La vérité est-elle ce qui désarme les conflits ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet
• Un très beau sujet, mais qui engendrera bien des malentendus ou des déceptions, si vous ne consacrez pas du temps à l'analyse des
termes de l'intitulé et si votre lecture n'est pas attentive.
Le sujet est d'ailleurs « pointu ».
Remarquez bien qu'on ne vous demande pas si
la vérité désarme les conflits, mais bien si elle est ce qui les désarme.
Cette subtilité sémantique a son importance.
Notez, d'autre part,
de manière immédiate, une espèce de « balancement antithétique » entre « la vérité», d'une part, et, d'autre part, le « conflit».
Tandis
que la première appartient au champ spéculatif, le second marque le champ de la vie et de l'existence concrète : l'ordre de Y action et de
la pratique.
Une fois de plus, c'est aux termes de l'intitulé qu'il convient de s'attacher avec précision, pour privilégier un angle d'attaque
intéressant et s'engager dans une problématique féconde.
• Définissez les termes avec le maximum de précision :
— La vérité: qualité du jugement ou de la parole efficaces et adaptés à ce qui est.
— désarmer: littéralement, enlever ses armes à, d'où supprimer, adoucir.
— conflit: opposition ou antagonisme violent, de nature diverse, politique, etc.
Le conflit ne désigne nullement un simple accident social.
Il
fait partie du tissu même de la vie.
• Le sens de l'intitulé du sujet est le suivant : le jugement ou la parole en accord avec le réel sont-ils ce qui supprime ou adoucit les
antagonismes violents ?
• La vérité, représentation, théorie ou bien dynamisme et action ? Si la vérité est action, ne désigne-t-elle pas une valeur susceptible
d'agir sur le réel ? En effet, si nous voulons la vérité, cela ne signifierait-t-il pas qu'elle
est exigence axiologique (pouvant conduire à désarmer les conflits) ? Le problème est donc de savoir si la vérité est ou non exigence
axiologique.
• L'enjeu est ici manifeste : si la vérité est ce qui désarme les conflits, alors elle peut se manifester comme acte et, dès lors, il s'agit de
travailler au vrai, avec toute son âme, pour pacifier la vie et la remodeler, en la conduisant vers une unité possible.
• Le plan proposé sera du type dialectique, par thèse, antithèse et synthèse.
Bibliographie
F.
NIETZSCHE, Par-delà le bien et le mal collections de poche diverses.
G.
SlMMEL, Le conflit, Circé.
Toute bibliographie, notons-le, est difficile à établir : le sujet est, comme la plupart des intitulés, un sujet de culture générale, tendant à
unifier des informations à travers une réflexion, bien davantage qu'une expression de connaissances diverses.
[Introduction]
Une grande partie des organismes internationaux s'occupent de la paix : ONU, Croix-Rouge, pour n'en citer que deux.
Chaque pays
possède un corps diplomatique censé enrayer le moindre début de conflit.
On le voit, la paix obsède les nations.
De même, depuis une cinquantaine d'années, à la suite de Freud, les psychologues, les psychanalystes essaient de comprendre les
ressorts de l'être humain et l'aident à surmonter ses conflits.
Il n'y a pas non plus d'instance politique, juridique, sans médiateur, c'est-à-dire quelqu'un qui calme et parfois même règle les conflits
sociaux.
Comment tous s'y prennent-ils ? Ont-ils connaissance d'une vérité qu'ils transmettent à leurs interlocuteurs et qui suffit à faire
baisser les armes, les tensions, les révoltes ?
[I - Le conflit semble inhérent à la nature humaine]
Pour Freud, l'homme est naturellement mû par des instincts agressifs:
"L'homme n'est point cet être débonnaire, au coeur assoiffé d'amour, dont on dit qu'il se défend
quand on l'attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives
une bonne somme d'agressivité.
Pour lui, par conséquent, le prochain n'est pas seulement un
auxiliaire et un objet sexuel possibles, mais aussi un objet de tentation.
L'homme est, en effet, tenté
de satisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain, d'exploiter son travail sans
dédommagements, de l'utiliser sexuellement sans son consentement, de s'approprier ses biens, de
l'humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer.
Homo homini lupus : qui aurait
le courage, en face de tous
les enseignements de la vie et de l'histoire, de s'inscrire en faux contre cet adage ?
Cette tendance à l'agression, que nous pouvons déceler en nous-mêmes et dont nous supposons à
bon droit l'existence chez autrui, constitue le principal facteur de perturbation dans nos rapports avec
notre prochain.
C'est elle qui impose à la civilisation tant d'efforts.
Par suite de cette hostilité primaire
qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de
ruine."
Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation (1929), P.U.F.
Ce que défend ce texte:
Ces lignes, extraites de Malaise dans la civilisation, tentent de répondre aux questions suivantes :
quelle est la source de la violence que l'homme, dans sa vie ordinaire comme dans son histoire, n'a cessé de manifester ? Cette violence
lui est-elle naturelle ou provient-elle de causes purement culturelles, clairement identifiables et contraires à sa nature ?
Ce questionnement doit être replacé dans son contexte.
Freud affirme avoir été frappé par le déchaînement de violence qui s'est produit,
au niveau mondial, pendant la guerre de 1914-1918, et c'est le choc que causa en lui l'ampleur de cette guerre qui l'amena à s'interroger
sur la source de l'agressivité humaine.
La thèse qu'il défend ici cherche à dénoncer un mythe, celui de l'homme naturellement bon, de ce
prétendu « être débonnaire, au coeur assoiffé d'amour », idée que répandit en particulier Rousseau au XVIII siècle.
Pour Freud, la violence est une donnée naturelle et «première», active et non réactive, une conduite qui puise sa source dans les instincts
de l'homme.
C'est pourquoi elle peut être rangée au rang de ses besoins, comme l'atteste l'expression « besoin d'agression ».
Quelles
preuves peut-on donner de cela ? Il suffit de constater ce que nous enseignent les crimes entre individus, comme ceux commis entre les
peuples.
Le « prochain », c'est-à-dire l'autre qui partage avec moi la vie en société, n'est pas seulement celui dont l'entraide et la coopération
permettent, grâce à la division du travail, l'émergence d'une société complexe et organisée suscitant l'éclosion de tous les fruits de la vie.
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