La vérité est-elle contraignante ?
Extrait du document
«
Quel rapport peut-il y avoir entre la vérité et la libération ? En quoi la vérité peut-elle libérer et faut-il opposer
cette libération à une contrainte ? Pensez à ce que peut induire le fait d'être dans l'erreur, le fait de ne pas
savoir.
Vous pouvez ici vous reporter au texte de l'allégorie de la caverne que vous trouverez sous la rubrique "
Textes et citations ".
Platon y représente dans un premier temps des individus attachés au fond de la caverne
qui prennent pour le réel ce qui n'est qu'une copie, des individus qui ne connaissent pas la vérité.
Ces
personnages sont appelés " prisonniers " et c'est l'opinion, les croyances immédiates qui les tiennent
prisonniers, enfermés de force, contraints donc.
Demandez-vous pourquoi et prenez ce passage dans les
détails en notant précisément ce qui les lient.
A partir de là, demandez-vous quel sens il faut accorder au
terme de libération.
Se libérer, c'est avant tout dépasser une étape marquée par l'aliénation et l'absence de
liberté.
En accédant au vrai, nous sortons donc d'un état de tutelle.
Mais cette libération est loin d'être
évidente, agréable et sans aucune peine et Platon va montrer que les prisonniers sont aveuglés par la lumière
du jour lorsqu'ils quittent la pénombre.
Il faut donc être courageux pour être libre grâce à la vérité, et cela
peut être un obstacle à sa découverte.
Mais l'homme peut-il s'en dispenser ? Autrement dit, si la vérité est une
contrainte, si nous devons la chercher, cette contrainte est davantage une obligation de type moral.
[Devant une idée vraie, l'esprit n'a aucun pouvoir, il ne peut
qu'admettre.
La vérité ne se discute pas, elle s'impose.
Toute
la force de la vérité est précisément dans cette impuissance
de l'homme raisonnable à refuser le vrai.]
On est contraint de «se rendre à l'évidence»
L'expression commune «se rendre à l'évidence» montre bien que l'évidence est une force qui nous assaille et
nous domine.
Elle implique aussi que l'on y résiste et qu'enfin on se rend.
La toute-puissance de l'évidence est
dans l'impuissance de l'esprit à la nier.
Il semble que ce soit sans raisons que la raison se rende à l'évidence.
Si l'on parle de force de la vérité, c'est parce que l'esprit, malgré sa résistance, est obligé de l'admettre.
Le jugement vrai se reconnaît à ses caractères intrinsèques : il
se révèle vrai par lui-même, il se révèle vrai par lui-même, il se
manifeste par son évidence.
C'est le point de vue de Spinoza
(« Ethique », II, 43).
« La vérité est à elle son propre signe »
(« verum index sui »).
« Celui qui a une idée vraie sait en même
temps qu'il a cette idée et ne peut douter...
Quelle règle de
vérité trouvera-t-on plus claire et plus certaine qu'une idée
vraie ? De même que la lumière se montre soi-même et montre
avec soi les ténèbres, ainsi la vérité est à elle-même son
critérium et elle est aussi celui de l'erreur.
» Pour Descartes,
comme pour Spinoza, une idée claire & distincte qui apparaît
évidente est une idée vraie et il n'y a point à chercher au-delà.
« Les idées qui sont claires & distinctes ne peuvent jamais être
fausses » dit Spinoza.
Descartes écrit de son côté : « Et
remarquant que cette vérité : je pense donc je suis était si
ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes
suppositions étaient incapables de l'ébranler, je jugeais que je
pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la
philosophie....
Après cela je considérai en général ce qui est
requis à une proposition pour être vraie et certaine, car puisque
je venais d'en trouver une que je savais être telle, je pensais que je devais aussi savoir en quoi
consiste cette certitude.
Et ayant remarqué qu'il n'y a rien du tout en ceci : je pense donc je suis, qui
m'assure que je dis la vérité sinon que je vois très clairement que pour penser il faut être : je jugeais
que je pouvais prendre pour règle générale que les choses que nous concevons fort clairement et fort
distinctement sont toutes vraies.
»
C'est donc dans l'intuition de l'évidence des idées claires et distinctes que Descartes situe le critère
du vrai ; une perception claire de l'entendement étant « celle qui est présente et manifeste à un esprit
attentif » et « distincte, celle qui est tellement précise et différente de toutes les autres, qu'elle ne
comprend en soi que ce qui paraît manifestement à celui qui la considère comme il faut.
»
(« Principes », I, 45)..
»
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