La vérité historique : le problème du négationnisme
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LA VÉRITÉ HISTORIQUE : LE PROBLÈME DU NÉGATIONNISME.
1- Comment opère l'historien négationniste dans sa reconstitution des faits ?
Le négationniste, au regard du troisième paragraphe du texte, recourt à une falsification méthodique reposant d'une part
sur la mise à l'écart de tout témoignage « plus ou moins gênant » et d'autre part sur la lecture littérale de toutes les formes
d'expression atténuées induites tant par la censure administrative que par l'horreur du propos.
Cette lecture littérale nie le
caractère euphémistique de documents codés à destination d'un public averti.
L'exemple par excellence de ce codage réside dans
la traduction de Sonderaktion : « sonder » signifie littéralement « spécial », « particulier » et ne désigne l'extermination que dans
le contexte précis du régime nazi.
Pour un public non averti, il ne doit nulle part être question d'extermination d'où le recours à des
formules atténuées, opaques au public.
C'est le principe de la censure administrative.
L'encodage poussera même la subtilité
jusqu'à éviter le terme déjà codé de Sonderaktion, provoquant ainsi une double déréalisation de l'action initialement désignée.
Une tentative d'extermination sur le papier relaie ainsi l'extermination réelle.
Le négationniste choisit la lecture naïve en niant
l'existence d'un code, voire – lorsque le double sens devient inévitable – en réinventant le contenu du code.
C'est ce qu'illustre la
lecture de l'extrait tiré du journal du médecin SS Kremer : à partir d'un texte court, relativement sibyllin, le négationniste abolit le
sens tacite de Sonderaktion (lié à la sélection pour les chambres à gaz) en lui substituant celui d'une exécution consécutive à une
condamnation à mort.
Il joue sur l'ambiguïté du texte : « scène atroce avec trois femmes qui supplient qu'on leur laisse la vie
sauve » ; l'atrocité réside-t-elle dans la supplication des femmes ou l'allusion à ces trois femmes n'est-elle qu'un épisode sur un
fond plus vaste d'atrocités ? Plus généralement la crémation est détournée de l'idée de gazage et associée aux épidémies de
typhus : la virulence de ces dernières aurait exigé la crémation.
« Sonder » s'éloigne dès lors inexorablement du sens codé
d'extermination.
L'éviction de « témoignages gênants » repose, elle, sur deux prétextes : leur concordance suffit à en discréditer
l'authenticité mais leur contradiction, loin de les réhabiliter, devient gage de mensonge ! Pour compléter le texte de Wellers on
pourra lire Les assassins de la mémoire (pages 37-40) de Pierre Vidal-Naquet qui résume ainsi les principes de la méthode
révisionniste :
1) La langue de bois administrative est prise à sa valeur nominale, dans sa littéralité la plus immédiate, ou bien réinterprétée.
[Vidal-Naquet à propos de Faurisson et du mot Sonderaktion : « Sur le plan qui lui est cher, celui de l'exactitude philologique,
de la traduction correcte, l'interprétation de Faurisson est un contresens ; sur le plan de la morale intellectuelle et de la probité
scientifique, c'est un faux », page 73].
2) Tout témoignage direct est un mensonge ou une affabulation.
3) Tout document antérieur à la libération est un faux ou un document trafiqué dont on souligne le caractère « miraculeusement
retrouvé ».
4) Tout témoignage nazi postérieur à la libération et confirmant la réalité de l'extermination est considéré comme le résultat d'une
intimidation ou d'une connivence.
Ainsi les propos de Kremer après son arrestation, quoique confirmant et explicitant le passage
précité du journal (ou peut parce qu'ils le confirment), sont discrédités comme autant « d'aveux » extorqués sous la torture ou
obtenus par corruption.
5) Il s'agit de mobiliser tout un arsenal pseudo-technique pour montrer l'impossibilité d'un gazage massif (arguments chimiques
évoqués dans le dernier paragraphe du texte : un mode d'emploi de désinfectant domestique se voit cité tel quel, littéralemetn, au
mépris de son contexte d'utilisation).
Ce type d'argumentaire est facilité par l'impossibilité d'une vérification in situ ainsi que par
l'absence dans la plupart des dictionnaires du mot Cyclon ou Zyklon..
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