernard, dominantes entéléchies du néo vitalisme allemand b) un recours aux "formes substantielles" héritées d'Aristote c) et dont la science moderne, d'esprit physico-mathématique s'est débarrassée dans tout autre ordre de recherche, même dans le cadre des sciences morales (« éliminer la finalité » est une des règles sociologiques de Durkheim). C) — Quelques applications a) impossibilité jusqu'à ce jour de réaliser expérimentalement le passage d'une forme (espèce) à une autre, en dépit de l'hypothèse transformiste qui paraît subir une légère crise (Vialleton) b) à plus forte raison le passage de la matière inorganique au protoplasma vivant c) les hypothèses constructives sur le comportement animal et surtout humain, à partir de faits élémentaires ou soit disant tels (tropismes) se trouvent très vite prises de court et interprètent en général la « naissance de l'intelligence » (Bohn) sans pouvoir donner la moindre précision sur « le jeu complexe des sentiments et des tendances » (Piéron) d) inversement la nature de l'être vivant est relativement libre à l'égard de sa matière ; faits d'hétéroplastie : la rétine des vertébrés procède embryologiquement de l'endoderme, celle des mollusques de l'ectoderme. II — Les analogies A) — Organisation a) Elle existe jusque dans la molécule et l'atome (édifice électronique) b) De plus, certains corps (soufre, acide arsénieux) se présentent tantôt sous une « forme » immuable (cristalline), tantôt selon le type amorphe. B) — Nutrition Elle a a) son analogue b) et même son principe fondamental dans la combustion qui se réduit ellemême à une oxydation. C) — Génération et évolution Le granit, par exemple, n'est pas né de la rencontre de n'importe quels éléments et sa désorganisation ne donne pas lieu à n'importe quoi, mais à du sable ou à du kaolin suivant que l'action est mécanique ou chimique. D) — Irritabilité a) ne diffère peut-être que par la complexité de telles « réactions inorganiques » comme la dilatation b) impression de spontanéité donnée par exemple par l'aiguille aimantée. E) — Mémoire inconsciente Les composés chimiques ont une sorte de « mémoire moléculaire » sans quoi la décomposition ultérieure serait inexplicable. III — La continuité « L'immense accroissement » dont parle Aug.

Comte semble devoir être progressivement réduit par les recherches. A) — sur l'état « colloïdal » : gel quand des particules (micelles) liquides sont en suspension dans un milieu 'solide, sol dans le cas contraire. B) — Sur les formes pseudo organiques (végétaux artificiels de Traùbe et de Leduc) C) — Sur 1' « énergétique biologique » Le corps est un simple transformateur d'énergie. D) — Sur les radiations qui ont pu aider à la formation des premiers 'êtres vivants.

(D.

Berthelot a réussi la synthèse d'un albuminoïde, l'acide formique, par les rayons ultra-violets.) CONCLUSION La science doit chercher la continuité.

Si elle rejoint les trois règnes a) le gain intellectuel ainsi obtenu ne sera compensé b) ni par une perte métaphysique, car il reste loisible de chercher pourquoi tels éléments s'ordonnent en tels édifices c) ni par une perte morale puisque la liberté semble aujourd'hui caractériser non seulement l'élan vital en tant qu'il s'oppose à la matière, mais le monde mystérieux des ondes et des électrons comme le « clinamen » était au sein de l'atome d'Epicure.. »