La vérité n'est-ce que des mots?
Extrait du document
«
introduction :
Les discours qui prétendent énoncer la vérité s'opposent tous : la vérité scientifique n'est pas la même que la vérité
religieuse, celle de l'artiste diffère de celle de l'homme politique, et les scientifiques entre eux ne sont pas d'accord
sur la vérité, comme les religions entre elles, les hommes politiques entre eux....
tous ont un certain discours sur la
réalité qu'ils nomment « vérité » par ce qu'il révèle selon eux la réalité, il éclaire le sens des faits, en dévoile la
signification.
Mais le sens est une propriété du discours, non des faits.
Mettre la vérité dans le réel, c'est confondre les mots et
les choses.
La vérité est une affaire de mots.
Tout discours sensé est vrai en tant qu'il entretient un rapport
observable avec le réel.
Cependant, faire de la vérité une affaire de mots, c'est un peu vite opposer les mots et le réel, or les mots aussi
sont réels, et les choses peuvent aussi bien être des rêves que les mots.
Dès lors, la vérité peut être conçue
comme l'expression du réel à travers les choses aussi bien qu'à travers les mots.
problématique :
La vérité est conçue comme un discours cohérent sur la chose, dans ce sens, elle est une affaire de mots,
cependant s'il n'y a rien derrière le discours, si la chose est un rêve, les mots disent ils la vérité ?
I : La vérité est un discours
1)
Vérité et réalité.
La réalité est la chose tandis que la vérité est un discours sur la chose.
On ne dira pas
1) « La table est vraie », mais 2) « La table est réelle » ou 3) « La table est verte ».
La proposition 1) n'a
pas de sens, tandis que les propositions 2) et 3) ont du sens par rapport à la réalité dont elles traitent et
elles sont « vraies » si elles sont en accord avec cette réalité.
2)
Le cercle de la représentation.
La définition classique de la vérité a été formulée par St Thomas d'Aquin :
la vérité est l'adéquation de l'esprit et de la chose.
Cependant dit Kant, étant donné que la « chose » est
pour moi une représentation à l'intérieur de mon esprit, comment savoir si cette représentation est conforme
à la chose hors de mon esprit ? L' « esprit » et la « chose » sont toujours pour moi des représentations, ce
sont des mots.
Dans ce sens la vérité est une affaire de mots, c'est leur sens, la cohérence des mots entre
eux.
II : Conception métaphysique de la vérité.
1)
« Le vrai est le Tout.
» dit Hegel.
En ce sens, la vérité n'est pas un simple
accord entre les mots et les choses, elle est aussi tout le désaccord des
mots et des choses.
En ce sens, la vérité n'est pas qu'une affaire de mots,
elle n'est pas l'accord abstrait entre la représentation d'un mot et la
représentation d'une chose, elle est plutôt le mouvement même de l'esprit qui
va des choses aux mots et inversement et qui les unit réellement.
La formule : « Le vrai est le tout » apparaît dans le véritable manifeste qu'est la
Préface de Hegel (1770-1831) à la Phénoménologie de l'esprit (1807).
Dans ce texte, Hegel présente une nouvelle façon de philosopher, qui rompt
avec le romantisme et que l'on nomme dialectique.
L'ambition de Hegel est de
ressaisir la totalité de l'histoire (de la réalité historique, mais aussi de la
philosophie, de l'art, etc.) comme une unité.
« Le vrai est le tout » signifie
que l'on ne comprend une chose qu'en refusant de l'isoler et de la considérer
hors du processus dans lequel elle s'insère.
« Le vrai est le tout » est, à première lecture, une formule énigmatique.
Cependant, celle-ci peut définir la dialectique de Hegel ; la vérité n'est pas
seulement un moment, quelque chose d'immédiat, le but d'une recherche.
La
vérité est à la fois le but et le chemin qui y conduit, et isoler le résultat, c'est
se priver de la «plénitude du détail », de l'intelligibilité du processus dans
lequel cette vérité se délivre.
Hegel commence abruptement sa préface par la dénonciation de la façon dont on comprend habituellement le
rapport des doctrines philosophiques.
On cherche seulement en quoi l'une s'oppose à l'autre, et l'on croit que
si l'une est vraie l'autre est fausse.
C'est contre cette conception du vrai et du faux, comme s'excluant
réciproquement, de façon statique, que s'élève toute l'oeuvre de Hegel, attitude que résume notre formule «
Le vrai est le tout.
»
La façon traditionnelle de comprendre l'histoire de la philosophie « ne conçoit pas la diversité des systèmes
comme le développement progressif de la vérité: elle voit plutôt seulement la contradiction dans cette
diversité.
» Or, remarque Hegel, on pourrait tout aussi bien dire, avec la même conception que la fleur réfute
le bouton, et le fruit la fleur.
En effet, la fleur chasse le bouton et en manifeste la fausseté : « Ces formes ne sont pas seulement
distinctes, mais encore chacune refoule l'autre, parce qu'elles sont mutuellement incompatibles.
».
»
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