La vérité est-elle différente de la réalité ?
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INTRODUCTION
Toute l'histoire de la vérité témoigne de cette quête inlassable de la vérité dont l'issue balance entre les certitudes
dogmatiques et le doute sceptique.
Quelle définition nous faut-il donner de la vérité et surtout une telle définition
est-elle possible ? La vérité est-elle différente de la réalité ? Quels liens entretiennent vérité et réalité ? La vérité
est-elle une adéquation avec le réel ? La vérité fait-elle l'objet d'une réflexion, d'une démonstration qui vient à
différer de la réalité ?
PROPOSITION DE PLAN
I.
Les rapports entre vérité et réalité
1.
Le morceau de cire: L'apparence, trompeuse par excellence, ne peut être corrigée que par un usage
adéquat de l'entendement
Texte
Descartes Méditations métaphysiques (1641), méditation II, Garnier p.
423-424.
Commençons par la considération des choses les plus communes, et que nous croyons comprendre le plus
distinctement, à savoir les corps que nous touchons et que nous voyons.
Je n'entends pas parler des corps en
général, car ces notions générales sont d'ordinaire plus confuses, mais de quelqu'un en particulier.
Prenons pour
exemple ce morceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche : il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il
contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a été recueilli ; sa couleur, sa figure, sa
grandeur, sont apparentes ; il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son.
Enfin,
toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaître un corps se rencontrent en celui-ci.
Mais voici que, cependant que je parle, on l'approche du feu : ce qui y restait de sa saveur s'exhale, l'odeur
s'évanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine le
peut-on toucher, et quoiqu'on le frappe, il ne rendra plus aucun son.
La même cire demeure-t-elle après ce
changement ? Il faut avouer qu'elle demeure et personne ne le peut nier.
Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce
morceau de cire avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise
des sens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement ou l'ouie,
se trouvent changées, et cependant la même cire demeure.
Peut-être était-ce ce que je pense maintenant, à savoir que la cire n'était pas ni cette douceur de miel, ni cette
agréable odeur de fleurs, ni cette blancheur, ni cette figure, ni ce son, mais seulement un corps qui un peu
auparavant me paraissait sous ces formes, et qui maintenant se fait remarquer sous d'autres.
Mais qu'est-ce,
précisément parlant, que j'imagine, lorsque je la conçois en cette sorte ? Considérons-la attentivement, et éloignant
toutes les choses qui n'appartiennent point à la cire, voyons ce qui reste.
Certes il ne demeure rien que quelque
chose d'étendu, de flexible et de muable.
Or, qu'est-ce que cela : flexible et muable ? N'est-ce pas que j'imagine
que cette cire, étant ronde, est capable de devenir carrée, et de passer du carré en une figure triangulaire ? Non
certes, ce n'est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoir une infinité de semblables changements et je ne
saurais néanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, et par conséquent cette conception que j'ai de la
cire ne s'accomplit pas par la faculté d'imaginer.
Qu'est-ce maintenant que cette extension ? N'est-elle pas aussi inconnue, puisque dans la cire qui se fond elle
augmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entièrement fondue, et beaucoup plus encore quand la
chaleur augmente davantage ? Et je ne concevrais pas clairement et selon la vérité ce que c'est que la cire, si je ne
pensais qu'elle est capable de recevoir plus de variétés selon l'extension, que je n'en ai jamais imaginé.
Il faut donc
que je tombe d'accord, que je ne saurais pas même concevoir par l'imagination ce que c'est que cette cire, et qu'il
n'y a que mon entendement seul qui le conçoive ; je dis ce morceau de cire en particulier, car pour la cire en
général, il est encore plus évident.
Or quelle est cette cire qui ne peut être conçue que par l'entendement ou l'esprit ? Certes c'est la même que je
vois, que je touche, que j'imagine, et la même que je connaissais dès le commencement.
Mais ce qui est à
remarquer, sa perception, ou bien l'action par laquelle on l'aperçoit n'est point une vision, ni un attouchement, ni
une imagination, et ne l'a jamais été, quoiqu'il semblât ainsi auparavant, mais seulement une inspection de l'esprit,
laquelle peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant, ou bien claire et distincte, comme elle est à
présent, selon que mon attention se porte plus ou moins aux choses qui sont en elle et dont elle est composée.
2.
les choses réelles sont là dans mes sensations
Texte
Berkeley Trois dialogues entre Hylas et Philonous, Aubier-Montaigne, p.
141-143.
"Je suis d'un type banal d'humanité, assez simple pour croire les sens et pour laisser les choses comme je les
trouve.
a parler franc, mon opinion, c'est que les choses réelles sont les choses même que je vois, touche et
perçois par els sens.
Celles-là je les connais; et comme je trouve qu'elles répondent à toutes les nécessités et à
toutes les fins de l'existence, je n'ai aucune raison de l'inquiéter d'autres être inconnus.
Un morceau de pain
sensible, par exemple apaisera ma faim mieux que dix mille fois autant de ce pain réel, insensible inintelligible dont
vous parlez.
C'est aussi mon opinion que les couleurs les autres qualités sensibles sont sur les objets.
Je ne peux,.
»
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